Migrations

La Hongrie : une étape difficile pour les demandeurs d’asile

10 juillet 2015

Récemment, la Hongrie est devenue une porte d’entrée dans l’Union européenne (UE) pour les dizaines de milliers de migrants et de demandeurs d’asile qui traversent la Turquie, la Grèce et les Balkans pour bénéficier d’une protection internationale et trouver une vie meilleure. Les autorités hongroises font cependant tout leur possible pour fermer cette route de plus en plus empruntée.

Lundi, les députés hongrois ont adopté une nouvelle loi ouvrant la voie à l’expulsion accélérée des « migrants économiques » et à la construction d’une clôture sur les 175 km de la frontière entre la Hongrie et la Serbie - le principal point d’entrée des migrants sans papier et des demandeurs d’asile.

Les députés ont adopté un autre amendement : tout individu qui rejoint la Hongrie via un pays tiers « sûr », y compris la Serbie, est classé dans la catégorie des « migrants économiques » et peut être expulsé sans qu’il soit nécessaire de procéder à l’examen de sa demande d’asile. Les détracteurs de la loi soulignent que 75 pour cent des réfugiés qui arrivent en Hongrie viennent d’Afghanistan, de Syrie et d’Irak ; les renvoyer vers un pays comme la Serbie, dont le système d’asile ne fonctionne pas correctement, constitue une violation des obligations de la Hongrie en vertu de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.

Les amendements à la loi sur l’asile adoptés par les députés hongrois lundi ont rappelé que les demandeurs d’asile peuvent être placés en détention en cas de procédure d’examen accélérée ; et il peut être mis fin aux procédures des demandeurs d’asile hébergés dans les centres « ouverts » s’ils s’absentent pendant plus de 48 heures. Ces amendements pourraient entrer en vigueur à la mi-août.

Márta Pardavi, co-présidente du Comité Helsinki hongrois, a dit à IRIN que la nouvelle législation ne répond pas au problème du manque de place dans les centres d’accueil de demandeurs d’asile et que, en conséquence, les réfugiés seront moins bien protégés.

Un rapport sur le traitement des réfugiés et des migrants en Macédoine, en Serbie et en Hongrie, a été publié par Amnesty International mardi. Il explique que les réfugiés qui demandent l’asile après être entrés sur le territoire de la Hongrie sont systématiquement détenus « dans des conditions de surpopulation, parfois dégradantes » pendant que leur identité est établie et que leurs empreintes digitales sont relevées.

« Si la majorité des demandeurs d’asile sont ensuite relâchés et dirigés vers des centres d’accueil ouverts, ceux qui présentent un risque de fuite – cela peut représenter jusqu’à 40 pour cent des hommes célibataires – peuvent être placés dans un centre de détention », ajoute le rapport.

Mme Pardavi a expliqué que le système était tellement surchargé que certains établissements affichent un taux d’occupation de 200 pour cent. « Le système est incapable de répondre aux vulnérabilités individuelles, aux besoins spéciaux, etc. », a-t-elle dit. « Nous avons entendu dire que des fratries d’adultes et des familles avaient été séparées, et que des femmes seules avaient été exposées à diverses formes de harcèlement ».


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