Hervé Gourdel, un otage français exécuté en représailles aux bombardements en Irak

La guerre arrive aux portes de la France

25 septembre 2014, par Manuel Marchal

Le contrecoup des expéditions guerrières de Bush en Irak et de Sarkozy en Libye remet en cause la sécurité des Français en Algérie, un pays proche géographiquement de la France, et ayant de nombreux liens avec elle.

La montagne de Kabylie, une passion pour Hervé Gourdel. Qui pouvait penser qu’une randonnée finirait aussi tragiquement ? (Photo Yelles)

Hier soir, une information a fait rapidement le tour de la planète. Les ravisseurs d’un ressortissant français ont revendiqué son assassinat. Les faits ont eu lieu en pleine Kabylie, une région montagneuse de l’Algérie. La victime était un guide de montagne qui participait à une randonnée avec des Algériens. Son enlèvement faisait suite aux premiers bombardements de l’armée française en Irak. Les kidnappeurs demandaient l’arrêt des opérations militaires de la France au Moyen-Orient et ont donné un délai très court pour satisfaire à leur ultimatum. Peu de temps après son expiration, ils ont assassiné l’otage.
Depuis que les soldats de l’État islamique se sont retournés contre leur ancien ami américain, des citoyens des États-Unis ou de Grande-Bretagne ont été exécutés au Moyen-Orient. Mais cette fois, le terrain d’action s’est élargi.

Le précédent des GIA

En effet, c’est en Algérie que la France a été visée. Cela n’est pas sans rappeler une autre guerre. En 1991, le Front islamique du Salut avait remporté le premier tour des élections législatives après avoir triomphé aux municipales. Son programme était la transformation de l’Algérie, d’État laïc en République islamique. L’État algérien a aussitôt annulé les élections, interdit le FIS et emprisonné ses dirigeants et militants. Le gouvernement algérien a démissionné, et ce sont les militaires qui ont pris directement le pouvoir.
C’est alors qu’a émergé une nouvelle organisation, les Groupes islamiques armés ou GIA.
Les Français étaient particulièrement visés par les actions imputées aux GIA. La France est l’ancienne puissance coloniale, et elle apparaissait comme un soutien à l’État algérien.
Ses ressortissants n’étaient alors plus en sécurité dans ce pays. La guerre s’est même déplacée sur le territoire français, avec le détournement d’un vol d’Air France et plusieurs attentats sanglants en plein Paris.
En Algérie, le conflit entre le GIA et le pouvoir a considérablement baissé d’intensité depuis une amnistie décidée voici 10 ans pour encourager à déposer les armes.

L’aventure libyenne de Sarkozy

Les événements ont recommencé à s’accélérer fin 2010, quand le gouvernement tunisien est chassé par une révolte populaire. C’est le début du "Printemps arabe" dans lequel les États Unis et la France ont joué un rôle suspect. Ensuite, en Égypte, Moubarak est renversé en quelques semaines, en Syrie Assad résiste malgré la puissance feu qui lui tombe dessus. C’est le moment choisi par Sarkozy pour lancer la guerre contre la Libye, entraînant l’OTAN. Avec le soutien de l’Occident, les opposants de Kadhafi prennent le pouvoir et c’est alors que commence un conflit sans fin. Les répercussions se font ressentir dans tout le Sahel. Des anciens combattants qui s’étaient mis à la disposition de l’Occident pour abattre Kadhafi et son régime politique exigent des territoires pour s’installer. Devant le refus de leurs anciens protégés, ils prennent possession des territoires étrangers et installent des pouvoirs islamistes. Ils sont très cruels. C’est pour empêcher des Jihadistes de prendre Bamako que François Hollande a lancé l’armée française dans une guerre au Mali.

Syrie et Irak

Au Moyen-Orient, les alliés des Occidentaux piétinent en Syrie. Devant la résistance, ils décident alors de se tailler un empire en Irak. Ils profitent de la faiblesse du pouvoir mis en place par les États-Unis après l’invasion du pays et la destruction de l’ancien régime. L’avancée de ces Jihadistes est le point de départ d’une nouvelle guerre pour la France qui montre un certain zèle.
Mais c’est beaucoup plus près de Paris qu’est tombée la première victime française de la guerre en Irak. Comme au début de l’offensive des GIA se pose alors la même question : les Français sont-ils en sécurité en Algérie ou ailleurs ?
Elle ne se serait sans doute pas posée cette question aujourd’hui si George Bush n’avait pas décidé d’envahir l’Irak et si Sarkozy n’avait pas choisi de partir à l’aventure en Libye. Et maintenant en Irak et en Syrie.
Qui sait comment tout cela va finir ?

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