Cela s’est passé le 13 juin 1973 et le cargo a déposé ces habitants-là sur les quais de Port Louis. On leur avait fait miroiter un terrain, une maison, un métier mais rien de cela n’était au rendez-vous. On leur avait fait craindre la bombe atomique mais bien entendu il n’y avait pas de bombe atomique. On leur avait dit qu’il y aurait la guerre mais il n’y avait plus la guerre.

Une commémoration qui intervient à un moment charnière.

Selon les mots d’Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), on ne ‘’fête’’ pas un évènement comme la déportation de tout un peuple, mais il est hors de question de le passer sous silence. Il est nécessaire de le commémorer d’autant plus que jusqu’à présent les auteurs de ce crime contre l’humanité ont très peu fait pour réparer les torts aux Chagossiens et pour ce qui est des gouvernements britanniques n’ont fait qu’actionner le levier du ‘’diviser pour régner’’.

Toutefois cette commémoration intervient dans un contexte porteur d’espoir du fait de la condamnation de la Grande-Bretagne à restituer les Chagos illégalement occupées et de l’obligation de ramener les déportés encore vivants jusque dans leurs îles natales. Il est donc fait injonction au niveau de l’ONU à la Grande Bretagne de restituer à la République de Maurice ses territoires abusivement séparés pour constituer le BIOT (British Indian Ocean Territory). Il est aussi fait obligation au gouvernement de Grande-Bretagne de contribuer à la réinstallation chez eux des déportés et de leurs familles, tout au moins ceux qui sont volontaires pour y aller.

Objectif retour aux Chagos pour reconstruire une vie toute neuve.

Olivier Bancoult a réitéré sa condamnation ferme des crimes commis à l’encontre des Chagossiens, il y a cinquante ans. Ils vivaient dans un paradis et on les a mis dans un enfer. Alors qu’ils ne manquaient de rien aux Chagos, on les a transférés dans des endroits où il leur manquait l’essentiel : un toit, une terre, un emploi et tout le nécessaire pour mener une belle vie. Il a lancé un appel aux Chagossiens de toutes les générations à se préparer pour le retour et pour une nouvelle vie à recommencer. Et à la vue de ce que font les Chagossiens, gérants d’un centre de formation important à Baie du Tombeau, gestionnaire d’un centre administratif à Pointe aux sables, acteurs de la formation des jeunes avec des aides et des cadeaux pour les plus méritants, on aura compris que les Chagossiens veulent devenir les acteurs de leur avenir, comme ils ont été les acteurs de leur lutte.

Engagements forts du gouvernement mauricien.

Le Premier Ministre Mauricien pour sa part a formulé plusieurs reproches en direction de La Grande Bretagne et des USA : reproche d’avoir déporté le peuple des Chagos dans les pires conditions inhumaines qui soient, reproche d’avoir amputé le territoire mauricien d’un archipel avec des grandes perspectives d’avenir. Reproche aux USA pour leur complicité avec la Grande Bretagne qui a violé les droits humains, et reproches également pour les menaces à l’encontre des différents gouvernements mauriciens et actuellement contre lui et son gouvernement. Mais il a aussi affirmé des engagements forts puisqu’il a dit avec force qu’il n’avait pas l’intention de céder sur l’essentiel et parmi l’essentiel il a nommé les intérêts des Chagossiens. Voilà qui ne pouvait que rassurer la partie chagossienne alors que les négociations entre Maurice et la Grande Bretagne pour rétablir la légalité continuent.

Une délégation réunionnaise bien active et bien solidaire.

A la fin de son discours le Premier ministre de Maurice, très applaudi, a remercié ceux qui de l’extérieur se sont montrés solidaires des Chagossiens et il a nommé le Comité solidarité Chagos La Réunion et le Mouvement réunionnais pour la Paix qui militent actuellement pour que le prix Nobel soit attribué aux Chagossiens. Il a également parlé des Rodriguais, des Agaléens ... Bonne occasion pour la délégation de La Réunion qui comptait 26 personnes et qui participait activement aux manifestations liées à la commémoration. Puisqu’il est dit que notre solidarité n’est pas un vain mot nous voulons seulement rappeler que les membres de la délégation ont payé leur voyage avec leurs propres deniers, apporté des boissons achetées à l’aéroport et cotisé pour une enveloppe de solidarité. Juste retour des choses après un accueil chaleureux et de qualité fait à la délégation réunionnaise par les Chagossiens.

Notre mission n’aura duré que quatre jours mais quatre jours bien remplis avec en prime, le dimanche après-midi, la remise par les membres de la délégation Réunion des récompenses aux Chagossiens méritants, et un spectacle du meilleur aloi clôturé par le tour de chant de Désiré François et Cassiya.

Georges Gauvin, Président du CSCR et Alain Dreneau, Secrétaire,
Julie Pontalba, Présidente du Mouvement réunionnais pour la paix.