Alain Dreneau

La Constitution est sortie de son lit...

28 mai 2005

(Page 4)

Le peuple français a mis en marche sa capacité de résistance et son instinct de survie. Investi de façon inespérée du pouvoir de peser - enfin ! - sur le cours de la politique habituellement menée sur son dos et dans son dos, le peuple français se réveille et se lève contre la doctrine économique du libéralisme.
Il la rejette avec d’autant plus d’énergie qu’il a clairement compris, tout au long de ce joli mois de mai, qu’on allait lui faire ratifier “en douce” - mais pour toujours ! - cette doctrine libérale qui est la “bible” du capital financier supra-national.
Grâce à un débat en profondeur, et malgré les coups fourrés des médias dominants (1) , la mystification apparaît aujourd’hui en pleine lumière. Sous couvert de nous faire nous prononcer sur ce qu’est normalement une Constitution - un socle commun d’institutions et de valeurs -, “ils” ont voulu en fait “constitutionnaliser” leur idéologie libérale exclusive et totale. La Constitution, telle une rivière en folie, est sortie de son lit pour venir envahir le terrain des lois et des règlements, qui font les politiques économiques ultra-libérales.
Comment en est-on arrivé là ? De la façon la plus logique qui soit, la logique du capital. Pas d’assemblée constituante. Un travail de camouflage confié à un des grands prêtres du libéralisme éclairé, Giscard d’Estaing.
Un objectif : sortir l’économique - à la sauce libérale : la quête du profit maximum - de toute possibilité de contrôle démocratique.
Un résultat : ces 448 articles, ces 882 pages qui voudraient se faire passer pour des déclarations d’amour désintéressées envers une Europe paradis des droits sociaux.
Et un gros chantage à la clé : "Peuple français, si tu n’acceptes pas de fonder le 29 mai le droit éternel de la loi du marché où “la concurrence est libre et non faussée”, c’est que tu es contre l’Europe et ses prestigieux “héritages culturels, religieux et humanistes”".
Et le tour est joué, ont-ils pensé ! La loi de la jungle enfin “sanctuarisée” : le rêve pour le patronat, les gros actionnaires, les multinationales, les spéculateurs, l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international...
Heureusement, il y a fort à parier que le mauvais tour est en train d’échouer ! Le “non” est un acte de survie. Un “non” de lucidité et de lutte, qui ouvre le champ de nouveaux combats populaires.
Premier acte : aller voter demain !

(1) Voir le faux scoop du “Monde” au service du “oui”, avec son information fracassante du 25 mai : "L’appel des syndicats européens pour le “oui”" (avec affichettes dans tous les kiosques). Information qui s’est révélée n’être en fait que quatre interviews de dirigeants (trois Italiens, plus J. Chérèque de la CFDT).

Alain Dreneau, le Port


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus