Effet boomerang de la politique étrangère des États-Unis

Invasion du Capitole : « Révolution orange » et nouveau Maidan à Washington

8 janvier 2021, par Manuel Marchal

Si l’invasion du Capitole s’était déroulée dans un pays qui refuse de se faire dicter sa politique par l’Occident, nul doute que les « manifestants » auraient été présentés comme des défenseurs de la démocratie.

Une élection vient de se dérouler. Plusieurs mois avant, un candidat peu sûr de gagner, le président sortant, met en garde contre un risque de fraude électorale massive. Le soir du scrutin, ce candidat intervient pour revendiquer la victoire. Puis au fil des dépouillements montrant sa défaite, il continue sur sa lancée, affirmant que la victoire a été volée. Ensuite, ce candidat multiplie les recours sans succès. Enfin mercredi, plusieurs milliers de ses partisans ont manifesté avant d’investir le bâtiment officiel où se déroulait au même moment la séance de validation des résultats. Puis le candidat devenu chef de guerre a rappelé ses troupes à la maison.

Comme les « pro-démocratie » au Venezuela ou en Ukraine

Le scénario est donc le suivant : une campagne de décrédibilisation du scrutin, puis l’autoproclamation de la victoire, le cri à la fraude quand les résultats ne correspondent pas aux attentes, enfin la manifestation qui dégénère en plein cœur de la capitale. Ce n’est sans rappeler ce qu’il s’est déjà passé dans d’autres pays. Il y eut notamment la « révolution orange » en Ukraine, les manifestations des nantis au Brésil qui chassèrent du pouvoir le Parti des travailleurs pour qu’ensuite l’extrême droite revienne au pouvoir, le coup d’État en Bolivie pour chasser un président largement réélu dès le premier tour et installer un régime pro-USA demandé par des manifestants pour la « démocratie », la tentative d’installer un président aux ordres de Washington au Venezuela...
Toutes ces manœuvres ourdies par les gouvernements successifs des États-Unis semblent s’être retournées contre leurs promoteurs.

L’arme se retourne contre son créateur

Si l’invasion du Capitole s’était déroulée dans un pays qui refuse de se faire dicter sa politique par l’Occident, nul doute que les « manifestants » auraient été présentés comme des défenseurs de la démocratie. Les dirigeants occidentaux auraient alors qualifié le vainqueur légitime de l’élection comme le chef d’un régime dictatorial. Mais cette fois, c’est à Washington, capitale des États-Unis, qu’une telle opération a eu lieu.
Ceci n’est pas sans rappeler les attaques du 11 septembre 2011. Elles avaient été perpétrées par une organisation utilisée par les États-Unis pour combattre l’Union soviétique en Afghanistan, puis qui a échappé à son contrôle pour se retourner contre le gouvernement US.
Cette fois, c’est une « révolution orange » qui s’est déroulée à Washington sur fond de contestation des résultats d’une élection. Là aussi, une arme a échappé au contrôle de son créateur.

M.M.

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