Énergie

La Guadeloupe réduit sa dépendance énergétique

Implantation d’éoliennes

16 août 2003

Nettement plus en pointe que la Martinique en matière d’exploitation des énergies renouvelables, l’archipel guadeloupéen ne devrait plus dépendre en 2006 qu’à 75% de l’électricité produite à partir de pétrole importé. C’est ce qu’explique le journal parisien ’Les Échos’ dans son édition du 14 août 2003.

Les régions d’outre-mer sont réputées pour constituer un véritable laboratoire pour le développement des énergies renouvelables dans le reste de la France. Il s’agit bien souvent de territoires isolés où la demande s’accroît fortement et où la nécessité de protéger des environnements fragiles s’avère impérative.
La Guadeloupe figure parmi les cas « les plus dynamiques et les plus efficaces » dans ce domaine. Ainsi, l’électricité produite dans l’archipel par EDF à partir du pétrole raffiné sur place par la SARA (Société Anonyme de Raffinerie des Antilles, propriété commune de plusieurs groupes pétroliers français et étrangers) répond aujourd’hui à 80% des besoins de consommation, le solde étant assuré par les énergies renouvelables. Dans le même temps, la Martinique, partie en retard dans la course, dépend encore à 96% de l’électricité issue de centrales au fioul.
Dès 1994, dans le cadre de la génération 1994/1999 des contrats de plan État-Région, Archipel Guadeloupe a mis en place avec l’État et l’ADEME un programme régional pour la maîtrise de l’énergie, renouvelé pour la période 2000/2006.
Aujourd’hui, la Guadeloupe (422.000 habitants) fait figure de cas unique dans les Caraïbes puisque aussi bien l’éolien, le solaire, l’hydraulique, la géothermie et la combustion de bagasse participent à sa moindre dépendance au pétrole alors que, durant les douze dernières années, la consommation a progressé à un rythme annuel moyen de 5,5% par an, pour atteindre environ 1.400 millions de kilowattheures aujourd’hui. L’archipel vise la barre des 25% de production locale à l’horizon de 2006.

192 aérogénérateurs

La montée en puissance de l’éolien, favorisé par le régime des alizés, contribue de façon spectaculaire à satisfaire la volonté d’autonomie en la matière. Avec 192 aérogénérateurs actuellement en fonctionnement, la région, considérée comme le premier parc éolien de France, produit près de 5% de l’électricité consommée. D’ici à quelques années la production devrait doubler et atteindre le seuil de 10%, affirment les élus régionaux.
Selon Didier Boureaud, directeur général de Vergnet Caraïbes qui a conçu et implanté la totalité du dispositif guadeloupéen, « il n’est pas inconcevable d’atteindre le cap des 40% à 50% avec 3 ou 4 sites supplémentaires ». Mais les investissements nécessaires sont lourds (lire encadré ci-après). L’autre source d’énergie locale est la géothermie. Grâce à deux nouveaux puits récemment réalisés et destinés à alimenter une nouvelle turbine, la centrale de Bouillante pourrait fournir au cours des prochaines années de 8% à 10% par an de la consommation locale.
Même si elle n’a pas vocation à approvisionner massivement la Guadeloupe, l’énergie solaire constitue un appoint non négligeable, notamment pour alimenter l’habitat rural. Le nombre d’installations devrait atteindre 3.000 avant la fin de l’année. Enfin, tout comme à l’île de La Réunion, la Guadeloupe exploite une centrale thermique de cogénération alimentée au charbon et à la bagasse, résidu de la canne à sucre. Mise en service en 1998, elle a coûté 110 millions d’euros et produit près de 400 gigawatt-heures par an.

Des éoliennes qui résistent aux cyclones. Couchées.
Implanté depuis 1992 en Guadeloupe, Vergnet Caraïbes, du groupe Vergnet basé près d’Orléans et spécialisé dans les éoliennes de petite et moyenne puissance, a été chargé de la conception, de l’installation et de l’exploitation (déléguée) de fermes éoliennes.

20 millions d’euros ont été investis, en partie pris en charge par la région, l’ADEME et des investisseurs privés ayant eu recours à la défiscalisation. Vergnet s’est imposé grâce à ses machines qui peuvent être couchées en quelques minutes pour ne pas être détruites par les cyclones.
Grâce à cette technique simple et ingénieuse, le groupe espère emporter des succès commerciaux dans le reste de la Caraïbe, voire dans d’autres îles du reste du monde. Le coût unitaire de chacun de ces aérogénérateurs s’élève toutefois à plus de 500.000 euros.


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