Coopération régionale

L’Asie et l’Afrique se rencontrent au Japon

20 dirigeants africains attendus à la TICAD III

29 septembre 2003

Quelque 20 dirigeants africains sont attendus à la troisième Conférence de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD III) qui s’ouvre aujourd’hui dans la capitale japonaise, ont annoncé les organisateurs.

Un communiqué d’un des co-organisateurs, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a indiqué que la conférence, qui durera trois jours, va commémorer le 10ème anniversaire du processus de la TICAD, qui a été lancé en tant qu’initiative du gouvernement japonais, en collaboration avec les Nations Unies et la Coalition mondiale pour l’Afrique.
Tout comme l’Afrique, l’Asie sera bien représentée à la TICAD III, étant donné que l’initiative est bâtie sur la notion de coopération Afrique-Asie, a indiqué le PNUD. Au moins 13 pays asiatiques enverront des délégations. Quelque 22 pays bailleurs de fonds vont également prendre part à la conférence ainsi que 32 organisations internationales et 15 organisations panafricaines.
Après avoir passé en revue un certain nombre de problèmes de développement en session plénière et dans six sessions spéciales, la Conférence devrait adopter la Déclaration du 10ème anniversaire de la TICAD qui met l’accent sur la solidarité des participants avec les Africains dans le cadre de l’appropriation du processus de développement de leur continent. Le PNUD a affirmé que la Déclaration « est le reflet du lien étroit qui existe entre la TICAD et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), le programme de développement conçu par les Africains eux-mêmes et qui doit être exécuté avec des initiatives africaines et l’appui de la communauté internationale ».
Une série de consultations en Afrique tout au cours de cette année ont permis d’identifier les priorités qui seront étudiées à Tokyo. Une réunion de hauts responsables à Addis-Abeba, en Ethiopie, a été organisée à la suite de trois rencontres régionales à Pretoria, en Afrique du Sud, pour l’Afrique australe, à Nairobi, au Kenya, pour l’Afrique du Nord et de l’Est, et à Yaoundé, au Cameroun, pour l’Afrique centrale et de l’Ouest.
Les co-organisateurs de TICAD III - le gouvernement du Japon, la Coalition mondiale pour l’Afrique, le conseiller spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique, le PNUD et la Banque mondiale - vont jouer un rôle prépondérant dans ces assises et leurs représentants vont présider ou modérer les sessions de Tokyo.
Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi présidera la cérémonie d’ouverture de la conférence, et les chefs d’État africains vont diriger une session plénière consacrée à la réduction de la pauvreté par la croissance économique.

La solidarité Afrique-Asie comme base de développement
Le Japon, plus grand pays donateur dans le monde, a contribué pour 120 milliards de dollars environ, soit le cinquième de la contribution des membres du Comité d’assistance au développement (CAD), au cours des dix dernières années, a appris l’Agence Panafricaine de Presse (PANAPRESS), ce week-end auprès de l’ambassade du Japon au Gabon. Selon la même source, Tokyo a également soutenu pour 4,8 milliards de dollars (qui représentent un quart de toutes les contributions des pays du Groupe des huit les plus industrialisés du monde (G8)) pour l’initiative d’allégement de la dette.

D’autre part, le gouvernement nippon envisage de poursuivre la mise en œuvre des mesures d’assistance en faveur de l’Afrique et annoncées dans le cadre de la "Solidarité entre le Japon et l’Afrique" et à soutenir le plan d’action pour l’Afrique préconisé par le G8.

L’Empire du soleil levant entend promouvoir le développement de l’Afrique par un renforcement de la solidarité et des effets synergiques des processus du NEPAD-TICAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) où l’humain constitue la finalité du développement. Dans cette optique, le Japon accorde une importance capitale au développement des ressources humaines qui passe, entre autres, par la mise en oeuvre de l’assistance dans les domaines fondamentaux tels que la santé, l’éducation, l’eau.

Depuis 1998, il est prévu une assistance d’un montant de 90 milliards de yen (environ 750 millions de dollars) dont 63 milliards de yen ont été déjà alloués dans les domaines cités ci-dessus dans le cadre du "Plan d’action de Tokyo".

La TICAD a été créée en 1993 conjointement par le gouvernement japonais, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Coalition globale pour l’Afrique (GCA de son sigle anglais) pour encourager le développement de l’Afrique. Cette politique vise la mise en oeuvre, en Afrique, de nouvelles initiatives en matière d’éducation dont le montant s’élève à plus de 250 milliards de yen (2 milliards de dollars US) étalés sur cinq ans à partir de 2002. Cette collaboration s’inscrit dans le cadre de l’"initiative de soutien à l’éducation de base pour la croissance". En ce qui concerne l’"initiative d’Okinawa contre les maladies infectieuses", elle est financée par le "Fonds pour la sécurité humaine" des Nations Unies par le gouvernement japonais.

Le Japon accorde également un intérêt particulier à l’accès des produits des pays en voie de développement sur son marché ainsi que l’amélioration de leurs capacités en matière commerciale. C’est dans cette perspective que des efforts sont consentis dans l’amélioration des tarifs douaniers, par la non limitation du tonnage des produits en provenance des Pays les moins avancés (PMA). Des dispositions particulières relatives au droit de douanes sont d’ailleurs prévues pour l’année fiscale 2003.

Le partage de l’expérience asiatique avec l’Afrique a contribué à stabiliser la production de la nourriture en Afrique par le truchement de la diffusion du riz "NERICA" (New Rice for Africa), un riz hybride d’Asie et d’Afrique (voir encadré) .

Le riz NERICA, fruit de la coopération afro-asiatique
« Le riz NERICA, une nouvelle variété de riz obtenue à partir des croisements entre le riz africain (oryza glaberrima) et le riz asiatique (oryza sativa) par l’Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO) est en phase de vulgarisation au Mali », a appris la PANA auprès de l’ADRAO, dont le siège est transféré provisoirement de la Côte d’Ivoire au Mali.

« Au Mali, nous sommes en phase d’expérimentation du riz NERICA depuis 1996. Pour le moment, il est trop tôt pour parler du taux de diffusion de ce riz sur le marché », confie, dans un entretien, l’économiste en évaluation d’impacts, Aliou Diagne, qui dénombre une soixantaine de paysans maliens, répartis entre 3 sites (Bamako, Sikasso et Niono), impliqués dans les travaux d’expérimentation.

Cultivant seulement à titre expérimental trois types de NERICA (2, 5 et 6), l’économiste indique qu’il faut encore quelques années aux consommateurs maliens pour voir dans leurs assiettes cette variété de graminée, contrairement à un pays comme la Guinée Conakry qui, selon les estimations, réalise en moyenne 15.000 tonnes/an sur une superficie de 8.000 hectares.

« Nous fournissons aux paysans demandeurs plusieurs échantillons de NERICA de variétés différentes. Après culture, ils opèrent eux-mêmes leur choix en fonction du rendement. Après trois à cinq ans d’observation, nous entrons dans la phase d’homologation, cela en accord avec les services du ministère malien de l’Agriculture », explique le Dr. Howard Gridley, sélectionneur Riz Bas-fond à l’ADRAO.

« Le riz NERICA a un rendement 2 fois plus élevé que celui du riz africain. Avec intrants, l’on obtient 3,9 tonnes à l’hectare contre 1 tonne/ha pour le riz africain », note l’assistant de recherche Moustapha Gaye, un économiste agricole de formation, ajoutant une teneur très élevée de ce riz en protéine (10 pour cent de plus de celle du riz africain), et un cycle plus court (NERICA : 90 à 110 jours ; riz africain : 130 à 140 jours), permettant ainsi aux paysans de continuer, pendant l’hivernage, la culture d’autres produits tels les légumineuses.

Pour promouvoir rapidement la diffusion du NERICA, les pays de l’Afrique subsahariennes ont lancé en 2002 le Projet "Initiative africaine pour le riz (ARI)", dont l’objectif est de produire d’ici à 2006 une production annuelle de 740.000 tonnes de riz NERICA sur une superficie de 210.000 hectares, réduisant ainsi l’importation de riz des pays d’Afrique de l’Ouest de 88 millions de dollars contre 1 milliard de dollars actuellement.

« Ce programme quinquennal nous permettra entre autres la multiplication et la vulgarisation des semences, le développement des techniques culturales, le développement d’une variété pour la culture irriguée, l’analyse de l’impact économique », précise la Coordinateur régional de ARI Inoussa Akintayo, qui signale déjà l’appui de la Banque africaine de développement (BAD, 30 millions de dollars US), du NEPAD (15 millions de dollars), de la Banque Mondiale, du Japon et de la Fondation Rockfeller...

On rappelle que l’ADRAO, un des 16 centres internationaux de recherche agricole soutenus par le groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, est une association de recherche intergouvernemental autonome composée d’États africains.

L’ADRAO, qui dispose de stations de recherche régionales près de Saint-Louis (Sénégal), à l’Institut international pour l’agriculture tropical (IITA) à Ibadan (Nigeria) et à la Station de recherche de l’institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) à Samanko près de Bamako (Mali), abrite l’ARI, le Réseau ouest et centre africain du riz (ROCARIZ) et le consortium bas-fond (CBF).

Thabo Mbeki participera à la TICAD III
Le président sud-africain Thabo Mbeki va diriger la délégation de son pays à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD

III) qui s’ouvre aujourd’hui, a indiqué un communiqué du ministère sud africain des Affaires étrangères.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus