Moyen-Orient

Le bombardement israélien en Syrie condamné par les pays arabes

Nouvelle escalade des dirigeants de Tel Aviv

6 octobre 2003

Le monde arabe a condamné dimanche le raid aérien mené par l’armée israélienne dans la nuit de samedi à dimanche en territoire syrien, mettant en garde contre une extension de la guerre coloniale menée par les dirigeants israéliens en Palestine dans la région. Hier soir, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU avait lieu au sujet de cette agression sans précédent depuis 19 ans.

En confirmant hier le raid contre « une zone civile », les autorités de Damas ont elles-mêmes qualifié cette opération de « violation flagrante du droit international et d’une nouvelle et grave escalade », selon les termes du chef de la diplomatie syrienne Farouk al-Chareh, dans un message adressé au secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Il demande dans ce message « une réunion immédiate du Conseil de sécurité de l’ONU ».
La Syrie y estime que le Conseil de sécurité -dont elle est membre non permanent- constitue « le cadre adéquat pour faire face à ce développement dangereux, le condamner et empêcher qu’il ne se reproduise, car il menace la sécurité régionale et internationale ».
Quelques heures auparavant, le président de la Commission des relations extérieures du parlement syrien, Soleimane Haddad, avait promis que l’État hébreu paierait « le prix de son agression », tout en soulignant que "les prétextes et les justifications avancés par Israël pour justifier cette opération [étaient] dénués de tout fondement ».

Sans précédent depuis 1974

Ce raid constitue « une violation flagrante des accords de désengagement des forces » syro-israéliennes de 1974, ainsi que « des accords internationaux et de la 4ème convention de Genève sur les droits de l’Homme » relative aux populations civiles, a ajouté le président de la Commission des relations extérieures du parlement syrien, dans une interview à la chaîne de télévision libanaise LBCI.
Dans ce qui constitue le premier raid d’une telle ampleur et aussi loin à l’intérieur de la Syrie depuis 1974, l’armée israélienne a attaqué ce qu’elle annonce être un camp d’entraînement utilisé, selon l’État hébreu, par le Jihad islamique, mouvement islamiste palestinien qui a revendiqué l’attentat suicide qui a fait 20 morts samedi à Haïfa.
Un haut responsable palestinien a estimé dimanche que le raid israélien mené en Syrie ne ferait qu’alimenter le cycle de la violence. « Cette mesure n’était pas nécessaire, elle ne va faire que nourrir le cercle vicieux des violences », a dit le ministre du Travail sortant, Ghassan Khatib. Le président égyptien Hosni Moubarak a aussi condamné le raid israélien, le qualifiant « d’agression contre un pays frère ». « Nous condamnons la violence et nous condamnons l’agression qui s’est produite aujourd’hui contre un pays frère, sous le prétexte de la présence d’organisations » palestiniennes, a déclaré Hosni Moubarak lors d’une conférence de presse.

« Terrorisme d’État »

Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a qualifié dimanche de « terrorisme d’État » le raid israélien contre la Syrie et estimé qu’il élargissait la zone de confrontation dans la région. Une réunion d’urgence de la Ligue arabe était convoquée hier soir afin de « débattre de l’agression israélienne contre une zone où vivent des réfugiés palestiniens en Syrie », a indiqué le numéro deux de la Ligue arabe, Ahmed ben Helli.
Le Premier ministre libanais, Rafic Hariri, de même que le ministre jordanien des Affaires étrangères Marwan Moasher ont condamné le raid. Cette « agression contre un pays arabe frère » constitue une « escalade dangereuse qui pourrait entraîner toute la région dans une spirale de violences », a indiqué Marwan Moasher, cité par l’agence Pétra.
Un proche collaborateur d’Iyad Al-Allaoui, président en exercice du Conseil de gouvernement transitoire irakien, a dénoncé le raid, estimant qu’il mettait le processus de paix en danger. « Nous n’acceptons aucune action militaire contre quelque pays que ce soit dans la région, qui risquerait de mettre fin au processus de paix », a dit Ibrahim Janadi, secrétaire général du parti de l’Entente nationale irakienne, le mouvement de M. Allaoui.
Hier soir, une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité devait débattre de l’agression israélienne. On rappelle que les plus fidèles alliés du gouvernement israélien, les dirigeants américains, ont pour habitude de bloquer toutes les initiatives prises pour protéger les victimes de la politique coloniales menée par Ariel Sharon et ses complices.


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