Aucun accord entre les ministres des Finances de la zone euro

La tension monte entre les Grecs et les Européens

13 février 2015, par Céline Tabou

Les ministres des Finances de la zone euro ne sont pas parvenus à s’entendre avec la Grèce lors d’une réunion mercredi 11 février, à Bruxelles. La tension monte entre les pays de la zone euro et la Grèce, qui « n’a pas accepté » la prolongation du programme d’aide en cours, que souhaitaient ses créanciers (FMI, BCE, UE).

« Nous avons fait des progrès mais pas assez pour parvenir à des conclusions communes », a déclaré le président de l’Euro-groupe, Jeroen Dijsselbloem. Aucun communiqué n’a été publié à l’issue de cette réunion, un fait rare et exceptionnel, qui montre les tensions considérables entre la Grèce et ses créanciers au sein de la zone euro.

L’impasse

« Cet Euro-groupe n’a pas débouché sur un accord. La prolongation du mémorandum n’a pas été acceptée », a affirmé une source à l’agence de presse, Reuters. Selon cette source anonyme, la négociation va se poursuivre « en vue d’un accord mutuellement bénéfique » pour les deux parties sur l’avenir du financement, des réformes et de la dette de la Grèce.
Jeroen Dijsselbloem, a expliqué lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion exceptionnelle de l’Euro-groupe, qu’un « certain nombre de sujets » avaient été étudiés, « dont l’un était l’actuel programme » d’aide internationale. « Nous avons parlé de la possibilité d’une extension. Pour certains d’entre nous, il est évident que ce serait la meilleure solution mais nous ne sommes pas encore parvenus à un accord à ce sujet. Il nous faut un peu plus de temps », a-t-il ajouté.
Cette réunion extraordinaire devait rapprocher les points de vue. Cependant, Athènes a réaffirmé depuis sa victoire, il y a deux semaines, sa volonté d’en finir avec la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), ce qui irrite la zone euro. Au cours de cette discussion, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, « a argumenté sur l’échec des mémorandums ».
Il s’agit des accords passés depuis 2010 entre Athènes et la troïka sur l’octroi de 240 milliards d’euros de prêts en échange d’une cure drastique d’austérité et de multiples réformes, remettant en cause tout le système économique et social du pays.
Yanis Varoufakis a assuré auprès de ses partenaires européens que le plan d’aide ne fonctionnait pas et qu’il ne souhaitait pas d’extension de celui-ci. Ce dernier a indiqué qu’il était prêt à coopérer avec l’Union européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI), afin qu’un accord puisse être conclu dès lundi. Toutefois, les Européens veulent qu’Athènes demande une extension du programme actuel, avant d’envisager des solutions pour alléger la dette, qui représente plus de 175 % du PIB grec.

Alexis Tsipras tient ses positions

Avant la réunion, le gouvernement d’Alexis Tsipras s’était dit prêt à tenir ses positions face à l’Allemagne et à ses alliés pour sortir de la tutelle imposée par la “troïka” (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) et pour obtenir une renégociation de la dette de son pays. Cette position a été défendue auprès de la chancelière allemande, Angela Merkel, ce jeudi 12 février lors du sommet européen, à Bruxelles.
Cependant, dès son arrivée, l’Allemand Wolfgang Schäuble avait assuré que « chaque pays est entièrement libre de faire ce qu’il veut. Mais nous avons ce programme. Soit il est mené jusqu’au bout, soit il n’y a plus de programme ». Une posture partagée par Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques : « Le programme, c’est une base légale, une référence, un cadre. Il est très difficile de s’en affranchir ».
En dépit de la fermeté exposée par les Européens, les Grecs sont bien décidés à défendre leurs intérêts. D’ailleurs le gouvernement grec est soutenu par son peuple. Mercredi soir en Grèce, plus de 20.000 personnes ont répondu au mot d’ordre « Un souffle de dignité », lancé depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux.
Ils ont défilé contre l’austérité avec des pancartes affichant : « Stop à l’austérité », « Aucun pas en arrière », « Donnez une chance à la Grèce » ou encore “Respect”. Le but était de soutenir leur gouvernement, dont plus de sept Grecs sur dix, selon deux sondages publiés mardi 10 février, jugent positifs les premiers pas. Cependant, les négociations risquent d’être tendues et le rapport de force compliqué pour les Grecs.

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