Manifestations en Bulgarie

« Ils se croient tout permis ».

9 juillet 2013, par Céline Tabou

Depuis le 14 juin, les Bulgares descendent dans la rue pour demander la démission du gouvernement socialiste qu’ils accusent de corruption. Le Chef de l’Etat bulgare, Rossen Plevneliev, envisage d’organiser de nouvelles élections anticipées.

Pour le politologue François Frison-Roche, spécialiste de la Bulgarie et chercheur au CNRS, «  il y a une continuation avec ces manifestations de l’hiver  ». Auparavant sociales et menées par des personnes « humiliés par une classe politique coupée de la population  », ces manifestations sont devenues politiques.

Des politiques coupées des masses

Le parti socialiste au pouvoir, anciennement parti communiste, est contesté par les manifestants qui dénoncent la «  déconnexion totale des leaders politiques bulgares avec la réalité des gens. Ils se croient tout permis  ». Le Premier ministre et économiste, Plamen Orecharski a refusé de démissionner, tentant d’apaiser les manifestants, il a mis en place des mesures d’urgence contre la pauvreté, la hausse des prix de l’électricité et le lancement d’une réforme du Code électoral permettant à de nouveaux petits partis d’être représentés au Parlement.

La refondation politique souhaitée en Bulgarie tarde à venir, cependant, « voir la société civile descendre dans la rue pour s’opposer à ce qui se passe. C’est très prometteur », a expliqué François Frison-Roche, cela pourrait entrainer la création de nouveaux partis. Mais la pression des oligarques pourrait freiner cet élan nouveau. Pour le chef de l’Etat bulgare, Rossen Plevneliev, les mesures semblent insuffisantes, car «  les gens continuent à protester ! Ils crient ’Mafia !’ (...) Comment le gouvernement et l’opposition lisent-ils ce message et quelles actions concrètes entendent-ils présenter comme réponse ?  », a-t-il demandé.

« La volonté du nouveau gouvernement de maintenir la continuité »

Les ambassadeurs d’Allemagne et de France à Sofia ont appelé, lundi 8 juillet, les dirigeants bulgares à mettre fin aux liens avec l’oligarchie. Dans une déclaration commune de diplomates étrangers, concernant la situation intérieure bulgare, l’ambassadeur français Philippe Autier et son homologue allemand Matthias Hoepfner ont fait part de leur inquiétude concernant le pays le plus pauvre de l’Union européenne (UE). Ces derniers ont indiqué : «  L’appartenance à l’Union européenne est un choix de civilisation. Le modèle oligarchique n’y a pas sa place, en Bulgarie pas plus qu’ailleurs  ».

La chef de la mission du Fonds Monétaire International, Michele Shannon a reconnu «  la volonté du nouveau gouvernement de maintenir la continuité dans la politique macroéconomique, de renforcer la protection des plus vulnérables dans la société et de s’attaquer à des rigidités structurelles clés  ». Cette volonté est aujourd’hui contestée par la rue, mais pour le FMI, « les troubles politiques n’avaient eu jusque-là qu’un impact limité sur l’Economie, mais restaient un facteur de risque, associés aux incertitudes dans la zone euro ».

Dans un tel cadre, l’organisation internationale préconise la poursuite des réformes structurelles et la mise en œuvre de mesures pour réduire le chômage, qui a atteint 10,8% de la population active à la fin du mois de juin 2013. Le gouvernement a prévu un déficit public de 3,8% du PIB, loin des 1,4% espéré par le FMI pour 2013.

Céline Tabou


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