Décolonisation : 3 Premiers ministres, un ministre des Affaires étrangères et le secrétaire général du FIP accueillis par le président du Gouvernement et le représentant de la France

Kanaky Nouvelle-Calédonie : la mission du Forum des îles du Pacifique est arrivée

29 octobre 2024, par Manuel Marchal

Dans le conflit opposant les anti-indépendantistes bénéficiant de la mansuétude de Paris aux autres Calédoniens favorables au retour à l’indépendance de leur pays, le Forum des îles du Pacifique avait proposé sa médiation. Une mission composée des Premiers ministres des Îles Cook, des Tonga et des Fidji, du ministre des Affaires étrangères des Salomon et par le secrétaire général de l’organisation est arrivée le 27 octobre à Nouméa.

Initialement prévue pour le mois d’août, la mission d’information organisée par le Forum des îles du Pacifique a finalement été reportée à octobre et a débuté officiellement hier. Elle se déroulera jusqu’à mardi, permettant aux dirigeants des nations insulaires du Pacifique de tenir une série de discussions sur divers sujets clés. Le premier ministre des îles Cook, Mark Brown, a été le premier à arriver à l’aéroport de Tontouta samedi, suivi hier par une délégation comprenant Siaosi Sovaleni, premier ministre des Tonga, Sitiveni Rabuka, premier ministre de Fidji, Peter-Shanel Agovaka, ministre des Affaires étrangères des Îles Salomon, ainsi que Baron Waqa, secrétaire général du Forum des îles du Pacifique. Ces personnalités ont été accueillies avec les honneurs militaires, en présence de Louis Le Franc, Haut-commissaire de la République, Louis Mapou, président du gouvernement calédonien, et Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de France pour le Pacifique.
Comme l’a expliqué récemment Charles Wea, conseiller aux relations extérieures du président de la Nouvelle-Calédonie, cette mission a pour but de définir comment le Forum des îles du Pacifique pourrait proposer des pistes d’accompagnement pour la Nouvelle-Calédonie dans cette période de transition.
Cela fait en effet 5 mois qu’a eu lieu la tentative par Paris de remettre en cause l’Accord de Nouméa. Cet accord avait pour base un corps électoral calédonien préfigurant une nationalité calédonienne. Paris a voulu changer les règles en permettant à des immigrés de pouvoir l’intégrer sur la base de 10 ans de résidence.
Ceci peut avoir pour conséquence de rendre les Kanaks minoritaires dans ce corps électoral spécifique notamment aux référendums sur le retour à l’indépendance.
Cette décision a amplifié un mouvement de protestation contre ce projet qui durait déjà depuis plusieurs mois. Depuis mai dernier, la Kanaky Nouvelle-Calédonie connaît des affrontements. Des milices anti-indépendantistes commettent des violences, encouragées par un sentiment d’impunité.
L’initiative du Forum des îles du Pacifique fait suite à l’internationalisation de la lutte par les partisans du retour à l’indépendance. Cette démarche s’appuyait sur un constat largement partagé. L’État a choisi de ne pas être neutre dans un processus de décolonisation, il a manifestement pris le parti des anti-indépendantistes. Les législatives anticipées ont permis de stopper la remise en cause de l’Accord de Nouméa car le texte changeant les règles d’inscription dans le corps électoral calédonien ne sera pas soumis au vote du Congrès. Ce vote est nécessaire car l’Accord de Nouméa figure dans la Constitution française. Néanmoins, la confiance n’est pas restaurée. D’où la nécessité d’une médiation internationale pour renouer le dialogue entre les partisans du retour à l’indépendance et leurs opposants afin de préparer au mieux la période de transition vers le retour de la souveraineté pleine et entière de la Kanaky Nouvelle-Calédonie.

M.M.


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