Agriculture

L’embargo russe pèse sur la production européenne

30 septembre 2014, par Céline Tabou

Pour résister à l’embargo russe, certains producteurs européens de pommes ont appelé leurs concitoyens à consommer les fruits de leur pays. Depuis août, la Russie a interdit l’exportation de produits agricoles, suites aux sanctions contre le pays en raison de son soutien envers les séparatistes ukrainiens.

Les pommes polonaises sont des victimes de la politique européenne vis à vis de la Russie.

Les sanctions européennes finissent non pas par peser sur la Russie mais sur les producteurs européens. Ces derniers constatent une baisse de leurs exportations et tentent donc de pousser les gens à consommer leurs produits nationaux. L’Allemagne est le principal pays touché par cet embargo, car sa croissance est impactée par la diminution des échanges entre elle et la Russie.

Vers un « patriotisme fruitier »

Le président de l’Association Nationale Pommes Poires (ANPP), Daniel Sauvaître, qui représente les deux tiers de la production française, a appelé « les Français à faire la même chose que les Polonais : contre l’embargo russe, croquez la pomme, faites-en des selfies et militez pour la paix commerciale ».
Cet appel survient après la publication quotidienne de photos-portraits, une pomme ou une bouteille de cidre à la main avec le hashtag #jedzjablka (mange les pommes), sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes et personnalités polonaises soutiennent ainsi la production de leur pays, dans le cadre d’un mouvement de « patriotisme fruitier ».
La France et la Pologne sont touchés par cet embargo, toutefois, la première contrairement à la seconde exporte moins de pomme vers la Russie. La Pologne exportait avant l’embargo environ 500.000 tonnes de pommes chaque année vers la Russie, tandis que la France n’en vendait que 30 à 45.000 tonnes en Russie, soit 3 à 4 % de la production française.
Malgré cela, les pomiculteurs français ont estimé que les conséquences se feraient sentir « par ricochet », car la Pologne risque de concurrencer la France sur ses marchés d’exportation comme l’Angleterre ou l’Algérie et tirer les prix vers le bas.
La Russie est le premier importateur de pommes au monde, avec 1,2 million de tonnes achetées par an, rappelle l’agriculteur français. L’Union européenne expédie environ 750.000 tonnes de pomme en Russie.

La croissance allemande en pâtit

Du côté allemand, la situation devient inquiétante pour la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a annoncé que l’industrie allemande allait subir un revers suite aux nouvelles sanctions contre la Russie. Sur France 24, Hans Naumann, PDG de Niles Simons, entreprise spécialisée dans l’industrie du rail, a dénoncé la crise en Ukraine et les sanctions contre la Russie qui sont le signe d’un retour de la guerre froide.
Depuis l’entrée en vigueur des sanctions économiques contre Moscou en mars dernier, le président directeur a indiqué que « c’est supposé être une sanction contre la Russie, mais en réalité c’est une sanction qui nous touche nous en premier lieu ». Ce dernier a ajouté : « je ne sais pas pourquoi on nous fait ça, mais ce qui est sûr, c’est que cela donne un sacré coup de frein à l’économie allemande ».
La société Niles Simons voit ses pertes d’effriter, celles-ci pourraient se chiffrer à plus de 5 millions d’euros. Ainsi, tout le secteur de la machine/outils est touché, les exportations vers la Russie ont chuté de 20 % au premier semestre, contribuant à un ralentissement de la croissance allemande.
Selon diverses estimations citées par France24, près de 100.000 emplois en Allemagne dépendent des échanges commerciaux avec la Russie. D’ailleurs, selon l’institut allemand de sciences économiques (DIW), le PIB allemand pourrait de nouveau se contracter au troisième trimestre.

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