Europe

La C.R.P.M., vraie partenaire de l’Europe

En congrès en Saint-Malo pour son 30ème anniversaire

13 septembre 2003

La Conférence des régions périphériques et maritimes d’Europe (CRPM), vient de fêter son trentième anniversaire. Elle s’est réunie pendant trois jours à Saint-Malo (dans l’Ouest de la France), et affirme qu’elle entend être un réel partenaire de la Communauté, notamment en ce qui concerne la gestion des fonds européens.

La CRPM a été créée en 1973 - à Saint-Malo d’ailleurs - pour faire « entendre la voix des régions » auprès des institutions européennes. C’est donc sur son lieu de naissance qu’elle a fêté son 30ème anniversaire, et qu’elle a pu mesurer le chemin parcouru pendant ces trois décennies. Aujourd’hui, la CRPM réunit les zones maritimes de l’Europe des Quinze mais aussi celles de certains pays périphériques, comme Tanger-Tetouan au Maroc, ou Sousse en Tunisie, qui ont le statut de membre associé. Elle dispose d’un budget annuel de 2,5 millions d’euros, issus exclusivement des cotisations de ses adhérents, puisque la CRPM refuse les aides de Bruxelles, afin de conserver son indépendance.
Les 10 - 11 - 12 septembre derniers, la CRPM, à l’invitation de la Région Bretagne, a tenu son assemblée générale et a fixé ses objectifs : « se repositionner pour affronter les défis d’une Union européenne élargie », comme l’expliquait son secrétaire général, Xavier Gizard. Et jamais, semble-t-il, elle n’a été aussi proche du but espéré.
Car, comme il le confiait au journal économique "Les Échos" : « Pour la première fois, elles (les régions - NDLR) sont institutionnellement associées à la vie de l’Union puisque Valéry Giscard d’Estaing, le président de la Convention sur l’avenir de l’Europe, prend en compte nos propositions pour la dimension territoriale de la future Union ».
Une prise en compte qui n’avait pas toujours été. En effet, le président de la CRPM, Claudio Martini, se rappelle que l’association a été bien peu considérée, et ce pendant longtemps, par ces mêmes autorités européennes.
Les choses ont donc changé, et « la Commission a désormais bien compris notre rôle et notre volonté. Nous sommes une agence d’idées pour l’Europe et pas un lobby d’intérêts partisans. On travaille pour l’ensemble du développement économique, social et culturel de nos régions ».

Décentralisation

Et de poursuivre : « La région est le bon échelon pour faire vivre l’Europe, la rapprocher du citoyen et l’inscrire dans de grands projets structurants ».
Des grands projets qui nécessitent des fonds. C’est donc la question de la gestion des fonds européens qui a été posée durant cette assemblée générale.
La CRPM souhaite maintenant que se mettent en place les modalités d’une association systématique des autorités régionales aux travaux des institutions pour la création du gouvernement de l’Union européenne élargie.
Un volet de la décentralisation, qui met la région en position de "chef de file" en la matière. Et qui semble être acceptée par l’Europe, puisque le commissaire européen Michel Barnier, en participant aux travaux de la CRPM, a montré concrètement qu’il s’intéressait de près aux opinions et aux volontés de la CRPM.
Une position qui a enchanté le président qui souhaitait, par ailleurs, que dans le cadre de la distribution des fonds structurels européens après 2006 les régions puissent bénéficier d’enveloppes financières équilibrées.

Handicap et équité

D’où cette proposition de la CRPM : puisqu’on est en train de préparer le budget alloué aux fonds structurels européens, pour la période postérieure à 2006, il est tout à fait normal que la CRPM ait son mot à dire. D’autant plus que ce budget sera le premier intégrant les nouveaux adhérents à l’Europe, à savoir les pays de l’Est. L’association est donc claire : il faut « un système nouveau d’attribution des fonds ».
Le système prévalant actuellement semblant manquer de « clarté et d’équité », celui proposé aujourd’hui implique beaucoup plus les régions : « chaque région pourra choisir parmi plusieurs thèmes structurants liés à l’éducation, l’environnement ou le transport celui ou ceux pour lesquels elle souhaiterait un soutien financier de l’Europe. La discussion serait ainsi tripartite entre l’Union européenne, l’État et les régions ». Ce qui fait noter aux "Échos" : « Ce qui risque de ne pas plaire aux grandes villes, soucieuses de leur légitimité ».

Désenclavement

Et Claudio Martini de préciser : « Nos régions périphériques et maritimes doivent, par exemple, bénéficier des fonds financiers nécessaires pour accéder à des moyens de transport nous permettant de combler nos handicaps géographiques, afin d’accéder au marché dans les mêmes conditions que les zones plus centrales ».
Autrement dit, la voie fluviale et maritime, le tout dans un esprit de développement durable, préservant l’environnement et luttant contre la pollution.
La volonté de la CRPM est donc d’être « un réel aiguillon » vis à vis de l’Europe. Mais son champ d’action n’est pas que l’Europe. En effet, les membres de la CRPM ont affirmé qu’ils se sentaient « proches des régions ultraphériphériques de l’Union ». Mais il n’est pas là question de ce que l’on entend généralement par RUP, puisque, l’association évoque « le Maghreb et l’Amérique du Sud » afin d’y nouer de nouvelles collaborations. Ce qui a fait conclure au journal "Les "Échos" : « Pour ses élus, une plus forte présence mondiale des institutions permettrait une meilleure promotion du modèle européen ».

La Région Réunion : « Une nouvelle frontière » pour la C.R.P.M.
Le Conseil régional de La Réunion a publié hier le communiqué suivant : « 150 Régions européennes sont réunies depuis jeudi dernier à Saint-Malo pour le 30ème anniversaire de leur organisation : la C.R.P.M. (Conférence des Régions Périphériques et Maritimes).

Elles célèbrent cet anniversaire dans la ville où, en 1973, vingt-trois Régions créaient à l’invitation de la Région Bretagne cette première organisation inter-régionale européenne dans le but de faire reconnaître le rôle des Régions dans la construction européenne et la nécessité que cette construction profite à toutes les Régions d’Europe et en particulier celles les plus éloignées des centres de décision politique et de développement économique.

C’est de cette initiative que devait naître la CRPM, treize ans après la politique de cohésion européenne qui gère aujourd’hui les Fonds Structurels et vingt ans après le Comité des Régions - instance officielle de l’Union. Mais, comme l’ont rappelé jeudi le Président de la CRPM et ce vendredi le message du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, les anniversaires doivent rappeler le passé… mais surtout éclairer l’avenir.

Dans ce cadre, suite à une proposition faite il y a deux ans par la Région Réunion, s’est tenu jeudi un séminaire présidé par Paul Vergès sur le rôle des Régions et de la C.R.P.M. pour le développement durable.

Les Régions participantes ont pu ainsi exprimer leurs préoccupations face aux événements qui ignorent les frontières et touchent leurs territoires, leurs économies et leurs populations. Des pollutions marines… aux changements climatiques… en passant par les conséquences des diminutions des ressources naturelles (comme les ressources marines) ou encore de la globalisation avec ses délocalisations économiques… les exemples ne manquent pas.

Ces évolutions sont d’autant plus à prendre en considération qu’il revient souvent aux Régions de mettre en œuvre les nouvelles normes politiques décidées au niveau national, européen ou mondial. Les Régions ont parfaitement conscience qu’elles doivent aujourd’hui penser et agir en fonction des principes du Développement Durable. De même qu’elles sont conscientes qu’à l’échelle du monde, les réponses ne peuvent être apportées que par la coopération interrégionale dans un cadre de codéveloppement attaché aux valeurs d’égalité et de fraternité.

Ce sont ces conclusions qui ont amené les Régions présentes à créer un groupe de travail "Développement Durable", dont la mission sera de créer une banque de données interrégionales et de lancer des actions concrètes de coopération entre elles.

De même, il a été décidé que la C.R.P.M. continuera à participer activement à la constitution d’un réseau mondial des Régions pour le Développement Durable dont la Région Réunion sera membre du Comité Directeur, en tant que l’une des Régions participantes au Sommet de Johannesburg l’an dernier.

Claudio Martini - Président de la Région Toscane (Florence-Italie) et Président de la C.R.P.M. -, a remercié Paul Vergès d’avoir présidé ces travaux. Il a conclu ce séminaire en disant que cette séance venait d’aider la C.R.P.M. à définir ses objectifs pour les prochaines années et que le Développement Durable et la coopération interrégionale au niveau international devenaient une "nouvelle frontière" pour la C.R.P.M.… C’est une orientation nécessaire dans le monde d’aujourd’hui, comme le prouvaient les débats tenus au même moment à Cancun (Mexique) sur l’O.M.C., et en cette date du 11 septembre marquée dans le passé par l’attaque du World Trade Center et par l’assassinat de Salvador Allende.

Le Président de la Région Réunion, quant à lui, concluait ce séminaire en se disant heureux que sa Région ait pu contribuer à la définition des orientations de la C.R.P.M. pour les trente années à venir ».


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