Union européenne

L’obsession du tout-marché

24 mars 2005

(page 2)

Le projet de Constitution européenne se compose d’un préambule et de quatre parties, dont la première n’a pas de nom. Les suivantes traitent successivement de "la charte des droits fondamentaux", "les politiques et le fonctionnement"
et des "dispositions générales et finales".
Dès la première partie (titre 1 : définition et objectifs de l’Union), l’article I-3 alinéa 2 sacralise le libéralisme économique en le hissant au rang de “valeur universelle” : "L’Union offre à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans frontières intérieures, et un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée".
Laissant entendre au passage, qu’ailleurs, elle ne le serait pas. Sacrilège ! L’affirmation du principe est lapidaire.
La rédaction de l’article suivant - celui jugé nécessaire pour atténuer les effets du “marché” - a demandé cinq fois plus de volume. Il y est même question d’une "économie sociale de marché hautement compétitive" (article I-3.3) : le compromis de la formule a dû être ardu à trouver. Comment pourrait-il être convaincant, engoncé qu’il est entre deux autres vaches sacrées du tout-marché : la "croissance économique" et la "stabilité des prix"... ?!
Tout au long du 19ème siècle, les “nationalités” européennes ont manifesté leur solidarité de fait en secouant le joug des empires, des têtes couronnées et en affirmant leur identité sur la base d’une devise qui a enflammé plusieurs révolutions sociales, et pas seulement en Europe : liberté, égalité, fraternité. Cet héritage, pourtant européen, est semble-t-il jeté aux orties par les ultra-libéraux. La devise est désormais : “liberté, sécurité, justice et marché”. Pauvre Gavroche !

P. David


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