“Alon filozofé” ... !*

L’ego et la politique

Billet philosophique

10 août 2007, par Roger Orlu

Dans 7 mois environ, il y aura des élections municipales et cantonales. Dans les 24 communes réunionnaises et dans une vingtaine de cantons du Département, des centaines de personnes vont se présenter devant les électeurs en espérant devenir maire, adjoint(e), conseiller(e) municipal(e) ou conseiller(e) général(e). Plus de 60 Réunionnaises et Réunionnais avaient décidé d’être candidat(e)s aux élections législatives du mois de juin dernier, alors qu’il y avait 5 postes à pourvoir.
Quel est le sens de cette démarche ? Qu’est-ce qui amène ces personnes à se lancer dans une telle aventure publique et qu’est-ce qui les motive à se lancer dans la politique ?

Si l’on prend son sens étymologique, rappelé mardi soir lors d’une conférence à Saint-Denis par le chercheur en philosophie et conseiller régional Radjah Véloupoulé, « la politique est l’art de gouverner la cité ». Et donc de servir la population d’une collectivité (ville, région, pays etc...). En effet, le mot français “politique” vient du mot grec “polis”, qui signifie “cité”.
Mais est-ce que tous les candidats sont animés par la volonté de servir les autres et d’abord les plus fragiles ? Parmi eux, combien ont avant tout comme priorité d’utiliser la politique pour servir leurs propres intérêts, c’est-à-dire leur “ego” ?

“Ego” est un mot latin qui signifie “je”, “moi-même”. On retrouve le côté négatif de cette racine dans le mot “égoïsme”, expression de la vanité, du narcissisme et de la complaisance vis-à-vis de soi-même. En politique, l’égoïsme privilégie l’intérêt personnel, ses propres avantages et ceux de ses proches, en opposition aux autres, considérés comme des concurrents dans la compétition sociale et dans la réussite privée, au détriment du progrès collectif.
Les personnes qui visent à satisfaire avant tout leur “ego” cherchent à conquérir des mandats électoraux pour se faire plaisir en devenant des notables et des personnalités médiatiques, en profitant au maximum des avantages financiers, matériels et honorifiques liés à ces postes.

Un des signes de cette idéologie est la façon dont se font les candidatures : la personne qui vise à obtenir un poste électif dans le but premier de satisfaire une ambition personnelle se proclame elle-même candidate à une élection. Pour elle, la politique n’est pas d’abord une activité militante pour changer la société et accomplir les tâches ou assumer les responsabilités que lui demandent les autres. C’est tout au contraire une activité égocentrique, intéressée et individualiste pour améliorer sa situation personnelle dans la société telle qu’elle est. La “carrière” politique passe avant la “mission” politique.
Le triomphe de l’“ego”, c’est la mort de la politique, au sens le plus authentique du terme. Le sens qu’incarnent les élus réunionnais dont nous sommes fiers.

Roger Orlu

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