
Afghanistan - Un an après l’assassinat d’une journaliste
L’impunité scandaleuse rend possible une nouvelle vague de violences
14 juin 2008

Il y a un an, dans la nuit du 5 au 6 juin 2007, était assassinée Zakia Zaki, directrice de la station Sada-e-Solh (Radio de la Paix) au Nord de Kaboul. Son mari a déclaré que les autorités n’ont fait aucun progrès dans l’enquête, en raison, vraisemblablement, de l’influence des commanditaires de l’homicide.
Le 5 juin 2008 a été inauguré, à Jabalussaraj, dans la province de Parwan (nord de Kaboul), un centre culturel qui porte le nom de Zakia Zaki, journaliste assassinée il y a un an. Cette inauguration, célébrée en présence d’officiels afghans et étrangers, répond au vœu de la famille de Zakia Zaki, notamment son époux, Abdul Alah Ranjbar. « C’était ce qu’elle voulait et elle avait commencé ce travail avant d’être tuée. C’était à moi et à ma famille de faire vivre sa mémoire. Je pense que depuis l’assassinat de Zakia, les femmes journalistes ont peur et l’impunité a participé à effrayer ses collègues », a déclaré ce dernier lors de l’inauguration. Son opinion est partagée par Najiba Ayubi, la directrice du groupe de presse TKG : « L’enquête inachevée sur la mort de Zakia Zaki provoque un grand désespoir parmi les journalistes et particulièrement les femmes. Sans espoir pour le futur, notre vie est influencée par la peur ».
Une autre femme journaliste, Farida Nekzad, de l’agence de presse Pajhwok, confirme l’impact de l’assassinat de son amie Zakia Zaki sur la profession : « Quand on tue, qu’il n’y a pas de poursuites judiciaires et que rien n’est fait pour stopper les menaces et les violences, tout peut recommencer ».
Un an après les faits, les six suspects, arrêtés par la police, ont été relâchés. Aucune enquête sérieuse n’a été menée par les forces de sécurité. La famille et des collègues de Zakia Zaki affirment que les commanditaires bloquent l’enquête. Les promesses du ministre de l’Intérieur formulées après l’assassinat n’ont pas été respectées. Les autorités avaient pointé du doigt les talibans, mais des proches de la journaliste accusent des chefs de guerre locaux.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 2007, au moins deux hommes ont pénétré au domicile de Zakia Zaki à Jabalussaraj et l’ont tuée de sept balles, sous les yeux de son fils, âgé de deux ans. Également directrice d’école, Zakia Zaki aimait à dire que la station Sada-e-Solh était « une maison communautaire pour les habitants, le seul endroit où ils osent s’exprimer librement ». La journaliste et son équipe étaient régulièrement menacées par des chefs de guerre locaux.
La dernière femme journaliste à avoir été agressée est Nilofar Habibi, jeune présentatrice afghane de la chaîne de télévision publique locale Herat TV. Elle vient d’être accueillie au Centre de Doha (Qatar) pour la liberté d’information. Nilofar Habibi s’est déclarée soulagée : « Je me sens enfin en lieu sûr et en sécurité mais je crains pour mes collaborateurs. Les atteintes à la liberté d’expression ne cessent d’augmenter en Afghanistan, particulièrement à l’encontre des femmes journalistes ».
Zakia Zaki est considérée en Afghanistan comme l’un des symboles de la renaissance des médias indépendants dans le pays. Sa famille est résolue à tout faire pour perpétuer sa mémoire et demander que justice soit rendue. Beaucoup estiment, en Afghanistan, que l’impunité scandaleuse dans cette affaire rend possible une nouvelle vague de violence contre les femmes journalistes.
Depuis l’assassinat de Zakia Zaki, plus d’une quinzaine de journalistes afghanes ont été agressées, menacées ou réduites au silence.
(Source : IFEX)
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