Somalie

La crainte du retour de l’instabilité

8 janvier 2007

La mort d’un manifestant protestant contre la présence de militaires éthiopiens dans la capitale de la Somalie fait craindre un retour à l’instabilité totale du pays, ce qui ne fait pas le jeu des États-Unis dans cette région stratégique du Nord-Ouest de l’Océan Indien, à portée des champs de pétrole d’Arabie Saoudite et d’Irak.

Un Somalien a été tué samedi 6 janvier par la police lors d’échanges de tirs avec des manifestants qui protestaient contre la présence de militaires éthiopiens à Mogadiscio, ravivant le souvenir de l’anarchie qui a prévalu en Somalie pendant 15 ans avant que les islamistes n’occupent brièvement le pouvoir.
Une semaine après l’intervention des forces éthiopiennes qui ont contribué à chasser l’Union des tribunaux islamiques, les manifestants ont jeté des pierres et brûlé des pneus, emplissant les rues d’une épaisse fumée noire.
Le président Abdullahi Youssouf a demandé samedi à Addis-Abeba de prendre en charge la formation des forces somaliennes, selon la télévision éthiopienne.
« Les manifestants ont tiré en direction d’un policier, la police a répliqué et tué un homme », a déclaré une source gouvernementale. « Je ne sais pas combien de personnes ont été blessées », a-t-elle ajouté.
Des militaires éthiopiens sont intervenus et ont tiré des coups de feu en l’air pour disperser la foule.
Selon un témoin, les manifestants entendaient également protester contre l’ultimatum fixé par le gouvernement aux habitants de la capitale pour rendre leurs armes. Le gouvernement de transition avait donné jusqu’à jeudi aux habitants pour restituer leurs armes, mais le projet, qui a rencontré un succès très limité, a été suspendu samedi.
Les habitants attendent vraisemblablement de voir si le gouvernement est en mesure de maintenir la stabilité relative que les islamistes, qui se sont emparés en juin de la capitale et de la majeure partie du Sud, étaient parvenus à rétablir.

Des barrages

Dans les heures qui ont suivi leur fuite, des miliciens fidèles aux chefs de guerre ont réinstallé des barrages dans la capitale, où ils avaient pour habitude de racketter et de terroriser les civils. Leur retour rapide montre que Mogadiscio pouvait facilement retomber dans l’anarchie qui a prévalu après le renversement du dictateur Mohamed Siad Barre en 1991.
L’hostilité des Somaliens à la présence des troupes éthiopiennes était prévisible compte tenu de la méfiance que leur inspire leur puissant voisin chrétien. Or cette présence, qui devait être très limitée, va probablement durer. « Le président Youssouf a invité l’Éthiopie à entraîner les forces armées somaliennes, ce que le Premier ministre Meles a accepté », a annoncé la télévision éthiopienne, ajoutant que Youssouf, qui a rencontré Meles à Addis-Abeba, entendait mettre sur pied un gouvernement d’union nationale.
L’engagement de l’Éthiopie a été décisif dans la déroute des miliciens de l’Union des tribunaux islamique, dont certains dirigeants sont arrivés au Yémen, de l’autre côté de la Mer rouge.
« Leur présence offre l’opportunité de rechercher un accord entre eux et le gouvernement somalien de transition », a déclaré Aboubakar al Kirbi, ministre yéménite des Affaires étrangères, dans un entretien publié samedi par le quotidien Al Khalidj, des Émirats arabes unis.
En visite à Aden, capitale du Yémen, la diplomate américaine Jendayi Frazer, secrétaire d’État adjointe chargée des affaires africaines, a quant à elle invité toutes les parties au dialogue, islamistes y compris (voir encadré).


Somalie : les États-Unis prennent position

Les États-Unis mettent en garde contre un “”vide sécuritaire en Somalie.

La sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines, Jendayi Fraser, a mis en garde vendredi à Nairobi, au Kenya, contre tout retard dans le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix en Somalie, soulignant qu’il provoquerait un vide sécuritaire dans ce pays.
« Le Groupe de contact international (GCI) pour la Somalie pense qu’il ne doit pas y avoir de vide sécuritaire en Somalie. La force de stabilisation est une urgence pour la Somalie », a-t-elle déclaré Mme Fraser au cours d’une conférence de presse à l’issue de la réunion du GCI. « Nous versons un acompte de 40 millions de dollars pour l’avenir de la Somalie », a-t-elle ajouté.
Le Groupe de contact international pour la Somalie regroupe les partenaires du processus de paix somalien, notamment l’UA, l’IGAD, l’UE, l’ONU, la Chine et les États-Unis. Il a décidé de mobiliser des ressources pour une force de maintien de la paix en Somalie après la victoire des troupes gouvernementales, appuyées par l’armée éthiopienne, sur les combattants de l’Union des tribunaux islamiques. Les Etats-Unis ont promis une première tranche de 14 millions de dollars américains à l’Union africaine (UA) pour les opérations de maintien de la paix en Somalie, a déclaré la représentante de Washington. Elle a invité les Somaliens à s’unir, estimant que le dialogue doit être ouvert aux islamistes modérés.

Force internationale pour la paix

Selon elle, l’UA envisage une force de maintien de la paix en Somalie à laquelle prendront part des pays de l’Union européenne (UE). « Il n’y a pas de différence au niveau de l’approche. L’UA est seulement en train de réfléchir sur un modèle particulier. Nous utiliserons l’assistance des pays comme l’Afrique du Sud l’a fait au Burundi », a déclaré Mme Fraser.
Le Kenya qui préside l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) évaluera les besoins des soldats somaliens et conduira une délégation régionale dans sept pays membres de l’organisation pour explorer les contributions de soldats pour les opérations en Somalie.
Le ministre kenyan des Affaires étrangères, Raphael Tuju, a déclaré qu’il visitera la Somalie, affirmant que le personnel militaire de son pays est près de la frontière pour évaluer la situation.
Le Groupe de contact international pour la Somalie regroupe les partenaires du processus de paix somalien, notamment l’UA, l’IGAD, l’UE, l’ONU, la Chine et les Etats-Unis.


Le président ougandais appelle au rassemblement

La Somalie a besoin d’un soutien urgent pour créer une force de défense nationale en mesure de garantir la paix intérieure, a déclaré vendredi à Addis-Abeba le président ougandais Yoweri Museveni à l’issue d’une visite officielle de deux jours en Éthiopie et au siège de l’Union africaine (UA).
A cette occasion, le président Museveni a noté que du fait de l’inexistence d’une force armée organisée, la Somalie n’est pas en mesure de mettre en œuvre l’accord politique conclu entre les différents clans du pays il y a trois ans environ.
Il a constaté que l’IGAD (l’Autorité intergouvernementale sur le développement) avait réussi à faire négocier, sous son égide et grâce à la médiation kenyane, le processus de paix somalien, mais que son avancée a été stoppée par les forces internationales.
Yoweri Museveni a accusé les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies de créer des obstacles et de retarder l’appui militaire que l’UA avait chargé l’IGAD d’apporter au Gouvernement fédéral de transition (GFT) de la Somalie.
« Nous avançons bien. Nous souhaitions progresser rapidement pour soutenir le gouvernement de transition, mais les forces internationales nous ont empêchés de le faire. Elles avaient répandu toutes sortes de rumeurs. Plusieurs gouvernements africains avaient proposé de déployer des troupes pour soutenir le GFT, mais nous avons été découragés », a-t-il expliqué, tout en critiquant le Conseil de sécurité pour avoir traîné les pieds et tardé à lever l’embargo sur les armes décrété contre la Somalie.
« Nous voulions une force de protection, mais le Conseil de sécurité ne l’a pas autorisé, et le processus tout entier a été bloqué. Ainsi, la situation avait fini par dégénérer du fait de cette stagnation. De nouveaux groupes ont fait leur apparition, certains d’entre eux appelés Islamistes », a-t-il relevé.
En ce qui concerne l’avenir immédiat de la Somalie, il a suggéré que ce pays poursuive sa politique de rassemblement afin de faire adhérer le plus grand nombre de groupes possible à son programme politique.
« Même les islamistes doivent être intégrés au processus politique pour faire entendre leurs points de vue », a encore indiqué le chef de l’État ougandais, tout en soulignant que des élections nationales devront être organisées dans un délai raisonnable de sorte que le processus de paix somalien puisse être consolidé par la légitimité des personnes choisies pour la diriger.


An plis ke sa

Nouvel accord de pêche entre le Mozambique et l’Union européenne
Le Mozambique et l’Union européenne ont conclu un nouvel accord de pêche, fixant à 10.000 tonnes les quotas de captures de thons, ainsi que des espèces apparentées tels l’espadon et certaines espèces de requins. Le nouvel accord de pêche euro-mozambicain, en vigueur à compter du 1er janvier 2007, s’appliquera durant une période initiale de 5 ans, renouvelable.
Dans un communiqué publié mercredi par les services de la commission européenne à Bruxelles, il est précisé que les quotas de prises de poissons sont répartis entre un maximum de 89 navires dont 44 bateaux senneurs et 45 palangriers opérant dans les eaux territoriales du Mozambique.
En contrepartie, le communiqué indique que le Mozambique recevra une compensation financière annuelle de 900.000 euros de l’Union européenne, tandis que les propriétaires de bateaux payeront une redevance annuelle de 4.200 euros par navire pour les senneurs et 3.500 euros pour les palangriers de plus de 250 tonnes. Les palangriers de moindre capacité devant payer 1680 euros par an.
La compensation financière de 900.000 euros, versée par l’Union européenne à Maputo, servira au financement des programmes pour la promotion de la pêche "durable et responsable". Par ailleurs, les deux parties ont convenu de créer un comité conjoint, en vue de développer un plan pluriannuel pour le secteur local de la pêche.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus