L’insoutenable image des victimes de l’Agent Orange (2)
La guerre chimique des États-Unis
19 novembre, par
Ho Hai Quang est un enfant du Vietnam qui a fait ses études en France, avant de poser ses valises à La Réunion. Il décrit son parcours dans un livre intitulé : « Itinéraires d’un émigré de Cochinchine ». La lecture est passionnante pour comprendre la situation politique internationale. Vous apprendrez que les États-Unis ne s’avouent jamais totalement vaincus et n’ont jamais été condamné pour des crimes d’État.
L’intervention des Américains au Vietnam est de notoriété publique et de nombreux correspondants de guerre ont couvert les faits. Quand on regarde les distances sur une carte, on constate les efforts consentis par les Américains pour aller bombarder le Vietnam mais jamais le Vietnam n’a mené des actes de guerre sur le territoire américain. Il n’y a jamais eu de déclaration de guerre. Pourtant, il y a un agresseur, c’est la plus grande puissance économique et militaire du monde. Il y a un agressé : le Vietnam est un pays de paysans qui enchaîne l’occupation française, l’invasion japonaise, la guerre coloniale puis l’invasion américaine. Aucune sanction !
Défait par un peuple de paysans le 30 avril 1975, les Américains ont sanctionné le Vietnam sur le plan économique et commercial. Ils ont continué la guerre sous la forme d’un blocus de fait, pensant asphyxier le peuple. Et lorsque le Vietnam a demandé son adhésion à l’OMC, Organisation mondiale du commerce, ils ont exigé la fin des dénonciations officielles anti-américaines. Pour sortir le pays de la pauvreté, les dirigeants ont accepté. Aujourd’hui, la population se monte à 100 millions d’habitants. La résistance continue et le monde entier doit savoir.
L’Agent Orange, un crime de guerre des États-Unis
Les États-Unis ont utilisé des armes chimiques au Vietnam. Ils ont déversé des pesticides et des défoliants parmi lesquels l’Agent Orange. Puisons dans le livre de Ho : « Il s’agit d’un mélange de deux acides dont l’un, l’acide trichlorophénoxyacétique, contient de la « dioxine de Seveso » dont la toxicité est de 13 fois supérieure à celle du glyphosate. Pour fabriquer cet acide, on mélange du benzène et de l’hydroxyde de sodium en proportion égale et on chauffe. De la dioxine se forme inévitablement. La dioxine entraîne la mort rapide des plantes par un développement anarchique de leurs cellules. Elle n’épargne pas non plus les hommes et les animaux en provoquant des maladies et des décès. Selon une étude de Jane Mager Stellman de l’université de Columbia, 80 grammes de ce poison introduits dans le réseau d’eau potable d’une ville de 8 millions d’habitants pourraient éliminer sa population. Or, on estime que l’armée américaine a déversé sur le Vietnam, par des lances, avions ou hélicoptères, plus de 70 millions de litres de défoliants contenant, au bas mot, 360 kilos de dioxine pure. » Quel est le bilan ? Selon HO : « En définitive, les désastres dus à l’Agent Orange au Vietnam sont bien plus importants que ceux liés aux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagazaki » (6 et 9 août 1945). Il a partagé un documentaire avec des images chocs et un clip.
Madame Nga, résistante jusqu’au bout
De toutes les plaintes portées, une seule est toujours pendante. Mme Nga, victime de l’Agent Orange, s’est adressée à la juridiction française pour faire condamner les fournisseurs de moyens. Déboutée en première instance et en appel, elle a fait appel à la Cour de cassation. Les États-Unis se sont même moqués de leurs vétérans qui ont été contaminés. L’association Orange DiHoxyn, présidée par Ho Hai Quang, organise diverses initiatives pour collecter des fonds pour venir en aide aux victimes, sur place, et contribuer aux dépenses des avocats. Son livre est un formidable témoignage de gestes de solidarité. Vous pouvez l’acheter. Vous pouvez adhérer à l’association et faire un don. Les généreux donateurs peuvent contacter Témoignages.re qui se fera un plaisir de vous mettre en contact avec Ho Hai Quang. Le 7 décembre, il sera en concert à la Bibliothèque Alain Peters, au Moufia.
Il me reste à remercier les personnes présentes pour cette 4e édition de visio-conférence, en vous donnant rendez-vous le 15 décembre pour la dernière livraison de l’année. 80 ans après le lancement de Témoignages, en 1944, comment rester fidèle à l’esprit de son fondateur, Raymond Vergès ? Une partie de sa vie s’est déroulée en Indochine. Ses deux fils Paul et Jacques y sont nés. Comprendre la situation politique internationale est une nécessité pour l’action.
Ary Yee-Chong-Tchi-Kan