L’Union africaine prévoit de nouveaux modes de financement pour promouvoir la démocratie

« L’Afrique doit s’approprier et financer sa propre transformation »

7 février 2016

Les pays africains devront désormais choisir les options d’imposition spécifiques qu’ils préfèrent pour mobiliser des fonds pour la mise en œuvre des projets-phare de l’Union africaine (UA), suite à une nouvelle décision sur les sources alternatives de financement des méga-projets initiés par l’UA.

Les dirigeants africains ont convenu durant la 26e session du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA qui s’est tenue à Addis-Abeba du 30 au 31 janvier, que plusieurs mesures fiscales pourraient être explorées pour réunir des fonds pour l’Agenda 2063 et le budget annuel de fonctionnement de l’institution panafricaine.

Le vice-président de la Commission de l’Union africaine, Erastus Mwencha, a annoncé que les dirigeants africains ont finalement approuvé la mise en œuvre de l’agenda sur les sources alternatives de financement après avoir levé toutes les inquiétudes, en s’assurant, entre autres, que les taxes ne portent pas préjudice à l’accès aux principaux services.

« Il y a des innovations dans notre quête de sources de financement alternatives », a déclaré M. Mwencha à la presse.

Les dirigeants des 54 Etats africains ont finalement accepté les propositions de l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo de réunir des fonds par l’imposition pour faire face aux besoins financiers de l’UA.

Les dirigeants ont résolu durant les délibérations de la 26e session du sommet que l’Agenda 2063, qui vise à transformer l’Afrique au plan économique et social, nécessite des financements locaux stables pour être couronné de succès.

« L’Afrique doit s’approprier et financer sa propre transformation », a soutenu M. Mwencha. Selon le vice-président, les dirigeants africains ont eu « un large échange » d’idées sur les sources alternatives de financement de l’UA.

Durant le sommet, les dirigeants se sont entendus sur un critère de partage du budget, dénommé les contributions statutaires, qui étaient précédemment basées sur la taille du Produit intérieur brut (Pib) de chaque pays.

Afin de réunir des fonds, chaque pays devra choisir comme une des mesures de prélever des taxes sur chaque billet d’avion de tous les touristes à l’arrivée et de remettre une partie de ces revenus à la Commission de l’UA.

Ils ont également proposé une taxe sur le courrier électronique ou une taxe sur l’import-export, quelle que soit la plus appropriée pour réunir des fonds.

Certains pays se sont inquiétés durant le long processus de négociation sur les sources alternatives de financement que la demande de l’UA aux Etats membres de lui céder des taxes nationales soit une violation des droits souverains de leurs citoyens. Certains pays comme la Zambie avaient déjà émis ces objections auparavant.

La plupart des pays se sont déclarés satisfaits des travaux de recherche menés par les experts de la Commission de l’UA pour des « analyses de la perception » des impacts de l’introduction de nouvelles taxes.

« Nous avons rassuré les Etats membres sur le fait qu’il n’y aurait pas d’impacts négatifs. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) prélève 5 % sur les importations », a révélé M. Mwencha. « Elle produit des ressources. Nos analyses de simulation ne montrent pas qu’elles ont un impact sur aucun des secteurs. Réinvestir cet argent montre qu’il n’aura pas d’impact sur la demande et l’offre. La question est de savoir quel montant devra verser chaque Etat après la collecte des impôts ».

Cependant, M. Mwencha a estimé qu’il fallait désormais un système cohérent de gestion du nouveau système de collecte et de remise des fonds à l’UA pour les utiliser dans certains programmes prioritaires.

Les nouveaux fonds réunis dans le cadre de ce large projet seront utilisés pour soutenir des programmes comme celui de « Faire taire les armes », une initiative de paix et de sécurité de l’UA pour mettre totalement fin aux guerres d’ici 2025.

M. Mwencha a indiqué que ces fonds seraient également utilisés pour soutenir la mise en œuvre des systèmes d’alerte précoce et soutenir la Charte de l’UA pour la démocratie et la bonne gouvernance.

Ces fonds seront également dépensés pour le Programme détaillé de développement agricole (Pdda), qui a jusqu’ici attiré des financements à hauteur de 10 milliards de dollars.

M. Mwencha a déclaré que ces programmes montraient que l’intérêt de financer des projets viables restait élevé en Afrique.


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