L’extrême droite allemande et extrême droite française même combat : à quand une telle prise de conscience massive à La Réunion ?
L’Allemagne mobilisée contre l’extrême droite : « les nazis dehors ! »
22 janvier, par
De vendredi à dimanche en Allemagne, environ 1,4 million de personnes ont manifesté pour montrer la détermination du peuple allemand à contrer la montée en puissance de l’extrême droite à l’approche de trois élections régionales où le parti néo-nazi AFD est en tête des sondages. Un projet d’expulsion massive d’étrangers et de personnes d’origine étrangère a été l’élément déclencheur de cette grande mobilisation. Les Allemands montrent l’exemple à suivre à des pays où l’extrême droite est considérée comme un parti politique comme les autres. C’est le cas à La Réunion malheureusement.
« Les nazis dehors ! », tel était un des mots d’ordre de la grande mobilisation citoyenne organisée du 19 au 21 janvier en Allemagne. Ce message doit faire réfléchir tous ceux qui considèrent à La Réunion que l’extrême droite française est un parti comme les autres au point de mettre sa candidate en tête de la présidentielle dans notre île.
Malgré la dénazification, l’extrême droite réussit à renaître de ses cendres en Allemagne. Elle peut se présenter de nouveau légalement aux élections, s’exprimer dans les médias, et son discours populiste recommence à trouver un écho favorable chez certains. Une de ses factions a constitué le parti AFD. Il est très implanté dans d’anciennes régions de la RDA. L’annexion de la République démocratique allemande par la RFA lors de la réunification de l’Allemagne a provoqué une grave crise économique et sociale dans l’ancien territoire de la RDA. Se sentant abandonnés par le système, de nombreux Allemands cèdent aux sirènes des discours populistes des néo-nazis.
Des élections sont bientôt prévues dans trois Länder de l’ex-RDA, et l’extrême droite arrive en tête des sondages. En Allemagne, les Länder ont bien plus de compétences que les Régions, car c’est une République fédérale. Aussi en cas de victoire, l’extrême droite pourrait voir son pouvoir de nuisance augmenter considérablement.
Projet d’expulsion massive d’étrangers et de personnes d’origine étrangère
Le 10 janvier dernier, une révélation du journal « Correctiv » a rappelé la véritable nature de l’extrême droite : la volonté d’imposer un régime raciste. En effet, en novembre dernier, une conférence rassemblant plusieurs chefs des néo-nazis avait pour but de discuter d’un projet d’expulsion massive d’étrangers et de personnes d’origine étrangère.
Cette annonce créa une onde de choc. Des responsables politiques et religieux, ainsi que les entraîneurs du championnat de football masculin professionnel, la Bundesliga, ont appelé à la mobilisation contre l’extrême droite.
Les manifestations ont commencé vendredi. Environ 1,4 million de personnes sont dénombrées dans une centaine de rassemblements dans toutes l’Allemagne. L’ampleur de la mobilisation rappelle ce qui eut lieu en France en 2002 quand un candidat d’extrême droite réussit à se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle. Depuis la situation a changé.
La persistance du racisme favorise l’extrême droite
L’extrême droite française et les néo-nazis allemands partagent la même idéologie. Force est de constater que dans le système politique français, l’extrême droite est désormais bien intégrée, considérée comme un parti comme les autres. Sa cheffe est reçue au palais présidentiel de l’Élysée par le numéro 1 français au même titre que les dirigeants des partis républicains. L’extrême droite salue d’ailleurs l’adoption de la loi Asile et Immigration par une coalition où elle s’est alliée avec la mouvance présidentielle, car elle y retrouve ses thèses racistes. Les positions de pouvoir acquises par l’extrême droite ont attiré dans ses filets d’anciens responsables de l’UMP notamment. A La Réunion, surfant sur les scores importants réalisés à la présidentielle par l’extrême droite française, même des élus ne cachent pas leur soutien à ce parti. D’autres espèrent utiliser l’étiquette extrême droite française pour obtenir une place d’élu.
C’est un comble compte tenu du fait que La Réunion est un pays officiellement constitué d’immigrants ou de descendants d’immigrants venus de trois continents. L’affaiblissement du PCR, principal rempart contre la montée de l’extrême droite à La Réunion, a décomplexé des racistes qui se cachaient. La crise économique, sociale et politique favorise l’adhésion à des discours populistes qui s’appuient sur le racisme anti-comorien ou anti-malgache. Ce racisme veut faire croire que ce sont ces personnes qui sont responsables de la crise du logement à La Réunion, plutôt que l’incapacité de Paris à mettre les moyens pour régler le problème.
De vendredi à dimanche, les Allemands ont marché pour rappeler que l’extrême droite n’a pas sa place dans une démocratie. A quand une telle prise de conscience à La Réunion, un pays peuplé d’immigrés ?
M.M.