Crise en Europe

La pression de la Troïka persiste au Portugal

17 avril 2013, par Céline Tabou

Le Portugal, sous la pression des créanciers, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Union européenne, a mis en place un certain nombre de mesures impopulaires pour répondre aux demandes de la Troïka.

(photo Tiseb)

Les créanciers du Portugal ont débuté leur examen des nouvelles mesures d’austérité émises par le gouvernement afin de respecter les engagements de réduction des déficits. Également en Grèce, la Troïka a adressé, lundi 15 avril, un satisfecit à Athènes, permettant le versement de nouvelles tranches d’aide, d’un montant total de 8,8 milliards d’euros.

Sur la voie des réductions de dépense

La Troïka — Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Union européenne (UE) — a effectué une visite supplémentaire à Lisbonne avant de rendre son évaluation régulière prévue en mai. Cette mission intercalaire est jugée indispensable par les observateurs économiques, après le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d’austérité inscrites au budget de l’État pour 2013. Ce rejet a freiné les économies prévues et évaluées à 1,3 milliard d’euros par le gouvernement. Cette aide devrait correspondre à environ 0,8% du PIB. Mais pour l’heure, le gouvernement souhaite réduire de manière permanente les dépenses publiques de 4 milliards d’euros d’ici à 2015.

Le Premier ministre du Centre droit, Pedro Passos Coelho, a réitéré ses intentions de poursuivre son programme d’austérité, en s’engageant à diminuer cette année les dépenses publiques d’environ 1,2 milliard d’euros. Pour cela, ce dernier a prévu une réduction de 600 millions d’euros sur l’ensemble des budgets de fonctionnement de tous les ministères et de restreindre les dépenses pour la Santé, l’Education, la Sécurité sociale et les entreprises publiques.
Dans une lettre adressée à la « Troïka », cité par l’agence de presse “Lusa”, le Premier ministre a mis en avant une grille de salaires unique entre le secteur privé et public et un rapprochement des systèmes de retraite.

Deux milliards d’économies

Ces mesures sont les conditions de la Troïka pour l’attribution d’une nouvelle tranche d’aide de 2 milliards d’euros dans le cadre du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros dont Lisbonne bénéficie depuis mai 2011. Les mesures détaillées par le Premier ministre servent de garantie aux créanciers afin qu’ils reviennent sur les marchés financiers portugais, à travers l’émission d’obligations à 10 ans. Paradoxe pour les autorités portugaises qui perdent en crédibilité au sein de la population en raison de leur soutien aux bailleurs de fonds.

L’opposition de gauche a, de son côté, rejeté les nouvelles mesures d’austérité, car destinées à réduire les fonctions sociales de l’État et aboutissant à des licenciements massifs de fonctionnaires.

La principale formation de l’opposition, Antonio José Seguro, élu à la tête du Parti socialiste, a réclamé la démission du gouvernement et une renégociation du plan d’aide, bien que son parti au pouvoir ait négocié cet accord en mai 2011. Antonio José Seguro a indiqué que « le bon chemin à suivre n’est pas le chemin de l’austérité. Elle ne fait qu’aggraver les problèmes de notre pays ».

Les mesures prises par le Premier ministre ont eu un impact sur l’économie du pays, où la récession s’est aggravée et le chômage a dépassé le taux record de 18%, selon des prévisions officielles.

Céline Tabou

Les créanciers de la Grèce satisfaits

Les mesures entreprises par les autorités grecques ont ouvert la voie au versement de nouvelles tranches d’aide d’un montant total de 8,8 milliards d’euros. Les échanges entre la Grèce et la Troïka ont conclu un « accord avec les autorités sur les mesures économiques et budgétaires nécessaires pour assurer que reste sur les rails le programme » de redressement économique dicté au pays en échange de sa mise sous perfusion financière. Jusqu’à la signature de cet accord, les négociations bloquaient sur la réduction des effectifs de la fonction publique imposée par la Troïka. Selon les médias cités par l’AFP, Athènes a finalement accepté la suppression de 4.000 emplois d’ici à la fin de l’année, dont ceux de plus de 2.000 fonctionnaires condamnés pour corruption ou faisant l’objet de sanctions disciplinaires, et de 11.000 autres en 2014.

La Troïka a également pesé sur Athènes afin qu’elle gèle son plan de fusion de la National Bank et d’Eurobank, craignant que le groupe bancaire ne soit trop important pour pouvoir être vendu à des acteurs privés. Ayant obtenu son feu vert, Athènes attend le versement de la tranche de 2,8 milliards d’euros de prêts, qui « peut être convenu rapidement par les membres de la zone euro ». Le pays compte aussi sur un prochain versement de 6 milliards d’euros, mais devra attendre le mois de mai pour obtenir un aval des créanciers. « Il y a encore peu de temps, la Grèce montrait le mauvais exemple. Maintenant, la Grèce est à l’abri et ce sont d’autres pays qui ont des problèmes » dans la zone euro, a indiqué à la télévision le Premier ministre Antonis Samaras. En dépit de l’optimisme, la Troïka a admis avoir envisagé « de nouvelles initiatives et assistances » afin d’accélérer la réduction du poids de la dette.

Chypre pourrait être aidée par l’UE

La Commission européenne a annoncé mardi 16 avril qu’elle pourrait apporter un soutien financier supplémentaire à Chypre dans le cadre du budget de l’UE pour la période 2014-2020. « Je n’exclus pas la recherche de soutien supplémentaire de la part des autorités budgétaires, malgré les difficultés actuelles bien connues sur ces questions au niveau de l’UE », a indiqué le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dans une lettre adressée au président chypriote, Nicos Anastasiades. En effet, les États membres ont du mal à s’accorder sur le budget 2014-2020.

Nicos Anastasiades a demandé vendredi 12 avril à l’UE une « aide supplémentaire » pour son pays, qui doit mettre en œuvre des mesures d’austérité dans le cadre de son plan de sauvetage. Ne demandant pas d’aide, le Président Anastasiades avait demandé que son pays reçoive plus au titre de la politique de cohésion et du développement rural, mais Manuel Barroso a indiqué que la répartition de ces enveloppes avait été faite dans le cadre de « négociations difficiles » et que ce sujet requiert « l’unanimité » des États membres. Cependant, la situation de Chypre est « dégradée » et doit « être prise en compte dans la programmation », en citant les fonds structurels destinés à rattraper le retard des régions les plus pauvres de l’UE. « Il ne fait pas de doute que cela nécessitera des changements dans l’attribution des fonds », a expliqué Manuel Barroso.

La Commission européenne a mis en place une « task force » pour aider Chypre à identifier ses besoins et des projets, a expliqué l’AFP. L’objectif est de mieux orienter les fonds européens vers l’île, mais des pistes sont évoquées, notamment la possibilité « d’avancer » le versement de certaines aides pour Chypre dans le cadre du budget 2014-2020, afin d’avoir un « impact sur le terrain aussi vite que possible ». Il rappelle que le pays doit recevoir quelque 945 millions d’euros sur la même période, au titre des fonds de cohésion et de la politique agricole.

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