Crise en Ukraine

La France renvoyée à son Histoire

16 avril 2014, par Céline Tabou

Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait la parallèle entre la Crimée et Mayotte, dans une interview accordée à la chaîne de télévision Rossiya 1. Ce dernier a expliqué que le rattachement de la Crimée s’apparente à l’annexion de Mayotte par la France.

Le quotidien Le Monde a retransmis les déclarations de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, qui explique que « contrairement à de nombreuses décisions de l’ONU, qui a condamné cette approche, Mayotte est désormais membre à part entière de la République française ». Ce dernier fait référence au référendum de 1974.

La France conserve Mayotte

Avant le référendum d’autodétermination, Mayotte faisait partie des quatre îles de l’archipel des Comores, alors Territoire d’Outre-mer (TOM). Organisé par la France, le vote donne le résultat suivant : dans trois des quatre îles comoriennes (Grande Comore, Mohéli et Anjouan), près de 95% des votants se sont exprimés pour l’indépendance. Tandis qu’à Mayotte, le non l’a emporté à près de 64%.

La France conserve Mayotte après avoir pris en compte les résultats île par île. En 1976, l’Assemblée générale des Nations unies avait considéré que les référendums imposés aux habitants de l’île comorienne de Mayotte étaient « une violation de la souveraineté de l’Etat comorien et de son intégrité territoriale ». Elle les avait alors condamnés et avait considéré comme nuls et non avenus les résultats du référendum, sans pour autant les annuler.

Pour Sergueï Lavrov, « contrairement à de nombreuses décisions de l’ONU, qui a condamné cette approche, Mayotte est désormais membre à part entière de la République française ». Ce dernier a ajouté qu’il est « intéressant de voir qu’aucune sanction commerciale ou politique n’a été prise » à l’encontre de la France, comme c’est le cas pour la Russie. Depuis Mayotte est devenue un département français en 2011.

La Crimée devient russe

Pour certains observateurs, dont Le Figaro la comparaison est « très hasardeuse » car la Crimée était une région d’un Etat souverain, l’Ukraine, tandis que les Comores étaient une ancienne colonie française. Cependant, historiquement, la Crimée faisait partie de la Russie jusqu’en 1954, lors de son annexion à l’Ukraine au sein de l’URSS, sur un décret de Nikita Khrouchtchev, président russe. Lors de l’éclatement de l’URSS, la Crimée est restée dans le giron ukrainien conservant des vestiges du passé, comme la langue russe et la culture.

Mal vu par les Occidentaux, le référendum du 16 mars 2014 en Crimée, a légitimé pour Moscou le rattachement de la péninsule à la Russie. Après la Crimée, des villes russophones veulent un scrutin leur permettant d’être rattachées à la Russie comme à Donetsk, où des manifestants prorusses, mobilisés au sein de l’administration régionale.

A Gorlivka, ville de 300 000 habitants située dans le sud de la région, une centaine de prorusses ont attaqué le siège de la police, tandis que dans la ville de Sloviansk, le drapeau russe flotte sur le quartier général de la police. L’est de l’Ukraine est désormais sous le feu des projecteurs. Des milliers de prorusses veulent un référendum pour demande l’indépendance et/ou un rattachement à la Russie.

Une convergence « remarquable » de la France

D’après le site de la 1ère, chaine d’information de France O, le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, aurait expliqué en mars les raisons de son opposition au référendum en Crimée : « En droit international on ne peut pas faire un référendum pour modifier des frontières. Imaginez un département de France qui demande son indépendance ! ». Cependant pour le politologue Bertrand Badie, « lorsque ce référendum est intervenu aux Comores, la France a soutenu le point de vue du droit séparatiste (…) »

Mais « là on voit l’inverse, les occidentaux s’insurgent contre le principe séparatiste tandis que la Fédération de Russie soutient le processus de séparation de la Crimée. Il y a une sorte de croisement de points de vue et d’échange de perspective qui est quand même assez remarquable du point de vue des relations internationales » a-t-il expliqué que La Voix de la Russie.

 Céline Tabou 

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