La crise en Europe ne cesse de s’amplifier

La Commission européenne reconnaît l’existence d’une « véritable urgence sociale »

2 octobre 2012

D’après la dernière Revue trimestrielle sur l’emploi et la situation sociale dans l’UE, ces derniers sont restés préoccupants au second trimestre de 2012, tandis que les divergences entre États membres demeurent persistantes. L’UE est en récession ou au bord de la récession depuis la fin 2011 et la conjoncture économique d’ensemble est à son point le plus bas depuis trois ans. Dans ce contexte, l’emploi est inférieur à son niveau de l’année dernière et les perspectives de recherche d’emploi restent faibles par rapport aux années d’avant-crise. Ci-après un communiqué de la Commission européenne qui rend compte de cette situation alarmante.

Les chiffres de l’emploi et de la situation sociale dans l’Union européenne sont restés très préoccupants au deuxième trimestre 2012. Globalement, le chômage a augmenté, mais son évolution a été très inégale selon les États membres ; la situation financière des ménages s’est également détériorée et la pauvreté touchant les enfants a progressé. L’Union subit la récession ou la frôle depuis fin 2011 et le climat économique général est à son plus bas niveau depuis trois ans. Dans ce contexte, la probabilité de trouver un emploi reste faible, par comparaison avec les années qui ont précédé la crise. Au premier trimestre 2012, ce sont les salariés grecs et autrichiens à plein temps qui ont travaillé le plus grand nombre d’heures, à l’inverse de leurs homologues finlandais, italiens et irlandais. Ces observations font partie des principales conclusions de la dernière Revue trimestrielle sur l’emploi et la situation sociale.

Pour des « investissements sociaux »

« Les décalages sur le front social et sur celui de l’emploi n’ont jamais été plus prononcés entre les États membres qu’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle ceux-ci devraient appliquer sans délai les recommandations spécifiques par pays du paquet 2012 adoptées en juillet dernier et mettre en place les mesures énoncées dans le Paquet pour l’emploi de la Commission », a déclaré le commissaire européen à l’Emploi, aux Affaires sociales et à l’Inclusion, M. László Andor. « Le déclin régulier du revenu disponible des ménages et la progression de la pauvreté chez les enfants reflètent l’existence d’une “véritable urgence sociale”, pour citer M. Barroso à la conférence sur “Des emplois pour l’Europe”, et soulignent la nécessité d’intensifier les investissements sociaux dans l’ensemble de l’Europe. La Commission examinera ces aspects dans son prochain train de mesures pour la stimulation de ces investissements sociaux ».

25,3 millions de chômeurs

Il est particulièrement inquiétant de constater que le chômage continue de gagner du terrain ; il a atteint un niveau record, puisqu’il touche désormais 25,3 millions de personnes, soit 2,6 millions de plus (+11,6%) qu’en mars 2011. Son taux s’établit, pour l’ensemble de l’Union, à 10,4% de la population active ; il a grimpé dans dix-sept États membres et les écarts se sont à nouveau creusés entre les pays plus performants et les pays dits « périphériques ». Il existe à présent un écart inédit de 20,6 points de pourcentage entre le taux de chômage le plus faible de l’Union (Autriche, 4,5%) et le taux le plus élevé (Espagne, 25,1%). Le nombre de chômeurs de longue durée a augmenté dans quinze États membres depuis l’année dernière et se situe maintenant à 10,7 millions. Cette catégorie de chômeurs représente désormais 4,5% de la population active (+0,4 point de pourcentage en un an).

Un revenu des ménages en baisse

Le revenu disponible brut des ménages a baissé dans les deux tiers des pays de l’Union entre 2009 et 2011. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Grèce (15,7%), en Irlande (9%), ainsi qu’en Lituanie, en Espagne, à Chypre et en Hongrie (plus de 4% dans chacun de ces États membres). Cette évolution contraste fortement avec la situation observée dans les pays nordiques (Allemagne, Belgique, Slovaquie et France), où le système de protection sociale et un marché de l’emploi plus robuste ont permis aux revenus globaux de continuer à augmenter malgré la crise.
Celle-ci a néanmoins touché de vastes pans de la population et conduit à un accroissement de la pauvreté dans ces pays également. Rien d’étonnant à ce que la part de la population de l’Union qui se trouve confrontée à de graves difficultés financières reste à un niveau record. Les citoyens des pays touchés par les baisses de revenus les plus fortes ont aussi, en général, une perception plutôt négative de leur situation sociale, comme le montre l’Eurobaromètre 2012 sur le climat social.

Écarts de croissance

L’économie a continué de croître dans quelques-uns des grands États membres (Allemagne, France et Pologne), alors qu’elle a poursuivi sa baisse dans d’autres (Italie et Royaume-Uni). Au deuxième trimestre 2012, l’activité économique et l’emploi se sont fortement contractés en Espagne et au Portugal.

Des perspectives moroses pour les jeunes
(photo Toniox


Bien qu’il n’ait pas poursuivi sa progression au deuxième trimestre, le chômage des jeunes dans l’Union a atteint en juillet un niveau spectaculaire : 22,5%. Douze États membres ont enregistré des taux supérieurs à 25%, et trois seulement se maintiennent sous les 10% : l’Autriche, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Des perspectives aussi moroses pour les jeunes reflètent un risque croissant de chômage de longue durée et d’inactivité durable, comme en témoigne l’augmentation du nombre de jeunes qui ne travaillent pas et qui ne suivent ni études, ni formation (NEET). La Commission œuvre activement à la réduction du chômage des jeunes ; elle lancera dans le courant de l’année deux initiatives : une proposition consacrée aux « garanties pour la jeunesse » (faire en sorte que, dans les quatre mois suivant sa sortie du système éducatif, tout jeune ait un emploi, suive une formation ou reprenne des études), et une proposition relative à un cadre de qualité pour les stages.

Le détail des chiffres de 2011 permet de brosser un tableau plus explicite du marché de l’emploi dans son ensemble. Indépendamment des personnes sans emploi, l’Union compte environ 8,6 millions de travailleurs à temps partiel sous-employés, dont une majorité de femmes, et 10,9 millions de personnes qui se trouvent dans la zone grise entre l’inactivité et le chômage (celles qui ne cherchent plus d’emploi, par exemple).

La pauvreté chez les enfants

La pauvreté chez les enfants devient un problème pour un nombre croissant de ménages, conséquence de l’insuffisance des revenus des parents et de l’inadéquation de l’aide apportée aux ménages avec enfants. Le pourcentage d’enfants menacés de pauvreté (après versement des transferts sociaux) fluctue entre environ 10% au Danemark et en Finlande et plus de 20% en Espagne, en Grèce, en Bulgarie, au Portugal, en Italie, en Roumanie, en Lettonie, en Pologne, en Lituanie et au Luxembourg. Le montant et l’efficacité des allocations familiales varient considérablement d’un État membre à l’autre. Les structures de garde d’enfants à des prix abordables constituent un élément très important, dans la mesure où elles donnent aux parents, et en particulier aux mères, la possibilité de travailler.
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