Dans “Arrêt sur images”, émission du service public

La propagande des médias pour le “oui” démontrée par des journalistes

18 mai 2005

Jeudi dernier très tard dans la nuit, les Réunionnais ont pu voir sur Tempo l’émission “Arrêt sur images” qui a été diffusée par la 5 en France le 6 mai dernier. Cette émission fut absolument extraordinaire par sa pertinence et son intérêt en cette période électorale. En effet, peut-être comme cela n’a encore jamais été fait, des journalistes du service public ont démontré de façon accablante à quel point le pouvoir médiatique s’est livré depuis plusieurs semaines à une propagande massive en faveur du “oui”.

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La dernière édition de l’émission “Arrêt sur images” de France 5 a tenté de répondre à la question suivante : “Référendum : les médias sont-ils neutres ?”. La réponse fut claire et nette.
En passant en revue et sous tous les angles l’ensemble des émissions télévisées où il fut question du référendum du 29 mai, l’équipe de Daniel Schneidermann a fait la démonstration que "les médias font pencher la balance en faveur du “oui”". Les journalistes du service public ont analysé successivement :

- les temps de parole des différents responsables politiques (largement favorables aux partisans du “oui”) (1)  ;

- les “éclairages” des “experts” (avec leur "fausse pédagogie" et leur "unilatéralisme" en faveur du “oui”) ;

- les informations orientées ouvertement ou de façon "subliminale" par des journalistes ;

- les débats où les questions des journalistes sont agressives envers les partisans du “non” et complaisantes à l’égard des partisans du “oui” ;

- les interventions des observateurs étrangers, à 100% en faveur du “oui”.

"L’aliénation de la classe médiatique"

Au cours de cette émission, on a également eu droit aux commentaires d’Éric Zemmour, grand reporter du “Figaro”, qui est loin d’être un journal subversif. Celui-ci a d’abord signalé que l’on a subi "un tsunami du “oui” sur toutes les radios", avec "un déferlement de propagandes". Puis il a dénoncé les "journalistes aliénés" et "l’aliénation de la classe médiatique".
Enfin, Éric Zemmour a signalé que cette attitude des médias durant cette période électorale n’a rien d’exceptionnel : "depuis vingt ans, les médias sont au service de l’idéologie dominante ; ils se croient objectifs alors que leur propagande est permanente toute l’année. Il y a une grande uniformisation idéologique des journalistes dans l’idéologie dominante".
Conclusion des journalistes d’“Arrêt sur images” : il n’est pas étonnant que devant tant d’abus de pouvoir et de détournement du service public d’information au service d’un clan politique, plusieurs centaines de professionnels des chaînes publiques aient fini par réagir en lançant une pétition dénonçant "le manque d’objectivité et le matraquage pour le “oui” des médias"
(voir “Témoignages” du samedi 7 mai).

L. B.

(1)Cette inégalité des temps de parole en faveur du “oui” a été relevée par plusieurs organismes et même par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a demandé aux chaînes nationales de "remédier à ces déséquilibres dans les meilleurs délais".


Télé : des émissions reportées après le 29 mai

Sous le titre “Des reports de circonstance”, le journal “Libération” de vendredi dernier signale que des émissions télévisées programmées ces jours-ci ont été reportées après le référendum du 29 mai. Ces reports ne sont pas neutres ni innocents... Dans son article, que nous reproduisons ci-après, Raphaël Garrigos parle d’auto-censure. Il nous démontre qu’en France, la télé de service public est aux ordres de l’État. Quelle est la liberté du service public d’information à La Réunion ?

“Mon boulot, l’Europe et moi”. Tel est le titre - on ne peut plus d’actualité - du documentaire que France 5 devait diffuser ce jeudi soir, 12 mai 2005. Ce film retrace l’épopée des ouvriers de Ronal, dont l’usine a été délocalisée en Pologne. Il a été reporté au 6 juin, après le référendum.
À France 5, Alexandre Michelin, directeur des programmes, explique que, "dans le contexte actuel, diffuser ce documentaire magnifique, c’était rock’n’roll. Il aurait fallu l’accompagner d’un débat que nous n’avons pas le temps d’organiser".
Report encore, cette fois à octobre, pour l’émission “Un œil sur la planète” (France 2), que son rédacteur en chef, Thierry Thuillier, entendait consacrer ce lundi à la Turquie. Motif, indique Arlette Chabot, directrice de l’information de France 2 : "Nous ne sommes pas dans un climat de sérénité. En parlant de la Turquie, on nous aurait accusés de faire monter le “non” et en même temps de faire monter le “oui”".
Ce sont là deux cas d’autocensure après l’épisode José Manuel Barroso. Invité en avril par France 2 dans “100 minutes pour convaincre”, le président de la Commission européenne n’est jamais venu. La raison ? Chirac a estimé que laisser le symbole de l’Europe technocratique causer pendant deux heures ne pouvait que faire monter le “non”. Le président a donc intimé l’ordre à France 2 de renoncer à cette invitation. Qui a obtempéré.


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