11ème Conférence des présidents des RUP

L’avenir des RUP et du partenariat avec l’UE

2 septembre 2005

La 11ème Conférence annuelle des présidents des RUP qui s’ouvre aujourd’hui à Saint-Denis va se tenir dans un contexte, sinon mouvementé, du moins dense, et aborder des questions d’un contenu essentiel pour nos régions.

C’est ce matin que le président de Région et président en exercice de la Conférence des RUP (Régions ultrapériphériques), Paul Vergès, accueille ses homologues pour trois jours de travaux intenses, qui vont aborder des problèmes immédiats et souvent brûlants (canne/sucre, banane), tout en essayant de préparer l’avenir. Les présidents tiendront ensemble une conférence de presse à l’aéroport, avant une première session interne qui doit commencer l’après-midi.
Parmi les sujets d’inquiétude qui alimentent la réflexion des présidents des RUP, il y a bien sûr la question du budget de l’Union européenne à 25 (UE-25) sur lequel les pays membres n’ont pas réussi à se mettre d’accord en juin. La Commission a préconisé une augmentation (de 1% à 1,4% du PNB de chaque pays) pour obtenir un budget qui tienne davantage compte de l’élargissement effectif depuis le 1er mai 2004 : de 15 membres, l’Union européenne est passées à 25 et n’exclut pas d’intégrer encore deux pays d’ici deux ans.
Six pays - dont la France et l’Allemagne, qui contribuent pour une part importante au budget de l’Union, refusent d’augmenter leur contribution. Ce n’est pas le moment d’entrer, ici, dans le détail de ce débat, mais il est évident que si le budget 2006 de l’Union - pareil pour les années suivantes - reste à son niveau actuel, il faudra répartir entre 25 un montant d’aides qui auparavant était réparti entre 15. Avec des critères de répartition qui sont eux aussi en révision.
S’exprimant à ce sujet sur les ondes d’une radio, hier, Paul Vergès a estimé que "si on ne dépasse pas les 1%, le danger de restriction des crédits des Fonds structurels qui nous sont destinés va devenir extrêmement grave" !

Conférence de haut niveau

Dans les débats actuels sur la “prochaine génération” des programmes de politique de cohésion (voir encadré) , la Commission européenne a proposé une approche plus stratégique, ciblant les contenus sur la croissance et l’emploi.
Et dans ce cadre, la Conférence des RUP prend un relief particulier en ce qu’elle peut permettre à nos régions d’une part de renforcer leur cohérence politique “en interne” et leur solidarité, d’autre part de faire entendre auprès de l’Europe un positionnement qui ne peut être interchangeable avec aucun autre, pour des partenariats eux aussi très spécifiques.
Le président de La Région Réunion l’exprimait hier matin à la radio : "Jamais la Conférence des RUP n’a eu l’occasion de conférer à plus haut niveau", a-t-il dit. En effet, en tant que président de la Conférence des RUP actuellement en exercice, Paul Vergès a pu obtenir que le président de la Commission de l’UE, José Manuel Barroso, bien que pris dans la tourmente des débats constitutionnels, reçoive les présidents des RUP. Ces derniers ont également été reçus une fois déjà par la commissaire à la Politique régionale, Danuta Hübner - qui va honorer de sa présence cette nouvelle Conférence - et par le commissaire à l’Environnement, Stavros Dimas.
"Le débat est véritablement engagé", a estimé hier le président de la Conférence des RUP en rappelant que cette première série d’échanges a déjà donné lieu à une longue et importante entrevue entre le président de la Commission européenne et la commissaire Hübner.
Le débat, dans la Conférence qui s’ouvre aujourd’hui, va porter sur l’avenir des RUP, l’avenir de l’Europe et sur leur partenariat, à partir des problèmes cruciaux posés à nos sociétés et à nos économies.

P. David


Fonds structurels et politique de cohésion

Corriger les "disparités accrues" entre les régions ?

En mai 2005, la Commission européenne a produit un troisième rapport d’étape qui prend acte des tendances observées dans les régions depuis le 3ème Rapport sur la Cohésion économique et sociale (février 2004), qui a établi les principes de base pour la réforme de la politique régionale de l’Union européenne pour la période 2007-2013.
Les propositions législatives actuellement en discussion au Conseil et au Parlement européen découlent de ce 3ème rapport sur la Cohésion économique et sociale.
Le rapport d’étape quant à lui prend en compte plusieurs thèmes d’importance pour la politique régionale et la politique de cohésion, au moment où l’Union révise, à mi-parcours, sa politique des Fonds structurels.
Les objectifs de la politique de cohésion visent à réduire les disparités entre les niveaux de développement des régions. C’est du moins la visée affichée par l’Union, qui constate, depuis l’élargissement de 15 à 25 membres - en attendant l’adhésion probable de la Bulgarie et de la Roumanie en 2007 - que les disparités régionales "se sont fortement accrues", comme le note le rapport d’étape SEC(2005)632 de mai dernier.
"En 2003, les niveaux de PIB par habitant (mesurés en parités de pouvoir d’achat) sont compris entre 41% de la moyenne de l’UE en Lettonie et 215% au Luxembourg", y lit-on également.
Les dix nouveaux états membres comptent parmi ceux qui ont les revenus les plus bas : dans les dix, le PIB par habitant se situe entre 41% et 90% de la moyenne de l’UE-25 et dans quatre pays - Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne - il est inférieur à 50% de ce niveau.
64 régions de l’UE-25 représentant un quart de la population de l’Union ont un PIB par habitant inférieur à 75% de la moyenne. Cette population représente 90% des habitants des dix nouveaux États membres, et seulement 13% de la population de l’UE-15.

P. D.


La politique au raz des pâquerettes

Une députée entre campagne électorale et tourisme

À la veille de l’ouverture de la 11ème Conférence des présidents des RUP, la radio dite “de service public” a montré un nouvelle fois qu’elle n’était pas du tout en phase avec l’événement.
Alors qu’elle interrogeait le président de Région sur la portée de cette Conférence, elle s’est aussi fait l’instrument de polémiques hors sujet en permettant à Margie Sudre, députée européenne (PPE) et chef de ce groupe de la droite européenne au Parlement, de ressasser ses rancunes au micro. Depuis la Pologne, s’il vous plaît !
La députée a en effet choisi de bouder les travaux des sept présidents des RUP : elle est partie faire du tourisme au pays de Lesh Walesa - lequel, en ce 25ème anniversaire du syndicat “Solidarnosc”, vient de se faire vertement remettre en place par plus de deux cents syndicalistes. Il peut au moins être assuré du soutien d’une députée UMP : quel réconfort ! Cette attitude serait risible si elle n’était aussi insultante pour les invités de la conférence.
En effet, la commissaire polonaise Danuta Hübner, bien que récemment relevée d’une opération, a tenu à maintenir son voyage chez nous pour mener le débat sur l’avenir des RUP et de leur partenariat avec l’Europe. Lui opposer une chaise vide est une insulte d’une inconséquence grossière, que les présidents des RUP jugeront eux aussi.
Dans ses déclarations à RFO, la députée UMP a remâché la question du vote “Non” au référendum, utilisé comme “argument financier” de représailles.
Elle a eu des mots durs et déplacés, au sujet de cet épisode, qui ont donné d’elle l’image d’une femme sans jugement politique, emportée par ses passions. En effet, donner cette vision-là des choix financiers de l’Europe, alors que l’Union est dans une phase de recomposition tant structurelle que sur le plan de ses critères, c’est rabaisser le débat politique.
Après Margie Sudre, une auditrice est revenue sur le même argument, empreint d’une grande confusion mentale : "Vous nous dites de voter ‘Non’ et après vous demandez plus de l’Europe", a-t-elle dit.
Paul Vergès a argumenté sur le fait que "le “oui” et le “non” n’ont rien à voir avec ce problème". "Elle continue la campagne électorale !", a-t-il répondu à distance à Margie Sudre. "Et elle espère que les présidents des RUP demanderont au président de la Région Réunion les raisons pour lesquelles il a voté “non” ! La Conférence des RUP, ce n’est pas l’UMP ! On ne règle pas des comptes et chacun se mêle de ce qui le regarde !", a conclu le président de Région.


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