Les pays fournisseurs ne livrent pas, déclare le président

La pénurie de carburant à Cuba s’aggrave

29 avril 2023

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a déclaré que les pénuries d’essence étaient dues au fait que les pays contractants ne respectaient pas leurs obligations en raison d’une "situation énergétique complexe".

Lors d’une émission télévisée, Miguel Diaz-Canel a déclaré que l’île des Caraïbes disposait de moins de 400 tonnes d’essence par jour pour alimenter toutes ses activités, alors que Cuba en consomme entre 500 et 600 tonnes quotidiennement.

"Nous n’avons toujours pas une idée claire de la manière dont nous allons sortir de cette situation", a-t-il déclaré, lors de sa première déclaration publique en trois semaines au sujet de l’aggravation du déficit en carburant qui affecte le pays dans le cadre d’une crise économique sans précédent.

Des citoyens frustrés ont fait la queue pendant des heures, voire des jours, dormant dans leur voiture, pour remplir leur réservoir. De plus, les camionneurs, les chauffeurs de taxi, les touristes et les transports publics ont tous été touchés par les pénuries, impactant de nombreux secteurs d’activité.

Cinq universités, dont une à La Havane, ont suspendu les cours en présentiel pour la semaine, tandis que la rareté des transports en commun oblige nombre d’employés à recourir au télétravail.

Miguel Diaz-Canel a déclaré que la panne d’un navire dans la ville de Santiago de Cuba, dans le sud-est du pays, qui a empêché le déchargement du carburant, a retardé les livraisons de diesel, alors qu’une grande partie des stocks disponibles alimentaient la production d’électricité.

Cuba se concentre actuellement sur l’entretien d’un groupe de centrales thermoélectriques afin d’éviter les pannes d’électricité qui frappent régulièrement l’île pendant les mois les plus chauds de l’été, une épreuve lourde pour les habitants de l’île.

Miguel Diaz-Canel a souligné que les pénuries étaient dues au "non-respect" des règles par les pays fournisseurs, plutôt qu’à des inefficacités ou à des problèmes au sein des institutions énergétiques du pays.

Selon Jorge Piñon, spécialiste en politique énergétique de l’Université du Texas, le président cubain fait allusion au Venezuela, l’un des alliés politiques de La Havane, qui fournit depuis des décennies à Cuba du pétrole provenant de sa compagnie pétrolière nationale PDVSA, dans le cadre d’un accord de coopération signé en 2000.

Les envois ont chuté de 100.000 barils/jour en 2021 à environ 57.000 au premier trimestre 2023. Selon les documents de PDVSA et les données des compagnies maritimes, la société vénézuélienne a envoyé quelque 40 000 barils par jour (bpj) en janvier, puis 52 000 bpj en février et 76 000 bpj en mars.

"Le problème c’est que Cuba n’a pas d’argent et ne peut pas payer en liquidités ce pétrole" qu’il troque avec Caracas contre des enseignants et des médecins, selon l’expert.

Outre les 40.000 barils/jour produits localement, la Russie a fourni en 2022 "trois ou quatre chargements de pétrole brut", et l’Algérie en fournit un peu "de temps à autre", a indiqué sur TV5Monde, Jorge Piñon.

Face à cette situation, le gouvernement a décidé de "fermer le robinet" en rationnant les stocks, a-t-il ajouté. Selon les autorités, les difficultés pourraient se poursuivre en mai.


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