Moyen-Orient

La réponse d’Ariel Sharon à une initiative de paix ?

14 Palestiniens tués au lendemain de la présentation de la "feuille de route"

2 mai 2003

Le plan de paix du ’quartette’ (les Nations Unies, l’Union européenne, la Russie et les États-Unis) pour le Moyen-Orient a été remis mercredi à Mahmoud Abbas, Premier ministre israélien et Ariel Sharon, Premier ministre israélien. Hier, l’armée israélienne d’occupation a tué quatorze personnes, dont un enfant de deux ans. Ariel Sharon veut-il déjà torpiller ce plan de paix ?

La communauté internationale a lancé mercredi un nouveau plan de paix pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien, quelques heures après un attentat suicide qui a fait quatre victimes à Tel-Aviv. La "feuille de route", un plan de paix élaboré par le "quartette" (ONU, Union européenne, Russie et États-Unis) sur le Moyen-Orient, a été remise dans mercredi après-midi, à moins d’une heure d’intervalle, au Premier ministre israélien Ariel Sharon et au nouveau Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas.
Israéliens et Palestiniens devraient maintenant se réunir pour lancer l’application de ce plan en trois étapes. Sa réussite suppose que les Palestiniens lancent un appel sans équivoque contre le terrorisme. Les Israéliens devraient pour leur part alléger les humiliations quotidiennes subies par la population palestinienne. George W. Bush a demandé aux Israéliens et aux Palestiniens de retrouver le « chemin de la paix » ; Tony Blair les a pour sa part appelés à « commencer à appliquer sans tarder la feuille de route ».

Mais les deux camps ont d’ores et déjà des interprétations très différentes. Selon Nabil Abou Roudeina, principal conseiller de Yasser Arafat : « ce sera à Israël de faire le premier pas et de retirer ses forces de nos villes, conformément à ce qui est dit dans la feuille de route. La communauté internationale doit contraindre Israël à mettre en œuvre la feuille de route, sinon tout cela n’aura été qu’une farce », a-t-il déclaré.
Le bureau d’Ariel Sharon a de son côté affirmé dans un communiqué qu’un exemplaire de la feuille de route avait été remis au gouvernement israélien « en vue de recevoir des remarques sur sa formulation ». « Le processus concernant la remise de ces remarques a débuté il y a deux semaines et se poursuivra prochainement, comme convenu entre Israël et les États-Unis », poursuit le communiqué, qui laisse donc entendre que le document peut encore subir des modifications.

Cette interprétation de la part de Tel Aviv laisse déjà à penser que comme de nombreuses autres initiatives de paix, elle sera combattue par les extrémistes à la tête de l’État d’Israël. Cette vision démontre une nouvelle fois que tant que des colonialistes gouverneront Israël, il sera bien difficile pour la paix de s’installer dans cette région. Et comme pour confirmer cette thèse, l’armée israélienne a lancé hier un raid contre l’habitation d’un membre du groupe intégriste Hamas à Gaza, faisant 14 morts, dont l’homme recherché, deux de ses proches et un enfant de deux ans. Ahmed Ayyad, un forgeron du quartier, a déclaré que son fils de deux ans, Amir, avait été tué par des tirs israéliens alors qu’il regardait l’attaque par la fenêtre de leur logement.
« Je n’ai pas pu l’aider », s’est lamenté Ayyad, en retenant ses larmes à la morgue locale. « De quelle ’feuille de route’ s’agit-il ? C’est absurde les Israéliens ne veulent pas la paix. Demandez à mon fils ! ». Saëb Erekat, "ministre des Négociations" avec Israël dans le nouveau cabinet de Mahmoud Abbas, a « fermement condamné » hier l’incursion israélienne à Gaza, estimant qu’il s’agissait d’un « crime » délibéré après la publication de la "feuille de route". « Est-ce leur réponse ? Tuer des innocents et des enfants, dont le plus jeune n’avait que deux ans ? », s’est-il interrogé.
Par ailleurs, ce plan de paix a été rejeté dès mercredi par deux mouvements extrémistes palestiniens, et par les représentants des colons israéliens, un soutien essentiel à Ariel Sharon. Le Conseil des implantations de Judée-Samarie (Cisjordanie) et Gaza, organisation colonialiste qui représente plus de 200.000 colons israéliens, a appelé le gouvernement Sharon à la rejeter, la qualifiant de « dangereuse » pour Israël.


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