Zimbabwe

La solution viendra des Zimbabwéens

Le Commonwealth préconise le dialogue

16 octobre 2003

souligné hier l’importance d’instaurer un dialogue au Zimbabwe entre les deux principaux partis, une initiative qu’il juge essentiel pour parvenir au règlement de toutes les autres questions concernant le pays.

Le secrétaire général du Commonwealth, qui s’adressait hier aux journalistes à son arrivée à Johannesburg, a dit que la solution de la crise zimbabwéenne repose uniquement sur une volonté constructive et l’ouverture d’un dialogue entre la ZANU-PF au pouvoir et le principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
Il a toutefois insisté sur le fait que c’est aux Zimbabwéens eux-mêmes de trouver les solutions à leurs problèmes, et de décider de leur propre destinée. « Toute solution imposée de l’extérieur n’est pas susceptible de durer, et les menaces faites par différentes organisations se sont révélées totalement vaines ». « Quoique les États-Unis, l’Union européenne, le Commonwealth ou les dirigeants régionaux aient dit, rien n’a changé. Donc les changements doivent venir de l’intérieur et c’est à la population de ce pays de les déclencher », a déclaré Don McKinnon lors d’une conférence de presse.
Il a dit que la communauté internationale ne peut qu’encourager, aider, faciliter et le cas échéant, rappeler au Zimbabwe les valeurs auxquelles il a adhérées. Une démarche que le Commonwealth a cherché à adopter et continue de maintenir.

Des conditions

Il a souligné que la suspension du Zimbabwe du Commonwealth ne sera levée que si ce pays tient compte de cinq questions importantes. Parmi celles-ci figurent la nécessité d’instaurer un dialogue et la réconciliation nationale, l’annulation ou l’amendement de la loi qui, selon lui, porte atteinte à la liberté de parole et de presse et la cessation de tout harcèlement à l’égard de l’opposition politique et de la société civile.
Les autres questions qui intéressent le Commonwealth sont la prise en compte des recommandations faites par deux groupes d’observateurs électoraux du Commonwealth et la participation de l’organisation mais aussi du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à la réforme agraire.
Don McKinnon a révélé que les dirigeants à la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Abuja, au Nigeria, en décembre, ne voulaient pas que le sommet soit éclipsé par la question du Zimbabwe, mais souhaitaient progresser vers « le développement et la démocratie ».

Débat sur le Zimbabwe à l’Assemblée parlementaire ACP-UE à Rome
Les sanctions imposées font souffrir le peuple zimbabwéen
L’Assemblée parlementaire paritaire ACP UE, réunie à Rome, en Italie, a débattu mardi du rapport présenté par le Béninois Adrien Houngbedji, co-président de cette Assemblée qui a conduit, récemment, une mission de parlementaires ACP au Zimbabwe, a-t-on appris hier, de source officielle, à Bruxelles.

Dans son rapport, la délégation des parlementaires ACP se félicite d’avoir eu l’occasion de rencontrer le président Robert Mugabe, les membres de son gouvernement ainsi que les leaders de l’opposition. La délégation a pu également s’entretenir avec des représentants des fermiers blancs et des fermiers noirs.

Dans les conclusions de son rapport, la mission de parlementaires ACP affirme que les difficultés tant politiques que sociales que traverse le Zimbabwe sont largement dues à la réforme agraire entreprise par le gouvernement du président Robert Mugabe. Le rapport souligne que les sanctions ciblées décrétées par l’Union européenne ont un impact négatif sur le développement du pays, et c’est la population zimbabwéenne dans son ensemble qui en souffre. Les parlementaires estiment, en outre, que l’aide humanitaire internationale au Zimbabwe est inadéquate.

Au cours du débat qui a suivi la présentation du rapport, un député travailliste britannique a fait observer que de 1980 à 1985, le Royaume-Uni avait versé au total 600 millions de dollars au gouvernant de Harare dans le cadre de la réforme agraire, alors que ce montant n’était pas prévu par les accord de Lancaster House. Pour l’eurodéputé britannique, le président Robert Mugabe ne se soucie pas du sort des 2 millions de sans terre zimbabwéens, mais du maintien au pouvoir de la ZANU PF. Un délégué du Lesotho a demandé que l’on cesse de diaboliser le président Robert Mugabe, accusant le Royaume-Uni d’avoir contribué à aggraver le problème du Zimbabwe.

Pour sa part, un parlementaire nigérian a soutenu que les pays ACP peuvent jouer le rôle de médiateur dans un esprit de compromis pour permettre la relance de la coopération économique et financière entre l’Union européenne et le Zimbabwe. Un député français s’est levé pour reprocher aux Européens d’invoquer les droits humains uniquement quand leurs intérêts sont en jeu, alors qu’il faut d’abord respecter les accords antérieurs signés avec Harare.

On rappelle que l’objectif du voyage des parlementaires ACP au Zimbabwe était de préparer une mission conjointe ACP-UE à Harare. La délégation du Zimbabwe qui participe aux travaux de la 6ème session de l’Assemblée paritaire ACP-UE ne comprend aucun dirigeant visé par les sanctions ciblées décrétées par l’Union européenne contre Harare.

Prises en février 2002, les sanctions contre le Zimbabwe ont été reconduites jusqu’en février 2004. Les sanctions ciblées contre le Zimbabwe constituent l’unique obstacle à la tenue du second sommet Europe-Afrique. Ce sommet qui aurait dû se tenir en avril dernier à Lisbonne, au Portugal, a été annulé parce que le président Robert Mugabe tient à y participer personnellement.

La solution pourrait être que le Zimbabwe y soit représenté par un dirigeant ne figurant pas sur la liste des personnalités zimbabwéennes interdites de séjour en Europe. La présence dans la délégation de Harare des ministres zimbabwéens visés par les sanctions européennes avait été la cause de l’annulation de la session de l’assemblée paritaire en novembre 2002 à Bruxelles. Alors que toutes les délégations ACP se trouvaient à Bruxelles, les parlementaires européens avaient refusé l’accès de l’hémicycle aux ministres délégués par le président Robert Mugabe.


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