Co-développement

« L’emploi est au centre de nos préoccupations... »

Paul Vergès de retour des missions en Chine et dans la région Poitou Charentes

20 novembre 2003

De Tianjin en Chine du Nord à Niort dans les Deux-Sèvres, Paul Vergès n’a qu’une seule préoccupation, l’emploi pour les Réunionnais. Des emplois pérennes. D’un côté, les Réunionnais pourraient être employés à donner de la plus-value à des productions chinoises alors libérées du frein des quotas ; et d’un autre côté, de jeunes Réunionnais, formés et accompagnés, pourraient trouver des emplois en Poitou Charentes, dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie.

De retour du Nord de la Chine où il a signé une convention-cadre relative à l’établissement de relations d’échanges et de co-développement avec Dai Xianglong, maire de Tianjin, et de Niort (Deux-Sèvres) où il a accompagné une forte délégation réunionnaise au 7ème Carrefour des métiers de la bouche, Paul Vergès, président de la Région Réunion, s’est félicité que « dans cette confrontation de la Région Réunion avec les milieux économiques, le succès ait été total ».
Mais assure-t-il, « au centre de nos préoccupations, il y a l’emploi. Et dans les deux cas, nos espoirs ont été très largement dépassés ». Des emplois pérennes en contrat à durée indéterminée. Même si le président de la Région Réunion souligne qu’il est indispensable de soutenir les emplois dits "aidés" qui doivent permettre de reprendre contact avec le monde du travail.
De son passage à Niort où La Réunion était l’invitée d’honneur du 7ème Carrefour des métiers de la bouche, Paul Vergès ramène l’information que la région Poitou Charentes connaît un déficit de 2.500 emplois dans les domaines de la restauration, de l’hôtellerie et d’autres services. « Or, la prestation des jeunes Réunionnais positionne (voir "Témoignages" du 19 novembre 2003) La Réunion dans ce secteur ». Dès lors, la question qui se pose c’est de savoir, combien de jeunes Réunionnais peuvent être formés pour occuper ces postes.

Une cellule de travail pour l’emploi

Afin de répondre à cette demande, Paul Vergès propose la constitution rapide d’une cellule de travail partenariale pour l’emploi qui pourrait réunir la Région Réunion, les chambres consulaires, les organismes de la mobilité et, s’il le désire, le Département. Elle pourrait fonctionner dans l’esprit où ont travaillé les organismes, institutions et associations qui ont préparé les sorties des jeunes Réunionnais à l’Assemblée nationale et à Niort.
Elle aurait pour rôle, en collaboration avec une cellule de travail du Poitou Charentes, d’informer les jeunes sur les possibilités d’emplois, mais aussi sur les conditions réelles de l’emploi. Des difficultés existent : différence de climat, isolement psychologiques... Il est donc nécessaire de voir avec les intéressés, avec leurs parents, les moyens d’y remédier… En effet, souligne Paul Vergès, « il convient de donner aux candidats à la mobilité, un maximum de garanties et de sécurité ».
Autre facette de cette bataille pour l’emploi, la mission du président de la Région Réunion à Tianjin. « Le problème pour La Réunion, c’est de remplacer le marché réunionnais par le marché européen », note Paul Vergès. Il s’agit pour les Chinois, dont les produits sont soumis à quotas pour leur entrée sur le marché européen, d’aller plus loin. Et pour cela, ils n’ont pas d’autres solutions que d’y apporter une plus-value qui pourrait être réunionnaise. La convention signée par le président de la Région Réunion offre un cadre au développement d’échanges économiques de ce type.

Panneaux voltaïques et téléviseurs

Ainsi, il se confirme que les Chinois sont intéressés par le montage de téléviseurs, un secteur identifié lors de la venue de la mission chinoise. Un besoin renforcé par l’accord de Thompson avec T.C.L., plus importante entreprise chinoise de téléviseurs. Mais, ils sont également intéressés par une usine de montage de panneaux photovoltaïques. Et là, ce serait encore plus intéressant pour nous car le marché réunionnais représente une grande part du marché européen. On aurait ainsi la possibilité à La Réunion de créer des emplois pour la fabrication, le montage et l’entretien de panneaux voltaïques et en plus, de faire baisser le prix des chauffe-eau solaires subventionnés par la Région Réunion.
D’autre part, la partie chinoise s’est intéressée à une coopération entre les instituts de recherche, à la démarche de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, au sport car ils veulent briller aux Jeux Olympiques de 2008 qui se dérouleront à Pékin.
Afin de suivre la mise en œuvre de cette convention-cadre, vont être mises en place, dans quelques semaines, des représentations réunionnaise à Tianjin et chinoise à La Réunion. Mais de l’avis du président de la Région Réunion, il conviendra également d’installer une représentation à Bruxelles, « pour surmonter les difficultés de la complexité des tarifs douaniers ». Les Chinois pourraient également ouvrir à La Réunion un centre d’affaires à destination des pays d’Afrique australe et d’Afrique de l’Est.
Pour Paul Vergès, « dans le cas de Niort comme de Tianjin, des mois de préparation permettent de passer à la réalisation et à la création d’emplois pérennes. L’accord-cadre pour la Chine est signé et c’est maintenant au secteur privé d’agir ».

De Tianjin à Niort
Des raisons d’espérer pour les professionnels du tourisme
À Niort comme à Tianjin, on a parlé tourisme. Ainsi, les Chinois proposent la mise en place d’un charter dans le sens Tianjin/La Réunion, dès février - mais les Réunionnais estiment qu’ils ne seront prêts qu’en juillet prochain. Qu’à cela ne tienne, ce sera pour juillet. Le temps pour les Réunionnais de remplir l’avion dans le sens La Réunion/Tianjin. Côté investissements, on a évoqué le projet de construction d’un hôtel quatre ou cinq étoiles de deux cents chambres à La Réunion avec des capitaux chinois, auxquels Paul Vergès souhaiterait voir s’associer des capitaux réunionnais.
À Niort, le président de la Région Réunion a dit à ses interlocuteurs : « vous appréciez la cuisine réunionnaise, venez sur place, elles est aussi bonne ». Des retombées en terme de tourisme sont donc attendues. Et le président de la Chambre de commerce, Alain Macé, est bien d’accord pour dire que la présence réunionnaise au 7ème Carrefour des métiers de bouche, devrait avoir « un impact touristique intéressant. On peut attendre un retour pour La Réunion ». Quant à Jacquet Hoarau, président du Comité du Tourisme, il estime qu’il est indispensable de renouveler des opérations partenariales comme celle de Niort (Foire de Paris, Toulouse, Nantes...), et d’y aller « avec l’artillerie lourde » (entendez une forte logistique comme à Niort). « Quand nous allons dans les salons du tourisme, nous distribuons des brochures. À Niort, nous y sommes allés avec des saveurs et des senteurs. Cela a donné plus d’envergure à la manifestation et la présence de l’île a été démultipliée ».

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