Mot d’ordre : renverser Hugo Chávez

La « sale guerre » de Washington contre le peuple vénézuélien

13 janvier 2007

Dans un article paru en novembre 2006 dans le journal suisse “Le Courrier”, l’avocate Eva Golinger Calderón détaille la méthode employée par Washington pour déstabiliser le gouvernement du Venezuela. Extraits.

Dans “Le Code Chávez”, vous détaillez l’appui des USA aux opposants vénézuéliens. Mais les agences étasuniennes financent des milliers d’organisations de la société civile dans le monde... Pourquoi peut-on parler de « sale guerre » contre le Venezuela ?
- Mais les États-Unis mènent partout une sale guerre ! En Afrique, au Moyen-Orient comme en Amérique latine. Ce que vous appelez “appui”, moi je le nomme : subversion de la démocratie. Les États-Unis ont formé, entraîné, financé, conseillé et soutenu politiquement les personnes qui étaient au pouvoir avant Chávez et qui aspirent à y retourner pour recommencer à s’enrichir. Ces personnes ne travaillent pas à renforcer la démocratie au Venezuela comme elles le disent. Elles se sont placées d’elles-mêmes hors du cadre démocratique, en participant au coup d’État d’avril 2002, puis au sabotage pétrolier qui a suivi. Et comment pensez-vous que les États-Unis ont réagi à leur implication dans ces actions illégales ? Et bien, en créant, dès juin 2002, un nouveau bureau à Caracas afin d’augmenter leur aide à ces personnes ! Il n’y aucune explication rationnelle à cela, si ce n’est de constater que le gouvernement des États-Unis souhaitait le putsch.

Après cet échec et celui de la grève pétrolière, les États-Unis ont-ils changé de stratégie ?
- En partie, oui. Après la nette victoire de Chávez lors du référendum de 2004, les États-Unis ont dû se rendre à l’évidence : l’opposition ne dispose pas du soutien de la majorité des Vénézuéliens. Au début de 2005, lorsque Condoleezza Rice arrive au secrétariat d’État, elle déclare qu’il existe une « force négative pour la région », inaugurant la nouvelle stratégie américaine : jeter publiquement le discrédit sur le gouvernement vénézuélien et nier son caractère démocratique. En plaçant Caracas sur “l’axe du mal”, les États-Unis essaient de mêler le Venezuela à leur “guerre contre le terrorisme”, pour justifier toute une série de sanctions comme la rupture de contrats d’armement.
Sur le plan politique, ils ont poursuivi leur travail de sape. Ils appuient par exemple les tentations séparatistes dans l’État du Zulia, où se trouve l’industrie pétrolière, et qui est actuellement gouverné par Manuel Rosales (l’ancien adversaire de Chávez pour la présidentielle). Situé à la frontière, cet État subit la pression du Plan Colombie et les incursions des paramilitaires. Donnant aussi sur les Caraïbes, le Zulia est tout près des îles (néerlandaises - NDLR) d’Aruba et de Curaçao, dont les bases militaires américaines ont vu leurs effectifs récemment renforcés.

Pourquoi les États-Unis tiennent-ils tant, selon vous, à se débarrasser d’Hugo Chávez ?
- Simplement parce que Chávez n’est pas disposé à subordonner les intérêts de son pays à ceux de Washington. C’est un changement radical ! Sous les gouvernements antérieurs, les États-Unis pouvaient se servir des ressources naturelles vénézuéliennes comme ils l’entendaient, sans se préoccuper de la population. Pour les États-Unis, la présidence d’Hugo Chávez représente un défi à leur domination dans toute l’Amérique latine, mais aussi ailleurs dans le Sud. Depuis la victoire de Chávez en 1998, les choses changent. Il fut le premier à amorcer le virage à gauche. On vit peut-être le début de l’effondrement d’un empire.


Eva Golinger Calderón

Depuis qu’elle s’est mise en tête d’enquêter sur la politique étasunienne à l’égard d’Hugo Chávez, l’avocate Eva Golinger Calderón s’estime « en danger ». Son forfait ? Avoir révélé les liens intimes qui unissent les opposants vénézuéliens ayant mené le putsch d’avril 2002 et les services américains.
A cette époque, Eva Golinger exerce encore sa profession à New York, auprès d’artistes de passage et autres migrants en quête d’un permis. Choquée, persuadée de la complicité de Washington dans le renversement d’Hugo Chávez, cette juriste engagée décide de se saisir d’une loi adoptée en 1997 mais encore peu usitée : le Freedom Of Information Act (FOIA). En quelques mois, elle oblige les pouvoirs publics à lui remettre pas moins de 4.000 documents provenant de la CIA, mais aussi d’officines publiques et parapubliques, telles que le Fonds national pour la démocratie (NED) ou l’Agence fédérale pour le développement (USAID).
L’analyse des données « déclassifiées » est édifiante : « Nous savions que le gouvernement des États-Unis était mouillé, mais là, nous avions enfin des preuves », s’exclame Eva Golinger. Publiés sur le Net (1) , les documents serviront de base à son premier livre “Le Code Chávez” paru en 2005.
Devenue la bête noire des partisans de la “doctrine du gros bâton”, l’Américaine poursuit désormais ses investigations depuis Caracas et se dit persuadée que le gouvernement Bush n’a pas renoncé à ses plans. Au mois de novembre, elle a publié un second ouvrage, “Bush vs Chávez”, consacré à la stratégie latino-américaine de la Secrétaire d’État Condoleezza Rice.

(1) http://www.venezuelafoia.info


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