L’union dans la diversité pour changer tout ce qui doit l’être

Billet philosophique

26 octobre 2007, par Roger Orlu

Le 22 octobre dernier, à la demande du président de la République, dans tous les lycées de France et d’Outre-mer, a été lue la lettre d’adieu adressée par Guy Môquet à ses parents et à son petit frère avant qu’il soit fusillé ce même jour en 1941 par l’armée nazie dans une carrière de Châteaubriant (Ouest de la France) aux côtés de 26 autres militants communistes. Le “tort” de ce jeune de 17 ans et de ses camarades était d’avoir dit “non” et résisté à l’occupant et à ses collaborateurs français, dont les représentants de l’État pétainiste ; ils l’ont payé de leur vie.
L’hommage rendu lundi d’une façon ou d’une autre à ce militant et - à travers lui - à tous les résistants qui ont lutté pour la liberté et la justice durant la Seconde Guerre mondiale a fait l’objet de nombreuses polémiques. Qu’il y ait un débat autour d’un événement chargé d’autant d’émotion afin d’en clarifier la signification, le contexte et la portée, voire de dénoncer certaines hypocrisies de la part des “collabos” d’aujourd’hui avec la dictature de l’argent, cela se comprend.
Mais par moments, en suivant ces polémiques, on a pu avoir l’impression que certains oubliaient l’essentiel du message de Guy Môquet dans sa lettre : « j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. (...) Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir ».

66 ans après, on sait que le mode de développement imposé à la planète par les classes dominantes menace l’humanité de disparition. Déjà, la grande majorité de l’humanité meurt ou souffre de famines, de misères, de maladies, de guerres et de catastrophes environnementales liées à un système économique, social, culturel, médiatique et politique au moins aussi néfaste et criminel que le racisme et le totalitarisme nazis.
Dans son essai “Le Divin Marché” paru le 4 octobre chez Denoël, le philosophe Dany-Robert Duffour explique qu’« après la prolétarisation des ouvriers, le capitalisme a procédé par l’égoïsme à la “prolétarisation des consommateurs”. Pour absorber la surproduction, les industriels ont développé des techniques de marketing visant à capter le désir des individus afin de les inciter à acheter toujours davantage ». Pour ce professeur en sciences de l’Éducation à l’Université Paris-VIII et directeur de programme au Collège international de philosophie, « consommer tous ensemble les mêmes produits tout en croyant garder notre liberté, c’est le tour de passe-passe que nous inflige le capitalisme ».

Si nous voulons diminuer les dégâts et souffrances imposées aux humains par la minorité des plus riches à travers ce système, n’y a-t-il pas un grand défi à relever : unir dans le respect de leur diversité le maximum de personnes qui veulent changer tout ce qui doit l’être dans nos sociétés et sur la planète ?
N’est-ce pas ce qu’ont fait jusqu’à la Libération en 1945 les personnes et les organisations qui ont combattu le nazisme ? N’est-ce pas ce qu’ont fait les Réunionnais qui ont obtenu l’abolition du statut colonial de leur pays par la loi du 19 mars 1946 ? N’est-ce pas ce qu’ont fait les Réunionnais qui ont lutté pour obtenir en 1996 l’égalité sociale avec les Métropolitains parce que, comme disait Laurent Vergès, un autre jeune rebelle, « nou lé pa plis, nou lé pa moin, rèspèkt anou »...?
Alors, dialoguons pour voir ensemble comment rester dignes de Guy Môquet et de ses camarades.

Roger Orlu


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