Retour sur la table ronde du 12 décembre à Vienne

La paix en Ukraine ?

16 décembre 2022, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Revenons sur la table ronde qui s’est tenue, le 12 décembre, en Autriche. Témoignages en a parlé, dans son édition du 14 décembre. L’ancien vice-chancelier Heinz-Christian Strache accueillait ses invités en ces termes : « Le thème de l’Ukraine nous occupe tous », « nous voulons mettre fin à ce drame ». Il dit sa « peur » devant l’absence « d’initiatives européennes majeures visant l’instauration de la paix en Ukraine » et à la suite aux propos d’Angela Merkel sur les accords de Minsk. Il avance une plateforme indépendante pour la paix et la neutralité. Cette rencontre a délié les langues.

A la question de savoir : « qui est perdant dans ce conflit ? », un ancien député autrichien, Andreas Mölzer, a déclaré : « Cette guerre et son historique, ses causes, tout ça est un vaste domaine qui nécessite un débat plus détaillé […]. Mais je peux vous dire exactement qui est perdant. Ce sont les Européens, c’est-à-dire nous tous ». Au-delà des aspects militaires, il faut comprendre la vassalisation de l’Europe par les États-Unis.

Un couperet nommé IRA

En effet, les européens ont l’air de découvrir l’étendue de la déflagration occasionnée par l’IRA (Inflation Réduction Act), votée au mois d’août par Biden. Il n’a pas reculé d’un pouce face à Macron qui est désormais condamné à rechercher des petits arrangements. La commissaire européenne Von Der Leyen appelle à réagir face à la distorsion de concurrence. La déception est générale.

L’IRA est ainsi jugée « inacceptable » pour le ministre tchèque de l’Industrie Jozef Sikel, « inquiétante » pour la ministre du Commerce extérieur des Pays-Bas Liesje Schreinemacher, et beaucoup trop déséquilibrée pour le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire : « dans certains cas, le montant des subventions que l’administration Biden propose est quatre à dix fois le montant maximal autorisé par la Commission européenne ».

De fait, les États-Unis doivent affaiblir l’Europe et l’éliminer de la compétitivité, avoir les mains libres pour s’attaquer à la Chine. L’Ukraine n’est qu’un prétexte pour briser les capacités concurrentielles d’une alliance Europe-Russie.

La grande manipulation

Il est acquis que les États-Unis se servent des Européens. Voici d’autres propos issus de la table ronde de Vienne.

« J’espère que Poutine gardera son sang-froid. Parce qu’il a été constamment provoqué : d’abord avec l’expansion de l’Otan à l’est, malgré le fait qu’on la lui ait promise [la non-expansion de l’Otan, ndlr], comme il ressort des documents américains maintenant publiés », a avancé Christina Baum, députée du Bundestag (AfD).
« Ensuite, les États-Unis ont accepté d’accueillir l’Ukraine [dans l’Alliance atlantique]. Poutine a déclaré sans ambiguïté qu’il s’agissait d’une ligne rouge. Mais personne ne l’a pris au sérieux […]. Je me suis longtemps demandé combien de temps il se laisserait traiter ainsi », a-t-elle développé.

En mars, un accord de paix était presque acquis mais les États-Unis et l’Angleterre s’y sont opposés. Le chef de la délégation ukrainienne a même été assassiné. Qui a fait le coup et dans quel but ? Cela ressemble fort au sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Qui avait intérêt à les rendre irréversibles ? Malgré les difficultés du moment, cette table ronde est un signe d’espoir.

Ary Yée Chong Tchi Kan

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