L’armée turque intensifie ses raids sur le Nord de l’Irak

29 décembre 2007

Kurdistan irakien. Avec l’aval de Washington, Ankara poursuit ses opérations militaires. L’état-major turc affirme avoir tué 150 “rebelles”.

L’aviation turque a poursuivi hier (avant-hier - ndlr) ses bombardements contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) situées dans le Nord de l’Irak. C’est le troisième raid aérien mené en territoire irakien en moins de 10 jours.

Selon l’état-major de l’armée turque, ce nouveau raid a été décidé « après avoir établi qu’un groupe important de terroristes, depuis longtemps sous surveillance, se préparait à passer l’hiver dans 8 grottes et caches dans la région de Zap ». « Nous avons frappé les objectifs relatifs à ce groupe lors d’une opération ciblée menée avec efficacité le 26 décembre au matin », précise le communiqué de l’armée turque. Jabbar Yawar, porte-parole des forces de sécurité kurdes irakiennes, a affirmé que les frappes de l’aviation turque ont duré une heure et n’ont pas fait de victimes civiles.

Cette nouvelle incursion de l’aviation turque en territoire irakien n’est toutefois pas comparable avec les raids aériens lancés le 16 décembre, d’une terrible intensité, qui étaient soutenus par des tirs d’artillerie lourde. Selon l’armée turque, les frappes lancées à ce moment-là sur le massif de Qandil, une région montagneuse du Kurdistan irakien où se trouve le quartier général du PKK, suivies d’une incursion terrestre limitée, auraient tué entre 150 et 175 “rebelles” kurdes. Le communiqué de l’état-major turc indique qu’ils auraient détruit toutes leurs cibles, y compris 16 bases de commandement, d’entraînement et de logistique, 82 caches, 10 batteries antiaériennes ainsi que 14 dépôts de munitions du PKK. Des informations qu’un porte-parole du PKK avait démenties, assurant n’avoir perdu que 5 combattants.

Hier (avant-hier - ndlr), un autre communiqué de l’armée turque a indiqué, sans plus de précision, que 11 “rebelles” du PKK ont été tués en deux jours dans le massif montagneux de Sirnak, en territoire turc, et que deux ont été capturés à l’issue d’une vaste opération militaire.

Depuis que le Parlement turc a autorisé le 17 octobre l’armée à intervenir contre les positions du PKK situées dans le Nord de l’Irak et, surtout, depuis que Washington a donné son feu vert à Ankara, l’état-major turc est en train d’intensifier ses opérations. Le gouvernement et le Parlement irakien avaient dénoncé l’intervention militaire turque du 16 décembre, en dépit des positions de la Maison-Blanche. Alors qu’elle se trouvait en visite en Irak au moment même où l’aviation turque lançait ses raids massifs, Condoleezza Rice les avait alors plus ou moins justifiés, estimant que les États-Unis, l’Irak et la Turquie avaient « un intérêt commun à stopper les activités du PKK qui menacent la stabilité du Nord (irakien) et ont fait des morts en Turquie ».

Cette position avait irrité le Président du Parlement du Kurdistan autonome irakien, Massoud Barzani, lequel avait alors, en signe de protestation, annulé une rencontre prévue à Bagdad avec Mme Rice. Quoi qu’il en soit, le fait que Washington n’ait même pas appelé son allié turc à la retenue donne à penser que la Turquie ne va pas s’arrêter en si bon chemin et qu’elle va poursuivre ses opérations militaires dans le Nord irakien.

Hassane Zerrouky


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