Pourquoi les États-Unis agressent la Chine -4-

La Chine n’ambitionne pas de remplacer les États-Unis

17 août 2022, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Le discours de XI Jinping, au Forum de Davos, le 17 janvier 2017 est notre deuxième document de travail pour comprendre « pourquoi les États-Unis agressent-ils la Chine ». Même si chronologiquement, l’événement a eu lieu 3 ans avant le discours de Pompéo, le 20 juillet 2020, nous avons donné la parole à l’agresseur pour exposer les termes de sa nouvelle doctrine introduite par son questionnement : « Qu’a gagné le peuple américain 50 ans après l’ouverture du dialogue avec la Chine ? ». Il fait porter à la Chine et au Parti communiste Chinois le déclin de son pays. Les propos sont haineux. Il accuse de trahison les entreprises américaines qui travaillent avec les Chinois. On peut raisonnablement penser qu’il a attrapé l’urticaire après le discours du chef communiste et les commentaires élogieux qui ont suivi.

Xi Jinping à la rencontre annuelle du Forum économique mondial, à Davos en 2017. (photo Manuel Lopez, World Economic Forum)

Magistral à Davos

En effet, invité d’honneur à cette rencontre annuelle de Davos, Xi Jinping avait adopté la posture du « Président du monde », régulièrement interrompu par des salves d’applaudissements des 3000 participants, même lorsqu’il a salué l’effort du Parti communiste Chinois sans lequel il ne pourrait y avoir de succès. Les États Unis étaient absents, trop occupés à régler les préparatifs de l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier 2017. Xi Jinping n’a laissé aucune chance aux thèses protectionnistes du nouveau président des États-Unis, ni à la guerre commerciale, ni au rejet du Traité sur le Climat.

Dans un exposé magistral, sans note, calme mais ferme, il a délivré sa vision de l’avenir et proposé des pistes de prospérité pour tous les pays et pour toutes les couches sociales. Il a passé en revue les problèmes concrets du monde et souligné le grand défi des inégalités et de la pauvreté :

« Le 1 % plus riche de la population mondiale possède plus de richesses que les 99 % restants ! Plus de 700 millions de personnes dans le monde vivent encore dans l’extrême pauvreté. Pour beaucoup de familles, avoir un domicile chauffé, assez de nourriture et un emploi sûr est encore un rêve lointain. C’est le plus grand défi auquel le monde est confronté aujourd’hui. ».

Rassembleur et responsable

Il s’est positionné en dirigeant rassembleur et responsable, expliquant les raisons du succès sans omettre l’étiquette du Parti.

« La Chine est devenue la deuxième plus grande puissance économique du monde grâce à trente-huit années de réformes et d’ouverture. Un chemin droit mène à un avenir brillant. La Chine est arrivée à ce niveau parce que le peuple chinois, sous la direction du parti communiste chinois, a ouvert une voie de développement qui correspond aux conditions réelles de la Chine (…). La Chine a, ces dernières années, réussi à s’engager dans une voie de développement qui lui convient, en s’appuyant à la fois sur la sagesse de sa civilisation et sur les pratiques des autres pays de l’Est et de l’Ouest. En explorant ce chemin, la Chine refuse de rester insensible à l’évolution des temps ou de suivre aveuglément les pas des autres. »

Cet extrait montre qu’à aucun moment, la Chine n’ambitionne de prendre la place des États-Unis ou bien imposer un régime communiste aux Américains. Voilà pourquoi nous avançons l’hypothèse que « l’américan Way of life » a atteint ses limites et que le pays est en train de se disloquer. Quand on a une dette de 30 000 milliards, on vit au-dessus de ses moyens ; on sait qu’on n’est pas en mesure de rembourser. Alors, on va mettre le désordre pour que tout soit paralysé et qu’on finisse par une remise à plat. Et, comme dit Bruno Lemaire, tant pis si tout le monde va souffrir. Sous entendu, l’Occident s’en sortira toujours. Quelle illusion ! Les dirigeants occidentaux sont incapables d’imaginer une autre voie. Le slogan de campagne de Trump, c’était « america first » ou bien « Make América great again » ; celui de Biden « America is back ». Dans les 3 cas, ces mantras exorcisent la peur d’avoir perdu le leadership.

Il y a des raisons objectives pour que la Chine retrouve sa puissance d’avant la colonisation. Elle a choisi le même terrain de jeu que les leaders, s’est perfectionnée, dispose d’une gouvernance stable et gagné la confiance de son peuple. Ainsi, le rêve de retrouver le prestige d’avant la colonisation est à la portée du peuple.

En guise de conclusion

Rappelons que l’expansion coloniale des européens datent de 5 siècles. La civilisation chinoise est un processus de 5000 ans qui a beaucoup apporté au monde entier. Imaginez les échanges le long de la route de la soie et les transports maritimes. Pensez aux prouesses de Zheng He, le grand explorateur qui a sillonné les mers du Sud jusqu’à l’Océan Indien, côte orientale de l’Afrique et le Moyen Orient. Selon, Angus Madison, dans « L’économie chinoise. Une perspective historique, 960-2030 », Paris, OCDE, 2007, le PIB en Chine atteindrait 23 % en 2030.. A ce moment-là, elle aura retrouvé à peu près son niveau d’avant la colonisation et mettra fin à l’humiliation due à l’occupation et l’annexion de plusieurs territoires du pays dont l’île de Taïwan.

Ary Yee Chong Tchi Kan

A la Une de l’actuMondialisationChine

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus