Une nouvelle équipe à la Commission

La crainte d’une orientation ultra-libérale

24 août 2004

À un peu plus de deux semaines de son audition par l’assemblée européenne, la nouvelle Commission de Bruxelles a été strictement "cadrée" en fin de semaine dernière par son président, Jose Manuel Barroso. L’attribution des postes stratégiques - Concurrence, Commerce - à des supporters affichés du modèle anglo-saxon de libéralisme comme la Hollandaise Neelie Kroes ou le très controversé Britannique Peter Mandelson, suscite depuis quelque jour la controverse tant en France qu’en Allemagne.
À la grande satisfaction du “Wall Street Journal”, "le centre de gravité européen s’est déplacé vers les partisans avoués de l’économie de marché".
Il est vain d’opposer l’introuvable "économie sociale de marché" qui a conduit au "processus de Lisbonne" (Conseil européen de 2000) devant conduire l’Union à dépasser les États-Unis en matière de compétitivité d’ici à 2010, en développant la mise en condition de catégories entières de population chez les jeunes et les femmes, à une Europe qui serait désormais sur la pente d’un libéralisme pur et dur.
Tout montre que l’échec prévisible de l’économie sociale de marché trouve son prolongement dans une politique dite "ultra-libérale". En fait, comme le montre la politique menée par Berlin, l’Allemagne étant pourtant à l’origine du concept d’économie sociale de marché, le retour en force du libéralisme peut être interprété comme son prolongement.
Il apparaît en effet bien difficile de distinguer - au-delà de quelques nuances - la moindre faille entre néo-libéraux et partisans de l’économie sociale de marché, dans le soutien de la politique de la Banque centrale européenne en faveur des marchés financiers. La gestion de l’euro tel qu’il a été défini pèse également dans ce sens. L’arrivée de dix nouveaux pays dont les écarts de compétitivité avec le "noyau dur" européen sont de un à vingt, fait de la monnaie unique un instrument de contrainte supplémentaire.
De fait, il y a une contradiction majeure entre les objectifs affichés par Lisbonne et des politiques budgétaires et surtout monétaires et financières exclusivement tournées vers la guerre financière mondiale impliquant une pression considérable contre les Européens en matière de salaires, de protections sociales, de financement de services publics assurés par des entreprises publiques.
Enfin, Manuel Barroso, de même que les nouveaux adhérents de l’Est ont confirmé leur attachement à l’atlantisme y compris dans ses dérives irakiennes. Pour le nouveau président de la commission, "il n’y a aucune contradiction entre partisans de l’intégration européenne et l’atlantisme". Pour lui "il est de nos intérêts de travailler avec les États-Unis".

(Source : “L’Humanité”)


Travailler 4 heures de plus, payées 1 heure

"Comme nous vous l’avons indiqué lors de la réunion du personnel du 22 juillet dernier, la société Ronzat rencontre d’importantes difficultés financières (...) Dans ce contexte, nous avons décidé de ramener la durée collective du travail à 39 heures par semaine pour l’ensemble des salariés. Cette augmentation de la durée collective du travail va produire des effets sur la structure des rémunérations".
Datée du 29 juillet, cette lettre, envoyée recommandé avec demande d’accusé de réception, que les salariés ont reçue à la veille de leur départ en congé, était assortie d’une proposition d’augmentation de leur temps de travail de 4 heures payées 1 heure. Et elle était accompagnée d’un coupon-réponse constitué de cases à cocher, à retourner dans un délai d’un mois.
"À défaut de réponse dans ce délai, le changement de structure de la rémunération sera réputé accepté", était-il précisé. La lettre indiquait aussi : "En cas de refus, et à défaut de possibilité de reclassement, nous serons contraints d’envisager la rupture de votre contrat de travail dans le cadre d’une procédure de licenciement pour motif économique". Force est de constater que les exemples de chantage à l’emploi pour réduire le salaire horaire des travailleurs se multiplient. La lutte pour la défense des 35 heures sera un des grands rendez-vous de la fin de l’année sociale.


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