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16 décembre 2020, par
Une importante crise secoue actuellement Kanaky (Nouvelle-Calédonie), et ce depuis plusieurs mois. Il faut avant d’en tirer des conclusions analyser et comprendre le contexte sur place.
Kanaky, collectivité sui generis dans la République, composée de 3 provinces, étant elles-mêmes des collectivités (Nord, Sud, Iles Loyauté) est très connue pour plusieurs raisons :
- la volonté d’indépendance de la part d’une grande partie de la population, notamment des Kanaks, peuple autochtone, appuyés par le FLNKS, l’USTKE et le MNSK
- Les « Évènements », tragiques, sous-entendu une guerre qui a touché le pays de 1984 à 1988.
- Le nickel et la crise actuelle qui en découle à l’usine du Sud.
Si ces 3 éléments sont évidemment liés et qu’ils méritent tous que l’on s’y attarde, nous parlerons dans cet article de la situation liée à la crise de l’Usine, située à Prony, dans le Grand Sud de la Province Sud.
Cela est évident mais il est ici question du nickel et de sa transformation. Or, Kanaky dispose aujourd’hui de 11% des réserves mondiales, ce qui en fait un des plus grands exportateurs mondiaux de ce métal, qui est extrêmement utilisé au quotidien. Cette ressource représente par ailleurs la majorité des exportations du pays. Il s’agit ainsi d’un des principaux secteur d’emploi à Kanaky, avec près de 20% des travailleuses et travailleurs concernés directement ou indirectement par cette industrie.
Il existe de nombreuses usines, fonctionnant sur des modèles différents. Nous nous attarderons ici sur l’Usine du Nord, Usine Pays et l’Usine du Sud. La première, dont le statut est issu de nombreux combats menés par les Kanaks, et en particulier le FLNKS, a permis dans les années 90 d’avoir une mine appartenant en totalité à la Province Nord. En mettant fin à la possession de cette usine par Eramet, multinationale française, puis en forçant la cession de l’entreprise la gérant (SMSP) à la Province Nord, les Kanaks ont ainsi remporté une bataille contre la colonisation en relocalisant les capitaux entre leurs mains et en se réappropriant leurs terres et leurs outils de production, assurant même des revenus pour l’ensemble de la Province par cette manœuvre. L’Usine du Sud, quant à elle est gérée par la multinationale brésilienne VALE. Après de nombreux incidents ayant eu lieu dans l’usine lors de la dernière décennie, VALE décida de changer de stratégie industrielle. Puis en 2019, la multinationale décida unilatéralement de quitter Kanaky, départ qui sera effectif au 31/12/20.
C’est là que nous pouvons situer le début de la crise que nous connaissons actuellement. En effet, au vu des conséquences qu’entrainerait cette fermeture d’usine, est lancée l’Instance coutumière autochtone de négociation sur l’avenir de l’usine du sud (ICAN). De plus, Le 12 août 2020 est créé le collectif « Usine du Sud = Usine du Pays ».
Ce collectif est composé du Sénat Coutumier (la coutume est une juridiction parallèle à celle dite de droit commun), des 8 conseils coutumiers, de l’ICAN, des partis politiques (FLNKS, MNSK, etc.), de l’USTKE ainsi que d’autres organisations et associations.
Le collectif « Usine du Sud = Usine du Pays » s’oppose à une simple reprise, comme celle proposée par la multinationale australienne NCR. L’objectif qui doit être porté par la reprise de cette usine est, comme cela a pu se faire au Nord d’un retour des terres, des outils de production et des capitaux vers le pays, pour permettre son développement et l’émancipation du pays de façon générale.
Cela doit se faire de deux manières :
- D’une part, l’offre de reprise devra donner majoritairement l’actionnariat aux 3 provinces et non au privé, et ce dans le respect de l’environnement.
- D’autre part, cette reprise doit servir à une meilleure répartition des richesses, avec plus d’emplois locaux, des aides pour les communes, etc.
Pour toutes ces raisons, le collectif « Usine du Sud = Usine du Pays », ses organisations la composant ainsi qu’une large partie de la société civile s’est mobilisée ces dernières semaines pour une reprise de la Sofinor (société de financement de la Province Nord) et un partenaire sud-coréen, qui garantissaient plus de 60% de l’actionnariat au pays.
Mais ils se sont malheureusement retirés la semaine dernière, ce qui a encore accentué les tensions alors, que, dans le même temps la France en tant qu’Etat colonisateur tente de placer un pion pour la reprise.
Avec cet aperçu des batailles menées pour le nickel, on voit l’importance pour un peuple de se réapproprier les terres, les outils de productions et les capitaux qui en découlent. Les Kanaks mènent un combat, dur et qui sera sans doute encore long pour leur droit à disposer de l’ensemble des moyens de leur pays. Assurons-leur de tout notre soutien dans cette courageuse démarche.
Ci-joint en PDF le cahier revendicatif du collectif « Usine du Sud = Usine du Pays » :
https://action-biosphere.org/sites/default/files/inline-files/Cahier%20de%20revendications.pdf
Mathieu Raffini
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Messages
16 décembre 2020, 21:30
Cet article est un bon résumé de la situation. Pour comprendre, connaitre le présent, on est obligé d’écrire sur le passé. L’Histoire de la NC-Kanaky a été tumultueuse, il faut le préciser. Les mélanésiens, appelés sur place "Kanaks", sont sur ce territoire depuis 3000 ans, il y ont développer une culture dont ils sont fiers, jusqu’à aujourd’hui. La France a planté le drapeau tricolore en 1853, soit 5 ans après l’abolition de l’esclavage à la Réunion, pour se situer dans le temps, c’est important.
C’est un anglais qui aurait pu le faire, plus tôt encore, qui lui donna son nom "mderne", New Caledonia, soit la Nouvelle Ecosse, c’était James Cook, écossais d’origine, navigateur explorateur de la couronne anglaise. Il cartographia l’île mais ne posa pas les pieds dessus, préférant poursuivre dans le Pacifique Sud.
Quelques temps plus tard, l’époque était ainsi, celle des colonisations, il fut décidé de se servir de l’administration judiciaire pour y envoyer des repris de justice, des bagnards, provenant de France, des communards, comme la célèbre institutrice Louise Michel, la vierge rouge on l’a surnomma. 7 ans d’exil où elle ne changera pas d’idée révolutionnaire et où elle participa à l’éducation des kanaks, le peuple local originel. Confiscation des terres ancestrales les plus riches pour les colons. Pour accroitre le phénomène, on proposa aux prisonniers, en fin de peine de s’installer là bas, sur ces terres. Ils devinrent agriculteurs, éleveurs, puis fonctionnaires, marchands, employés, c’est ce que l’on appelle les caldoches, qui pour la grande majorité se sentent plus calédoniens que français, c’est ci loin la France, 20 000 km pour eux, et qui paradoxalement redusent l’indépendance alors que c’est le France qui a expulsé leurs ancètres.
Quel que soit le résultat de cette crise puis du 3° et dernier référendum prévu dans les accords de Nouméa de 1998, qu’on peut trouver sur le net, il ne faut pas que les armes parlent de nouveau comme durant les "évènements" des années 80.
Que ce soit les uns ou les autres, il faudra qu’ils se respectent, condamnés à vivre ensemble sur le même caillou, autre nom de ce TOM. Ainsi, on utilise souvent l’expression ’destin commun". Sinon, c’est la guerre. Michel Rocard, de passage là bas en 2008 avait rappelé cela.
Pour finir, il ne faut pas oublier que parmi la population, on croise des malgaches, des réunionnais, des antillais, des guyannais, des Wallisiens, Futuniens, Polynésiens, Javanais, indonésiens, et c’est le métissage qui pourra aussi changer les choses, baisser la tension entre les uns et les autres. Bonne fin de semaine zot tout, Arthur.