Guerre Israél - Hamas : le gouvernement israélien persona non grata

Israél fait face à d’importantes répercussions diplomatiques

29 novembre 2023

Depuis le 9 octobre et la riposte d’Israël contre le Hamas sur Israël, certains pays ont mis fin à leurs relations diplomatiques avec Israël, quand d’autres choisissent de rappeler leurs ambassadeurs.

Les retombées diplomatiques pour Israël ont commencé en Amérique latine. Le 31 octobre, la Bolivie, gouvernée par le président de gauche Luis Arce, est devenu le premier pays latino-américain à rompre ses liens diplomatiques avec l’Etat hébreu. "La décision de la Bolivie de rompre les liens diplomatiques avec Israël est une capitulation face au terrorisme et au régime des ayatollahs en Iran", a de son côté réagi le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le 14 novembre, le Bélize, petit État d’Amérique centrale, a annoncé suspendre ses relations diplomatiques avec Israël, en signe de protestations contre la mort de "civils innocents" à Gaza. Dans un communiqué, le gouvernement a déclaré avoir "retiré" l’accréditation de l’ambassadrice israélienne à Belmopan et avoir suspendu "toutes les activités" de son représentant en Israël, avec "effet immédiat".

D’autres pays du continent – la Colombie, le Chili et le Honduras – ont rappelé leurs ambassadeurs basés à Tel Aviv. Le gouvernement de Santiago dénonce dans un communiqué "les violations inacceptables du droit international humanitaire commises par Israël dans la bande de Gaza", ajoutant que "le Chili réitère son appel à la fin immédiate des hostilités, ce qui permettra le déploiement d’une opération de soutien humanitaire pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays et aux victimes civiles".

Le président colombien, Gustavo Petro, proteste quant à lui contre "le massacre du peuple palestinien" et les "actions violentes que l’État israélien a provoquées incluant le bombardement sur un camp de réfugiés", précise le quotidien national El Tiempo.

Israël a également été confronté à des réactions négatives similaires dans son propre voisinage géographique. En Iran, le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en déplacement à Ankara (Turquie), a même appelé le 1er novembre à "rompre" tous liens avec Israël et au "boycott" de ses produits.

Israël, de son côté, avait annoncé le 28 octobre le rapatriement de ses diplomates en Turquie après l’accusation du président turc Recep Tayyip Erdogan, assurant que l’Occident est "le principal coupable des massacres à Gaza" et Israël de commettre "des crimes de guerre".

Le 2 novembre, le Bahreïn a annoncé la suspension des liens économiques avec Israël et le rappel des ambassadeurs en raison de la guerre entre Israël et le Hamas. Il s’agit de la première mesure du genre prise par l’un des alliés arabes d’Israël dans le Golfe.

Premier pays arabe à rappeler son ambassadeur en Israël, la Jordanie avait déclaré le 1er novembre dans un communiqué, rejeter et condamner "la guerre israélienne continue à Gaza qui tue des innocents, provoque une catastrophe humanitaire sans précédent". Le royaume, qui a signé un accord de paix avec Israël en 1994, avait également mis en garde contre une "expansion" de cette guerre, qui "menacerait la sécurité de l’ensemble de la région ainsi que la sécurité et la paix mondiales".

Tous les pays ont cité la catastrophe humanitaire à Gaza comme principale raison, condamnant l’attaque israélienne et son mépris total pour les vies civiles. Le président turc Erdogan a dénoncé "le massacre immoral, sans scrupule et méprisable", avait également rappelé son ambassadeur en Israël pour consultations le 4 novembre. Le même jour, il avait annoncé rompre tout contact avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Netanyahu n’est plus quelqu’un avec qui nous pouvons parler. Nous avons fait une croix sur lui", avait-il alors déclaré.

En Afrique, le Tchad et l’Afrique du Sud ont décidé de rappeler leurs diplomates en poste en Israël dans un contexte de bombardements dans la bande de Gaza. Le Tchad est le premier pays africain à rappeler son principal représentant diplomatique en Israël, le 4 novembre. Les autorités tchadiennes ont annoncé qu’elles rappelaient leur chargé d’affaires en poste à Tel-Aviv, en signe de protestation contre la situation dans la bande de Gaza.

Les législateurs sud-africains ont voté le 21 novembre en faveur d’une motion appelant à la fermeture de l’ambassade d’Israël et à la rupture des liens diplomatiques jusqu’à ce qu’Israël accepte un cessez-le-feu à Gaza. "Nous serons aux côtés de tous ceux qui défendent la paix et qui veulent une Palestine libre. La Palestine maintenant. Une Palestine libre... L’ambassade d’Israël devrait rester fermée jusqu’à ce qu’ils comprennent tous leurs actes malveillants." a martelé Pemmy Majodina, députée du parti majoritaire à l’assemblée. L’Afrique du Sud a annoncé qu’elle avait saisi la Cour pénale internationale pour enquêter sur ce qu’elle appelle le "génocide" commis par Israël à Gaza.

Aux Maldives, un député des Maldives a soumis un projet de loi interdisant aux touristes israéliens de venir séjourner dans cette destination célèbre pour ses atolls. Selon les médias locaux, Mohamed Nasheed Abdulla a soumis cette proposition de législation qui appelle les Maldives à s’aligner sur les politiques mises en place par l’Organisation de coopération islamique. La date d’un vote parlementaire sur ce projet de loi reste indéterminée.

En Europe, l’Espagne a dénoncé la politiques israélienne. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez en visite au Proche-Orient cherche à faire entendre sa voix. Historiquement proche du monde arabe, l’Espagne s’efforce ainsi de promouvoir, au sein de l’Union européenne, une ligne plus favorable aux aspirations palestiniennes. Le Premier ministre a critiqué la riposte d’Israël aux attaques du Hamas le 7 octobre, qualifiant la situation dans la bande de Gaza de "catastrophe humanitaire", et appelant l’État hébreu à "protéger la vie des civils à Gaza".

Pedro Sánchez a également déclaré que "Madrid est ouverte à la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien, même si cela va à l’encontre de la volonté de l’Union européenne". Il a alors été accusé par son homologue israélien, Benjamin Netanyahou de soutenir le terrorisme. de son côté, le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a soutenu qu’"un cessez-le-feu temporaire à Gaza est souhaitable, mais qu’un cessez-le-feu permanent est l’objectif ultime". Il a aussi estimé qu’Israël ne respecte pas le droit international, l’accusant de "tuer à l’aveugle des milliers d’enfants" à Gaza. Ces déclarations ont suscité la colère du gouvernement israélien, qui l’a accusé de "soutenir le terrorisme".

Ce contexte accentue l’isolement diplomatique d’Israël, qui est membre de l’ONU mais n’entretient pas de relations bilatérales avec l’ensemble de ses 193 membres, parmi lesquels : Afghanistan, Algérie, Bangladesh, Brunei, Comores, Cuba, Djibouti, Indonésie, Iran, Irak, Koweït, Liban, Libye, Malaisie, Maldives, Mali, Mauritanie, Niger, Somalie, Corée du Nord, Oman, Pakistan, Qatar, Arabie Saoudite, Syrie, Tunisie, Yémen.

De plus, un certain nombre de nations indépendantes reconnues par l’ONU refusent également catégoriquement de reconnaître la souveraineté d’Israël – Iran, Irak, Koweït, Liban, Arabie Saoudite, Syrie, Yémen, Algérie, Libye, Somalie, Corée du Nord, Afghanistan, Bangladesh et Pakistan.


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  • Israël doit respecter le droit international dans sa guerre contre le Hamas . Ce n’est pas parce que l’ennemi qu’il combat est une organisation terroriste qu’il peut lui aussi se comporter en terroriste dans des proportion bien plus grande . La réaction de rejet à son égard de la communauté internationale est donc justifiée quelque soit son origine et légitime .
    Cependant il faut bien reconnaitre que Israël n’est pas le seul Etat qui devrait être condamné pour des actes de terrorisme d’Etat par la communauté internationale . Il y a d’autres pays qui utilisent les mêmes méthodes pour éliminer leurs ennemis que ce soit en Afrique , en Asie et même en Europe notamment dans la guerre qui oppose l’a Russie à L’Ukraine .
    Ceux qui vilipendent Israël aujourd’hui et le mettent au ban de la communauté internationale , doivent faire la même chose pour tous ces pays qui détruisent des villes entières s’attaquent aux équipements indispensables , centrale électriques , ponts, écoles, hôpitaux ,édifices religieux , détruisent les approvisionnement en eau et nourriture de la population , déportent des enfants, torturent des prisonniers et les éliminent dans des conditions inhumaines ....
    Si la guerre est peut être une solution pour protéger un pays des attaques de ses ennemis , aucun pays n’a le droit de transformer ses soldats en bourreaux et légitimer des actions criminelles envers les populations civiles ou les prisonniers .


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