Athlétisme

Kim Collins devient le maître du 100 mètres

Un athlète issu d’un pays de 45.000 habitants remporte la course la plus prestigieuse des championnats du mondee

27 août 2003

Kim Collins, le sprinter de Saint-Kitts et Nevis, petit pays de la Caraïbe, est devenu champion du monde du 100 mètres lundi soir au Stade de France. En 10’07, il devance d’un centième le jeune Darrel Brown et Darren Campbell dans la course la plus prestigieuse des championnats. Faillite totale des Américains, très loin de leurs performances habituelles, alors qu’un seul Britannique est sur la dernière marche du podium.

Des flashes, le silence... comme toujours, la finale du 100 mètres aura été précédée de ce qu’il fallait de solennité et de tension. Contrairement aux mauvaises habitudes des séries et d’une des deux demi-finales, aucun faux départ n’est venu rajouter son grain de sel à une situation déjà tendue comme un arc.
10’’07 plus tard, le silence. Encore. le suspense... Quelques cris, l’attente. Pas un bras ne s’est levé dans le ciel sitôt la ligne d’arrivée franchie. Pas un sprinter pour entamer un tour d’honneur. Mais Kim Collins, qui s’est déjà enfermé dans sa bulle, qui a fait demi-tour et regarde à peine l’écran géant de peur d’être déçu, de ne pas y voir son nom s’afficher en premier, sait déjà.
Il sait qu’un rien, un centième de seconde, lui a permis de devancer le jeune Darren Brown, du culot comme il faut pour s’offrir une médaille d’argent, et le Britannique Darren Campbell.
Un champion du monde de 23 ans, représentant des îles de Saint-Kitts et Nevis et un vice-champion du monde de 18 ans, issu de la même terre qu’Ato Boldon, Trinité et Tobago. Une surprise totale, car pendant ce temps les favoris sont rejeté assez loin, les représentants des États-Unis se situant à près de quart de seconde de leurs meilleures performances.

Surprise totale

L’Américain Tim Montgomery, recordman du monde sur la distance, fait 5ème en 10’11 et son compatriote Bernard Williams signe 10’’13. Il faut leur reconnaître qu’en l’absence de Jon Drummond, disqualifié la veille et qui suivait la finale depuis un plateau de télévision et Maurice Greene, tenant du titre, qui avait achevé sa demi-finale dans un piètre 10’’35, il restait moins de monde qu’espéré pour défendre la bannière étoilée.
Pour se donner une idée du retentissement de la performance de l’athlète caribéen, il faut savoir que le 100 mètres est la course la plus prestigieuse du championnat du monde d’athlétisme, elle est censée couronner celle et celui qui sont les coureurs les plus rapides de la planète. Depuis de nombreuses années, les États-Unis dominent sur cette distance, quelquefois devancés par la Grande-Bretagne ou le Canada. Or, cette fois-ci, celui qui a terrassé les représentants de ces grands pays vient de Saint-Kitts et Nevis, une île dont personne n’a jamais entendu parler.
Saint-Kitts et Nevis est une fédération rassemblant les deux îles d’un minuscule archipel de la Caraïbe. Il n’est peuplé que par 45.000 habitants, soit beaucoup moins que les Seychelles, ou pour se donner un autre élément de comparaison, par 15 fois moins d’habitants que La Réunion. Les activités principales de Saint-Kitts et Nevis sont le tourisme, l’outillage, les produits alimentaires, le matériel électronique, les boissons et le tabac. L’espérance de vie est de 68 ans. D’autre part, le vice-champion du monde est issu de Trinité et Tobago, un autre archipel de la Caraïbe.
Le chrono réalisé par le champion du monde ne fait pas penser aux records surhumains des sprinters américains, d’autant plus que le nouveau champion n’a pas l’allure d’un culturiste. La présence sur la deuxième marche d’un jeune gaillard qui a écumé sur sa route tous les records chez les jeunes... Tout cela laisse penser qu’on n’a peut-être pas assisté au plus rapide des 100 mètres, mais peut-être à un des plus propres de l’histoire des Mondiaux d’athlétisme. Car dans la presse d’hier, certains observateurs relevaient le fait que le sérieux des contrôles anti-dopage en France réduit considérablement les risques de tricherie.

Réaliser ses rêves avec le sport
Retour sur les performances éthiopiennes
L’absence de structures d’encadrement adéquates en Afrique contraste avec l’engouement des jeunes pour le sport, a estimé lundi, au cours d’un entretien avec la PANA, Yilma Berta, ancien directeur technique national éthiopien d’athlétisme, reconverti aujourd’hui dans la défense des intérêts de certains athlètes.
Selon le spécialiste éthiopien, les Championnats du monde d’athlétisme, qui se déroulent actuellement à Paris, montrent une fois de plus les progrès accomplis par le continent. « Ces Championnats du monde sont très excitants. Les athlètes africains montrent de bonnes choses. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, je crois que de bonnes choses sont encore à venir. Les athlètes éthiopiens en tout cas, n’ont pas encore achevé leur mission », s’est-il réjouit. Appelé à commenter la suprématie des athlètes éthiopiens sur les courses de fond, Yilma Berta a estimé « qu’aujourd’hui, les médailles éthiopiennes dans les courses de fond ne sont plus des surprises. Elles sont le succès d’une tradition de coureurs de fond, ainsi que d’une très bonne détection, d’une formation et une discipline rigoureuse ».
Sur le niveau des athlètes africains depuis le début de la compétition dans les autres disciplines, Yilma s’est voulu plus critique. « Au troisième jour de ces 9èmes Championnats, on constate qu’ils sont très relevés et que les pays africains montrent de réels progrès, même si, sur les courses de vitesse et de moyenne distance, comme les 800 mètres, l’absence de structures d’encadrement adéquates pose de gros problèmes. Nos athlètes qui arrivent dans ce genre de compétitions observent la différence qu’il y a entre quelqu’un qui travaille dans des conditions optimales, et celui qui évolue en amateur », a-t-il dit.
« Dans le cas de la domination éthiopienne dans les courses de fond par exemple, il est clair qu’elle bénéficie plus des dispositions naturelles, de la tradition de grands coureurs que nous avons évoquée, que d’une réelle politique sportive. Si l’Afrique veut faire du sport non seulement un outil de santé du corps, de l’esprit, d’éducation, mais aussi un outil économique, de véritables politiques du sport de haut niveau doivent être mises en oeuvre dans tous nos pays », a-t-il indiqué. « C’est déplorable de voir le contraste qu’il y a entre l’engouement des jeunes pour l’athlétisme en particulier, et le sport en général et le manque criard d’infrastructures ; un manque qui ne leur permet pas de réaliser leurs rêves ».
Première médaille d’or pour l’Afrique du Sud
L’Afrique du Sud a gagné lundi sa première médaille d’or grâce à un saut en hauteur de 2 mètres 35 de Jacques Freitag au cours des 9èmes Championnats du monde d’athlétisme qui se déroulent depuis samedi à Paris. Le Sud-Africain a battu le grand favori, le Suédois Stefan Holm. Considéré comme l’un des prétendants à la plus haute marche du podium, Jacques Freitag, deuxième au classement mondial en plein air avec déjà 2 mètres 35, a très peu affronté les autres athlètes en tête du classement mondial. Il a remporté deux compétitions à Rome (2 mètres 35, meilleur résultat de la saison) et Eberstad, en Allemagne, (2 mètres 30). Il a également gagné les championnats du monde junior en 2000 et les championnats du monde cadets en 1999, mais n’a pas de résultats notables au niveau senior. En 2001, il ne s’est pas qualifié pour la finale des championnats du monde d’Edmonton, au Canada.

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