Conférence internationale sur l’Islam et la paix à Tunis

« L’esprit de paix est dans la conscience de nombreux peuples du monde »

17 avril 2003

Une conférence internationale sur "L’Islam et la paix" s’est ouverte, mardi à Tunis, avec la participation de plus quarante éminentes personnalités intellectuelles et religieuses venues de 23 pays musulmans et occidentaux.
L’objectif des organisateurs de la rencontre est d’offrir à cette pléiade de penseurs et de savants l’opportunité de se pencher sur les moyens de « corriger l’image de l’Islam, déformée et dénaturée » par les médias occidentaux, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Dans un document remis à la presse, ils indiquent que cette conférence revêt d’autant plus d’importance que ces attentats « sont venus exacerber les sentiments de haine et d’exclusion nourris à l’égard des musulmans, accréditant ainsi la thèse défendue par les adeptes du "choc des civilisations" ». « Dans un tel contexte, la religion, la civilisation et la culture musulmanes sont devenues la cible privilégiée de campagnes tendancieuses et les intérêts du monde musulman, qualifié d’arriéré et considéré comme une source de violence et de terrorisme, font l’objet d’une suspicion à travers le monde. Ces campagnes s’intensifient de plus en plus en Occident, aussi bien dans les milieux populaires que dans les médias, où l’on met en garde contre "le péril" que représentent, selon eux, l’Islam et les musulmans, exerçant ainsi une influence négative sur l’opinion et suscitant en elle des sentiments hostiles à l’égard des musulmans », ajoute le document.

Une religion de paix et de fraternisation

À l’ouverture de la rencontre, le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), Abdelwahed Belkziz, s’est demandé si ces accusations sont « la continuation et la montée de l’hostilité contre l’Islam apparue en Occident avec les guerres de croisade (...) » ou si les musulmans en sont responsables « avec l’image que nous donnons de nous-mêmes aux autres » ? Pour y remédier, Abdelwahed Belkziz a appelé les pays musulmans à faire leur autocritique de manière objective et franche pour identifier les points faibles qui ont fait de nous aujourd’hui une nation affaiblie. Il a appelé à « une évaluation de notre position dans le monde au début du 21ème siècle, pour connaître le poids réel que nous y détenons et définir le rôle que nous voulons assumer dans ce monde. Nous devons œuvrer, avec tous les moyens en notre pouvoir, pour réduire le fossé qui sépare les musulmans des autres », a-t- il souligné.

L’ancien directeur général de l’UNESCO, Amadou Mahtar Mbow s’est, pour sa part, inscrit en faux contre les campagnes tendancieuses visant l’Islam. Il a fait valoir que l’Islam est par essence une religion de paix et de fraternisation entre les hommes, étayant ses propos par des versets coraniques et des paroles du Prophète qui a proclamé notamment que « le vrai musulman est celui qui ne fait pas de tort à son prochain, ni par la parole, ni par les actes ». Selon l’ancien directeur général de l’UNESCO, « la conclusion qui s’impose aujourd’hui est que la culture de la paix demeure un objectif majeur pour la communauté humaine. L’exigence de paix est aujourd’hui plus impérative que jamais », a-t-il dit. Il a fait remarquer que l’ampleur des protestations suscitées par la guerre « injuste et démesurée » contre l’Irak témoigne que « l’esprit de paix est encore présent dans la conscience de nombreux peuples du monde ». Selon lui, cet esprit doit continuer d’être cultivé, « car rien ne dit que nous ne sommes pas au début d’un processus qui risque d’affecter d’autres peuples, arabes ou musulmans », a-t-il poursuivi.

Mieux se connaître

Mettant l’accent sur l’importance de l’opinion publique dans les rapports entre le monde arabe et musulman avec les États-Unis, Amadou Mahtar Mbow a préconisé « une politique active de communication fondée sur une étude approfondie de la société américaine, une tâche impérative qui dépasse le cadre des seuls États-Unis ».
Jorgen S. Nielsen, professeur au Centre des études islamiques de Birmingham (Grande-Bretagne) a, quant à lui, mis en garde contre la menace des extrémistes des deux côtés, « face auxquels il ne faut pas baisser les bras ».
Mgr William Kerr, président du Collège La Roche de Pittsburgh (Etats-Unis), a souligné l’importance des rencontres telles que la conférences de Tunis qui favorisent les rencontres et les échanges.
Déplorant l’ignorance d’une bonne partie des Américains des préceptes de l’Islam, il a plaidé pour « une meilleure connaissance de l’Islam » auprès de l’opinion américaine, promettant de donner, à son retour, des messes expliquant l’essence qui tend vers la paix et la tolérance dans cette religion.


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