Kosovo... un État de plus

19 février 2008

Depuis ce dimanche, le monde compte un Etat de plus. À 15h51, heure de Paris, le Parlement du Kosovo a proclamé son indépendance. Une annonce saluée à Pristina, la capitale, par des cris de joie et un concert d’avertisseurs. En revanche, Belgrade, la capitale serbe, a immédiatement rejeté la proclamation. Histoire et caractéristiques de cette ancienne province serbe d’un peu plus de 10.000 km2 (soit la taille du département de la Gironde).

Bordé au Sud par la Macédoine et l’Albanie, et à l’Ouest par le Monténégro, le Kosovo compte 2 millions d’habitants, à 90% albanophones et musulmans. Mais entre 100.000 et 120.000 Serbes, de confession orthodoxe, vivent toujours dans la province, surtout au Nord, entre Mitrovica et la frontière serbe. Pour eux, la séparation du Kosovo avec la Serbie est source d’inquiétudes. En 2004, des émeutes anti-serbes ont fait 19 morts et 900 blessés. Tournée vers Belgrade plutôt que Pristina, la communauté serbe du Kosovo n’exclut d’ailleurs pas de faire sécession dans les endroits où elle est majoritaire.

Une histoire serbe

Le Kosovo fut autrefois le siège de l’empire médiéval serbe, ce qui explique l’attachement des Serbes à la province. Pourtant, cela fait plus de 8 ans que la Serbie n’y exerce plus de contrôle. Entre 1998 et 1999, le conflit entre les forces de Slobodan Milosevic et les séparatistes albanais de l’UCK avaient en effet conduit l’Otan à intervenir, en bombardant l’armée serbe. L’ONU a ensuite administré la zone. Aujourd’hui, c’est l’Union Européenne qui prend la relève, en envoyant 2.000 policiers et juristes, chargés d’accompagner l’indépendance.

Le soutien de l’UE

La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie devraient officiellement reconnaître le Kosovo, à l’unisson des Etats-Unis. Mais certains Etats de l’Union Européenne, notamment l’Espagne, la Grèce ou la Roumanie, aux prises avec des mouvements séparatistes, voient en revanche d’un mauvais œil l’envol kosovar. Autre adversaire du nouveau pays, la Russie, qui s’est opposée jusqu’au bout à une résolution de l’ONU balisant l’indépendance. Hier (avant-hier - ndlr), Moscou a d’ailleurs exigé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.
De son côté, malgré les dissensions, Bruxelles s’est engagé à soutenir économiquement le nouveau micro-Etat, où le taux de chômage touche, selon les estimations, 45% de la population.


Indépendance du Kosovo

Réactions internationales

Quelques réactions à la proclamation de l’indépendance du Kosovo par le Parlement, dimanche 17 juillet.

Moscou
est un des premiers à réagir. La Russie veut que la mission de l’ONU au Kosovo (Minuk) déclare « nulle et non avenue » la proclamation unilatérale d’indépendance de la province, a déclaré dimanche l’Ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitaly Tchourkine, avant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité convoquée à sa demande.

L’indépendance du Kosovo a également fait réagir l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Ces deux régions séparatistes pro-russes de Géorgie ont immédiatement annoncé qu’elles allaient demander à la Russie et à l’ONU de reconnaître leur indépendance.

Le diplomate en chef de l’UE
Javier Solana a appelé dimanche « tout le monde à agir calmement et de façon responsable », et s’est dit « convaincu » que les dirigeants kosovars seraient « à la hauteur de leurs responsabilités ».

La Slovénie
, qui assume la présidence semestrielle de l’Union Européenne (UE), a appelé dimanche soir toutes les parties impliquées au Kosovo à se comporter « de manière responsable » et à « éviter toute forme de violence ». « La déclaration d’indépendance du Kosovo n’était pas une surprise. Elle est intervenue après que toutes les possibilités d’une solution négociée eurent été épuisées », a souligné le Premier ministre slovène, Janez Jansa, dans un communiqué.

Rome
« prend acte » de la déclaration d’indépendance du Kosovo, mais « prendra le temps de l’évaluer » avec ses partenaires européens à Bruxelles lundi, appelant Serbie et Kosovo à la « modération ». Réaction en termes quasiment identiques pour Washington et Berlin.

Côté français, le PCF a accusé la France et des pays de l’Union Européenne de « jouer avec le feu » en s’apprêtant à reconnaître l’indépendance du Kosovo, ce qui fait, selon lui, « prendre des risques énormes » pour la stabilité en Europe.

Sceptique également, Jean-Pierre Chevènement. Le président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) a estimé dimanche que la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, à laquelle s’apprête Paris, « bafoue le droit international » et « peut occasionner une nouvelle Guerre froide ».

Quant au Comité international olympique, il « reconnaîtra sûrement l’indépendance du Kosovo », selon le président de la Commission des relations internationales, l’Italien Mario Pescante.

Dans une prochaine édition, nous publierons une analyse détaillée des conséquences de l’indépendance du Kosovo


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