Thaïlande

La contestation dure à Bangkok

11 décembre 2013, par Céline Tabou

Un mois après le début de la contestation à Bangkok, la première ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, a décidé, le 9 décembre, de dissoudre le Parlement. Cette dernière a annoncé des élections pour tenter de sortir de la profonde crise politique dans laquelle s’enlise la Thaïlande.

Menés par l’homme politique Suthep Thaugsuban, les manifestants ont décidé de maintenir la pression sur le gouvernement, afin de faire « tomber le régime Thaksin », a-t-il déclaré en référence au frère de la première ministre, Thaksin Shinawatra, ancien premier ministre renversé en 2006. Ce dernier serait selon les opposants encore aux manettes du gouvernement.

La contestation contre Thaksin

Dimanche 8 décembre, plus de 140.000 personnes ont manifesté et plus de 150 députés de l’opposition ont annoncé leur démission, faisant basculer le Parlement, disposant de 500 sièges. Le fait marquant de ces mouvements de contestation est la présence de bourgeois de Bangkok proches du principal parti d’opposition, le Parti démocrate, et des groupes ultra-royalistes, tenus par une même haine contre Thaksin Shinawatra. Les manifestants veulent remplacer le gouvernement par un «  conseil du peuple  » non élu, a informé l’Agence France Presse.

Depuis fin novembre, le mouvement s’est intensifié avec l’occupation de plusieurs ministères et administrations et récemment des tentatives de prendre le siège du gouvernement, ayant entrainé des affrontements entre la police et les manifestants. Les manifestants protestent contre une partie du projet de loi d’amnistie qui, selon ses détracteurs, aurait permis le retour de Thaksin Shinawatra. Ce dernier est en exil à Dubai, pour échapper à sa condamnation pour corruption. L’opposition dénonce ce projet de loi favorable à Thaksin Shinawatra, frère de l’actuelle chef du gouvernement et lui-même ancien premier ministre. Bien que rejeté par le Sénat, la colère ne s’est pas apaisée, les opposants veulent la chute du clan Thaksin.

De nouvelles élections en vain

A la télévision, la première ministre Yingluck Shinawatra a proposé la dissolution du Parlement « sur la base de consultations avec diverses parties » pour « laisser le peuple décider » . Cette dernière a souhaité des élections législatives « au plus vite », qui pourraient se dérouler le 2 février, selon le porte-parole du gouvernement. En dépit de ces nouvelles élections, selon les médias locaux, le parti au pouvoir reste favori, car le Parti démocrate ne parvient pas à élargir sa base électorale cantonnée à Bangkok et au sud du pays. De plus, le parti démocrate n’a pas remporté d’élections nationales en vingt ans.

Pour Jean-Louis Margolin, historien, enseignant et chercheur à l’université Aix-Marseille et à l’Institut de recherche asiatique, la dissolution du Parlement laisse à penser que « rien n’est véritablement résolu », a-t-il expliqué sur Radio France International. Car « tous les observateurs prévoient que l’actuelle majorité, c’est-à-dire celle qui soutient le Premier ministre contesté, devrait être reconduite assez confortablement lors des élections ». D’après cet universitaire, le Conseil du Peuple voulu par Suthep Thaugsuba « ne pourrait revenir qu’à une forme de dictature soutenue par l’armée, par les élites et en particulier par le palais ». La crise politique que connait la Thaïlande pourrait aboutir au boycott des élections par les opposants, bloquant un peu plus la situation.

Céline Tabou


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