PARLEMENT EUROPÉEN

La directive de la honte

28 juin 2008

Sans tenir compte de la protestation citoyenne et au mépris des droits humains universels dont l’ONU s’apprête à commémorer cette année le 60e anniversaire, les députés européens de droite ont adopté “la directive retour” durcissant l’encadrement de l’expulsion des immigrés clandestins dans l’Union européenne. La députée Madeleine Jouye de Grandmaison (GUE/NGL) - qui a voté contre - alerte dans un communiqué sur les menaces “à retardement” dont est lourde cette décision.

Bruxelles, 23 Juin 2008 - Les députés européens réunis en session plénière à Strasbourg le mercredi 18 Juin, ont adopté à une majorité établie à droite (l’équivalent d’une coalition entre le centre, l’UMP, et le FN en France) la "directive retour". La Députée Madeleine de Grandmaison a, quant à elle, voté contre ce projet de loi controversé, dénommé "directive de la honte" par les associations de défense des droits de l’Homme.

Malgré la manifestation contre cette directive organisée à Strasbourg le mardi 17 juin devant le Parlement européen, à laquelle s’est joint le groupe de la Députée (la GUE/NGL), une grande partie de l’assemblée est restée insensible aux appels de la société civile engagée sur ce dossier.

Cette directive va venir durcir les règles d’expulsion des immigrés en situation
irrégulière dans de nombreux pays de l’UE :
la durée de rétention des sans papiers dans des centres-prisons est portée à 6 mois (alors qu’elle est actuellement de 32 jours en France), extensible à 18 mois pour les sans papiers s’opposant à leur expulsion ;
l’expulsion est accompagnée d’une interdiction de revenir sur le territoire européen durant 5 ans ;
l’intérêt supérieur de l’enfant n’est pas pris en compte, et son expulsion est rendue légale même lorsqu’il n’est pas accompagné par des adultes formellement identifiés comme des parents ou des proches.

La menace de l’interdiction de revenir pendant 5 ans sur le sol européen ne fera que renforcer la mainmise des employeurs qui exploitent les sans papiers dépourvus de toute possibilité de recours devant la justice. Elle renforcera aussi la mainmise des proxénètes sur les femmes victimes de la traite et forcées à la prostitution. La durée de rétention de 6 mois, extensible à 18, ne fera quant à elle que rendre légale la criminalisation et la punition par l’emprisonnement des immigrés clandestins qui viennent chercher en Europe l’espoir d’une vie meilleure.

Il ne faut pas oublier que « les puissances européennes sont redevables des pays du sud pour leurs sociétés désorganisées, leurs territoires balkanisés, leurs richesses exploitées, asséchées, leurs forces vives exportées, décimées et ce, sous toutes les latitudes du globe. »

Au lieu d’un effort solidaire de reconstruction, le Parlement vote à sa droite
cette "directive retour", directive de la honte, qui ne s’inscrit ni dans l’histoire de l’humanité - faite de migrations -, ni dans l’idéal des droits universels de l’homme, ni dans l’objectif de réduire la pauvreté, objectif du millénaire pourtant adopté par les pays européens.
La Députée Madeleine de Grandmaison s’est aussi dite inquiète de la répercussion d’une telle directive dans les relations de l’UE avec de nombreux pays tiers, notamment avec les pays émergents et les pays en développement.

Madeleine Jouye de Granmaison
Députée au Parlement européen, Groupe GUE/NGL, Vice Présidente de la délégation à l’Assemblée Paritaire Parlemenaire ACP UE.


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