Suspension de l’aide humanitaire des Etats-Unis

L’ONU dans une position compliquée dans un contexte international en ébullition

18 mars

Suite à l’annonce du président américain, Donald Trump, de suspendre temporairement l’aide étrangère américaine, le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, a appelé à une refonte du secteur pour sauver le plus de vies possible avec les ressources disponibles.

« Ces dernières années, nous avons été excessivement dépendants du financement américain », a expliqué Tom Fletcher, lors d’un point de presse quotidien de l’ONU, à New York.

Plus de 300 millions de personnes dans le monde ont actuellement besoin d’aide, près de la moitié des appels de fonds humanitaire lancés par l’ONU sont en effet financés par le contribuable américain.

« Nous ne devons jamais tenir cela pour acquis, surtout en cette période de difficultés économiques, à l’heure où de nombreux gouvernements se retirent du monde », a-t-il insisté.

Des vagues de licenciement

Avant même la décision de l’administration américaine, en janvier, de suspendre l’essentiel de l’aide étrangère des États-Unis pour une durée de trois mois, les travailleurs humanitaires étaient déjà débordés et sous-financés, voire même victimes d’attaques.

L’année 2024 avait été la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaires. Dans ce contexte déjà tendu, l’arrêt de l’aide américaine a fait « l’effet d’un coup de massue ».

« Le rythme et l’ampleur des coupes budgétaires auxquelles nous sommes confrontés constituent un choc sismique », a souligné Tom Fletcher. « Nombreux sont ceux qui mourront parce que l’aide se tarit ».

Sur le terrain, les programmes humanitaires sont interrompus un à un et la communauté humanitaire fait face à des vagues de licenciement. Selon Tom Fletcher, environ 10% des personnels travaillant pour des ONGs dans le monde ont été licenciés au mois de février.

Choisir quelle vie à privilégier

Les travailleurs humanitaires sont contraints de faire des choix difficiles dans l’allocation des ressources au quotidien. Concrètement, cela revient à décider « quelles vies nous devons privilégier et quelles vies nous devons tenter de sauver », a expliqué Tom Fletcher.

Ce dernier a expliqué que les semaines à venir seront déterminantes pour les agents humanitaires. Ils seront contraints d’abandonner définitivement de nombreux programmes. Étant donné la baisse des ressources, ces réductions d’activités sont obligatoires, et devraient permettre de clarifier la mission du personnel.

« Nous devons sauver autant de personnes que possible avec les fonds disponibles et non pas ceux dont nous disposions par le passé, ni ceux que nous souhaiterions », a-t-il expliqué. « Il ne s’agit pas de défendre des programmes, des institutions et des spreadsheets, mais de défendre les personnes que nous servons ».

Tom Fletcher a dit avoir demandé à chacun des coordinateurs humanitaires déployés dans les pays auxquels l’ONU vient en aide de lui adresser, d’ici vendredi, un plan détaillé sur la manière dont leurs équipes comptent adapter leurs stratégies.

Réorganiser le secteur

« Nous devrons construire de nouveaux arguments, de nouveaux alliés pour notre travail. Nous devrons trouver de nouvelles sources de financement. Nous devrons riposter. Nous devrons repenser notre action », a-t-il déclaré. Mais la tâche ne sera pas aisée.

Il a notamment appelé à transférer le pouvoir décisionnel vers les leaders humanitaires dans les pays en crise et les communautés partenaires de l’ONU sur le terrain. « Nous allons réduire une grande partie de notre travail humanitaire, certes, mais nous ne renoncerons pas à nos valeurs », a-t-il affirmé.

Les Nations Unies ont donc décidé de débloquer 110 millions de dollars du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) pour compenser « la baisse précipitée » des montants consacrés à l’aide humanitaire dans le monde.

Ces fonds d’urgence doivent « renforcer l’assistance vitale dans 10 des crises les plus sous-financées et négligées au monde, en Afrique, Asie et Amérique latine », a indiqué des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Pour les pays frappés par les conflits, le changement climatique et les troubles économiques, les réductions brutales de financement ne signifient pas que les besoins humanitaires disparaissent », a déclaré dans un communiqué Tom Fletcher, Coordonnateur des secours d’urgence et chef d’OCHA. L’OCHA est chargé de géré le CERF.


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