Cisjordanie : deuxième jour d’une vaste opération israélienne à Jénine

Israël continue son offensive sur Jénine

5 juillet 2023

Depuis le 3 juillet, Jénine fait face à de violents bombardements aériens et d’incursions terrestres par l’armée israélienne, impliquant des forces spéciales d’élite et des véhicules blindés entre autres. Selon le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, cette offensive « porte un coup dur aux terroristes à Jénine »

L’opération militaire terrestre massive menée par Israël dans un camp de réfugiés palestiniens densément peuplé au nord de la Cisjordanie donne une forte impression de déjà-vu, selon les observateurs du conflit. En effet, ils rappellent les raids et les affrontements de 2002 ayant transformé la bataille de Jénine en un symbole de la résistance palestinienne.

21 ans plus tard, la situation dans les territoires palestiniens occupés reste inchangée. L’espoir d’une résolution pacifique du conflit au Moyen-Orient qui existait en 2002 s’est évanoui avec la suprématie politique de l’extrême droite israélienne.

Depuis le 3 juillet matin, Jénine est le théâtre de violents bombardements aériens et d’incursions terrestres par l’armée israélienne, impliquant des forces spéciales d’élite, des véhicules blindés de transport de troupes, des bulldozers, des hélicoptères et des drones.

L’assaut a commencé par une attaque de drone contre un appartement en plein cœur du camp de réfugiés. Les attaques ne sont pas aussi ciblées que le fait croire l’armée israélienne.

cette dernière a déclaré que cet appartement est un « centre de commandement opérationnel conjoint » pour les Brigades de Jénine, une unité composée de groupes militants dont les membres appartiennent principalement au Hamas et au Djihad islamique. Or plus de 10 000 Palestiniens résident à moins d’un demi-kilomètre de cette cible apparente. Les attaques mettent les populations en danger.

Constituée en grande partie de camps installés dans les années 1950, la ville de Jénine abrite plus de 22 000 Palestiniens expulsés de leurs foyers d’origine en 1948 lors de la Nakba, qui représente le nettoyage ethnique de la Palestine par les milices sionistes pour mettre en place l’État d’Israël.

Pour les Palestiniens, Jénine incarne la résistance armée contre l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza. Pour les Israéliens, la ville est un foyer de militantisme venant de divers groupes idéologiques, allant du Hamas et du Djihad islamique au Fatah.

Mansour al-Saadi, le vice-gouverneur de Jénine, déclare au site d’information, Arab News, que l’armée israélienne avait isolé le camp de réfugiés de la ville en utilisant des monticules de terre que ses bulldozers ont entassés à toutes les entrées.

La population est ainsi encerclée et enfermée dans un blocus inhumain, car « si l’opération militaire se poursuit pendant une période plus longue, la situation dans le camp de Jénine se transformera en une catastrophe humanitaire », a précisé Mansour al-Saadi.

Inquiète face à l’assaut israélien, Lynn Hastings, coordinatrice humanitaire de l’Organisation des nations unies (ONU), a écrit sur Twitter : « Des attaques aériennes ont été lancées en direction du camp de réfugiés densément peuplé, entraînant de nombreux décès et blessures graves. L’accès à tous les blessés devrait être garanti. »

Un porte-parole du président palestinien, Mahmoud Abbas, a condamné l’offensive israélienne qu’il considère comme « un nouveau crime de guerre contre notre peuple sans défense ». Il ajoute : « Notre peuple palestinien ne courbera pas l’échine, ne se rendra pas et restera inébranlable face à cette agression brutale. »

De son côté, Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a également écrit sur Twitter le 3 juillet : « Le bombardement de villes et de camps par des avions et la destruction de maisons et de routes est une punition collective et une vengeance qui ne fera que conduire à une nouvelle dégradation de la situation. »

Pour le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l’armée israélienne, les frappes aériennes visaient à « minimiser les frictions » pour les soldats déployés sur le terrain. Il ajoute que l’opération vise à mettre fin à « la mentalité de refuge sûr » dans les camps de réfugiés. Selon lui, ces camps abritent 19 personnes soupçonnées d’avoir mené des attaques contre des Israéliens.

Au cours de la journée du 3 juillet, de nouvelles frappes aériennes israéliennes ont été lancées et des milliers de soldats ont été déployés à Jénine pour tenter de saisir des armes et arrêter tous les palestiniens se présentant devant eux.

Selon des responsables du ministère palestinien de la Santé, 8 Palestiniens sont morts et 50 ont été blessés jusqu’à présent.

L’armée israélienne n’a pas indiqué quand son opération prendra fin, certains observateurs attestent qu’elle prendra fin lorsque l’armée israélienne aura éradiquer toute la ville. D’autant plus que la radio de l’armée israélienne a déclaré que l’offensive, qui implique 1 000 soldats et des dizaines de drones, pourrait durer plusieurs jours.

Alors que les échanges de tirs font rage entre les troupes israéliennes et les combattants palestiniens, les Brigades de Jénine a déclaré dans un communiqué : « Nous combattrons les forces d’occupation jusqu’au dernier souffle. Nous travaillons ensemble. Toutes les factions et formations militaires sont unies. »


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