Le président des Etats-Unis obligé d’intervenir après qu’un jeune ait été tué par un policier

La colère gronde à Ferguson

20 août 2014, par Céline Tabou

Depuis la mort de Michael Brown, le 9 août, abattu par un policier de six balles, dont une fatale à la tête, de violentes émeutes ont lieu dans la ville de Ferguson, dans le Missouri, aux Etats-Unis. Face à l’ampleur de la situation, le gouverneur de l’Etat, a fait appel à la Garde nationale.

Photo Indymedia

Les militaires de la Garde nationale étaient déployés lundi soir, et aucun couvre-feu n’a été mis en place lundi, selon le gouverneur Jay Nixon, qui a indiqué que la mission des militaires était « limitée ».

La « guerre aux citoyens »

Ces derniers devraient monter la garde autour du quartier général de la police, cependant, d’après un journaliste de l’Agence France Presse, près de 200 membres de la Garde nationale se sont équipé au QG. Des tireurs d’élite étaient postés sur les toits des commerces alentours. « Ils sont censés protéger les Américains, mais ils font la guerre aux citoyens non armés », s’est insurgé Ron Henry, un jeune Noir, interrogé par l’AFP.
Les violences de ces derniers jours contrastent avec l’hommage pacifique rendu à Michael Brown. Des centaines de personnes ont demandé « Justice pour Michael Brown ». Le nouveau capitaine de la police Ron Johnson, qui a rejoint les manifestants, a cherché à apaiser les tensions en promettant rester « autant qu’il le faudra ».
Le président Barack Obama a indiqué avoir recommandé au gouverneur de faire un usage « limité » de cette force. « Je surveillerai dans les jours qui viennent qu’elle aide, plutôt qu’elle n’aggrave la situation », a-t-il prévenu, ajoutant que le ministre de la Justice Eric Holder se rendrait sur place mercredi.
Au lieu d’apaiser la situation, la venue massive de ces policiers a exacerbé les tensions. Bien que le président a réitéré son appel à la « retenue », ce dernier n’a pas exclu « l’utilisation de la force excessive par la police ». Une force avérée lors de l’autopsie du jeune homme. Au moins « six balles ont atteint (Michael Brown), et deux ont peut-être re-pénétré » dans le corps, a déclaré Michael M. Baden, légiste de renom mandaté par la famille.

« Aucune trace » de lutte

Trois autopsies ont été demandées, l’une par les autorités locales, l’autre par la famille et une troisième par le ministre de la Justice afin de faire la lumière sur les circonstances de la mort du jeune homme. L’autopsie n’a relevé aucun résidu de poudre sur le corps de la victime de 18 ans et « aucune trace » de lutte.
D’après le légiste, cité par l’AFP, les quelques abrasions sur le corps étant attribuées à la chute sur la route. Les versions divergent, entre la police et les témoins sur place lors du drame. La police affirme que Michael Brown aurait tenté de se saisir de l’arme de service du policier qui l’a abattu. Une confrontation se serait engagée, au cours de laquelle ce dernier aurait été blessé au visage. Plusieurs témoins, dont l’ami de Michael Brown qui l’accompagnait, ont affirmé qu’il avait les mains en l’air.
Selon l’un des médecins légistes de la famille, la victime a été atteinte au sommet du crâne, cause de la mort. C’est la balle qui a frappé au sommet du crâne, « alors qu’il se penchait en avant », qui a été fatale. De son côté, l’avocat de la famille de Michael Brown, Benjamin Crump, a résumé les principaux griefs de la communauté noire : la lenteur de l’enquête et la communication confuse de la police donnant l’impression d’accuser la victime. « On va regarder de près l’autopsie, le rapport balistique pour voir la trajectoire des balles, on saura qu’il s’est agi d’une exécution », a indiqué l’avocat. « Tous les témoins ont dit qu’il (Michael Brown) avait les mains en l’air et que la police a continué à tirer ».

Un problème racial

Barack Obama a mis en garde les manifestants qui auraient recours à la violence : « Si je comprends les passions et la colère nées de la mort de Michael Brown (...) piller (des magasins) ou attaquer la police ne peut que contribuer à faire monter les tensions, cela affaiblit la justice plutôt que cela ne la renforce ».
Concernant les inégalités raciales, au coeur de la contestation actuelle, Barack Obama a expliqué qu’un long chemin restait à parcourir avec des communautés « qui se retrouvent souvent isolées, sans espoir et sans perspectives économiques ».
« Dans de nombreuses communautés, les jeunes gens de couleur ont plus de chances de finir en prison ou devant un tribunal que d’accéder à l’université ou d’avoir un bon emploi », a-t-il souligné. Cependant, ce dernier a tenu à mettre en avant les « progrès extraordinaires » réalisés sur cette question, toutefois « nous n’avons pas fait de progrès suffisants ». Pourtant les tensions raciales restent vives dans cette ville, où la population est majoritairement noire et le police et ses dirigeants blancs.

 Céline Tabou 

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