Environnement

La protection de l’Antarctique enfin inscrite dans la loi

Après l’adoption par le Sénat

20 mars 2003

Pour protéger l’Antarctique d’une exploitation indue de ses ressources, d’un tourisme incontrôlé et de toute forme de pollution, un projet de loi est en passe d’être voté par le Parlement français. Le Sénat vient d’adopter le texte présenté par la secrétaire d’État au Développement durable, Tokia Saïfi. Avec beaucoup de retard, la France donne ainsi toute sa force au Protocole de Madrid qu’elle a ratifié en 1992. Ce traité international complète le Traité sur l’Antarctique de 1959, qui fixe les principes d’une protection du Pôle Sud.
Le texte présenté devant le Sénat, mis au point par la précédente majorité, réglemente toutes les initiatives concernant l’Antarctique. Toute activité, scientifique, touristique ou autre, devra faire l’objet d’une déclaration préalable. Si les effets sur l’environnement paraissent non négligeables, une étude d’impact devra être mise en œuvre avant autorisation. Le projet de loi prévoit également des sanctions en cas d’infraction.

Une fois le texte définitivement adopté, les décrets d’applications devraient être pris rapidement. Les autorisations seront vraisemblablement gérées par le ministère de l’Écologie et l’administration des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).
Depuis 1959, le traité signé à Washington protège l’Antarctique des prétentions territoriales des États, interdit toute activité militaire et nucléaire et organise la « liberté de la recherche scientifique » sur la base de la coopération internationale. Le protocole signé à Madrid en 1991 est uniquement consacré à la protection de l’environnement sur le continent blanc.
La recherche scientifique est actuellement la principale activité sur le continent Antarctique. Une trentaine de bases est disséminée sur les 14 millions de kilomètres carrés de l’immense calotte glaciaire. Ses couches très anciennes de glace constituent une source d’information unique sur l’histoire climatique de la planète. Le tourisme est encore secondaire : quelque 15.000 visiteurs par an s’offrent un séjour au Pôle Sud.

Ça déménage dans l’Antarctique
Alors que le soleil va disparaître de l’horizon d’ici 8 jours, les scientifiques américains de la base américaine d’Amundsen-Scott bouclent leurs cartons. Ils doivent passer l’hiver dans la nouvelle base construite par la Fondation nationale pour la science (NSF), qui peut accueillir jusqu’à 200 personnes. Innovation majeure : la base n’est plus à moitié enterrée et aveugle. Monté sur pilotis pour ne pas être recouvert par la neige, le nouveau bâtiment est percé … de fenêtres. Les habitants pourront donc profiter des aurores polaires depuis leur chambre.
L’ancien dôme, conçu en 1975 pour abriter une trentaine de personnes, était devenu trop étroit. Sans parler du confort : dans l’enceinte du dôme, des stalactites de glace pendent entre les bâtiments habités. Quelques aventuriers ou nostalgiques ont encore décidé d’y passer l’hiver. Le dôme doit être démonté lorsque la nouvelle station sera totalement achevée, dans 3 ou 4 ans.
La nouvelle station a coûté plus de 130 millions de dollars. Le chantier a connu de sérieux déboires et a pris du retard. Le matériel est acheminé par bateau depuis la Californie jusqu’à la base de MacMurdo, sur la côte antarctique. Des avions cargos, tributaires du mauvais temps, le transportent ensuite jusqu’à Amundsen-Scott.
À moins de 1.500 kilomètres de là, sur la base russe de Vostok, l’ambiance est toute différente. Les exilés de l’Antarctique ont déjà fait leur valise, pour une autre raison. Cette station située sur le célèbre lac Vostok, où les chercheurs espèrent trouver des formes de vie inconnues, est désertée pour l’hiver. L’Institut de recherche qui gère la base n’a pas pu acheminer suffisamment de combustible et de ravitaillement pour la quinzaine de personnes qui y passe habituellement l’hiver. Tout le monde a été rapatrié sur la base de Mirny, située sur la côte.

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