Selon le FMI, la crise est loin d’être finie en Europe

Le décrochage de la zone euro

18 avril 2013, par Céline Tabou

Les récentes prévisions du Fonds monétaire international (FMI) prédisent une baisse du Produit intérieur brut (PIB) mondial devant atteindre 3,3% cette année, contre 3,5% prévus en janvier et 3,2% l’année dernière.

L’économie de la zone euro continue sa stagnation, rendant plus difficile la réduction des niveaux d’endettement public et privé, a indiqué mardi 16 avril le FMI dans son rapport semestriel sur les prévisions économiques mondiales. De plus, la baisse de la prévision de croissance mondiale du FMI survient en raison d’une reprise économique « semée d’embûches » , plombée par l’incertitude dans la zone euro, notamment à Chypre et en Italie.

La zone euro le maillon faible

Selon le rapport de l’institution, « à court terme, les risques proviennent principalement de l’évolution de la zone euro, notamment de la suite des événements à Chypre et de la situation politique en Italie ». En effet, le plan de sauvetage de la Troïka à Chypre semble complexe et compliqué à mettre en place en raison des récentes modifications budgétaires. De plus, en Italie, l’absence de gouvernement n’a pas permis de redresser les finances du pays. Appelant la Banque centrale européenne à faire davantage, le FMI appuie la mise en place de l’union bancaire, mais la « fatigue » liée à l’austérité et au fossé grandissant entre les pays de la zone euro pourrait compliquer cette union.

Pour éviter une stagnation prolongée, le FMI a préconisé à la Banque centrale européenne (BCE) une réduction de ses taux d’intérêt et envisagé de nouvelles mesures de relance. L’institution a toutefois précisé que les mesures de réduction des déficits devaient être étalées dans le temps, afin de ne pas miner davantage l’activité économique.

« L’Europe devrait faire tout ce qu’elle peut pour renforcer la demande privée », a indiqué Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, dans son rapport. « Cela doit se traduire par une politique monétaire agressive et par un renforcement du système bancaire », a-t-il ajouté, précisant que la consolidation budgétaire est nécessaire, mais ne doit « pas tuer la croissance ».

« Les tensions financières se sont atténuées dans la zone euro des PEM, depuis octobre 2012, sous l’effet des mesures prises au niveau national et au niveau européen, mais l’activité économique reste faible et les projections de croissance pour 2013 ont été revues en baisse », a indiqué le rapport du FMI. Ce dernier note également un manque de dynamisme de croissance de la périphérie au cœur de la zone. Les perspectives pourraient se dégrader en cas de stagnation et de réapparition des tensions si les dirigeants européens « relâchent leur effort » ou si « les événements de Chypre provoquent une fragmentation durable des marchés financiers ».

Des risques extrêmes

Autre sujet d’inquiétude, l’impact des coupes budgétaires aux États-Unis sur l’économie mondiale. Le FMI prévoit désormais une croissance mondiale de 3,3% cette année, soit 0,2 point de moins qu’attendu en janvier, et de 4,0% pour 2014, contre 4,1% prévu il y a trois mois. « Les perspectives de l’économie mondiale se sont améliorées de nouveau, mais la route menant à la reprise dans les pays avancés restera cahoteuse », a indiqué le rapport.

Le Fonds s’inquiète des risques extrêmes pouvant peser sur les perspectives économiques mondiales, qui ont diminué, et les possibilités d’une amélioration actuellement perceptibles. Toutefois, « les risques de dégradation continuent de prédominer, et ils pourraient avoir d’importantes répercussions dans l’ensemble des régions ».

Concernant la France, la révision de la croissance à la baisse pour 2013 est plus sévère que prévu, le FMI prévoyait il y a trois mois une croissance de 0,3% du PIB pour 2013, mais le Fonds anticipe désormais une contraction de 0,1%. Pour 2014, il maintient sa prévision d’une croissance de 0,9%. À l’inverse, l’Allemagne est une exception avec une croissance attendue de 0,6% en 2013 et de 1,5% en 2014.

Le FMI a également abaissé de 8,2% à 8% sa prévision de croissance pour la Chine en 2013, en préconisant une accélération des réformes. De son côté, Pékin a annoncé une hausse du PIB de 7,7% sur 1 an au premier trimestre, mettant provisoirement un terme à la phase d’accélération de la croissance en Chine entamée au dernier trimestre 2012, a annoncé l’Agence France Presse.

Le Fonds a souligné les risques potentiels pour la Chine « d’un coup d’arrêt des réformes et de la reprise en Chine ». « La réforme du secteur financier doit être accélérée afin de limiter les risques liés à la croissance rapide de l’ensemble du crédit et prévenir une accumulation de capacités excédentaires » due à des prêts mal orientés, a noté le rapport.

Céline Tabou

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