Après la répression de dimanche, appel à la grève générale aujourd’hui

Le dialogue seule issue pour la Catalogne et l’Espagne

3 octobre 2017, par Manuel Marchal

Malgré la violence de la répression dimanche, près de la moitié des électeurs se sont rendus aux urnes en Catalogne. 90 % des suffrages étaient pour l’indépendance. Pendant que le gouvernement catalan estime que la voie vers l’indépendance se dégage et demande une intervention internationale, la population est appelée à une grève générale aujourd’hui pour protester contre la répression. Les violences subies par les citoyens catalans qui voulaient aller voter rappellent ce que les Réunionnais ont vécu, quand le pouvoir parisien utilisait la fraude, les coups et les arrestations pour empêcher le peuple d’élire des communistes.

Grâce à des téléphones mobiles, des manifestants ont pu rendre compte en direct de la répression.

Dimanche, les images venues de Catalogne ont suscité une grande émotion. Pour empêcher la tenue d’un référendum d’autodétermination organisé par le gouvernement de cette province autonome, le pouvoir central a utilisé la force. Sur ordre, des policiers ont tiré des balles en caoutchouc sur des citoyens qui allaient voter. Ils ont chargé la foule. Le bilan de cette violente répression est de plusieurs centaines de blessés.

À La Réunion, ces images rappellent un épisode de l’histoire de notre île. En janvier 1956 se tenait une élection législative. La liste communiste conduite par Paul Vergès et Raymond Mondon remporte la majorité absolue des suffrages dans notre île. Sur les trois sièges à pourvoir, les communistes en remportent deux.

Mêmes scènes à La Réunion

Cette élection a été le point de départ d’une vague de violente répression décidée par Paris et visant à écraser les communistes. Les scrutins ont alors été systématiquement marqués par la fraude. Les fraudeurs agissaient sous la protection de la police. Les assesseurs communistes étaient frappés et expulsés des bureaux de vote. Des forces anti-émeutes avaient pour mission de charger la foule. Des Réunionnais ont alors payé de leur vie leur engagement militant, d’autres ont été emprisonnés. C’est dans ce contexte de répression qu’est né en 1959 le Parti communiste réunionnais. En effet, l’attitude du pouvoir parisien ne faisait que confirmer une analyse : les Réunionnais sont les seuls à vouloir le développement de leur pays, il est donc logique qu’ils puissent gérer leurs affaires avec une assemblée unique et des compétences permettant l’autonomie dans le cadre de la République.

La violence de règle rien

Les images venues de Catalogne diffusées depuis dimanche par les télévisions et sur Internet rappellent ce que les Réunionnais ont subi parce qu’ils voulaient être responsables.

C’est pourquoi la répression organisée par le gouvernement espagnol est fermement condamnable. Elle ne résoudra rien. En effet, elle ne fait qu’amplifier la défiance vis-à-vis du pouvoir central à Madrid. Avant le scrutin de dimanche, les indépendantistes étaient loin d’être assurés d’obtenir la majorité. Après la répression, le rapport de forces s’est sans doute inversé. Toute nouvelle violence ne fera qu’amplifier la crise.

Renouer le dialogue

À La Réunion, la répression contre les communistes n’a pas réglé les problèmes du pays. Elle les a au contraire aggravés, car les conséquences négatives des politiques menées par les gouvernements qui se sont succédé se sont accumulées. Ce sera la même chose en Catalogne si le gouvernement espagnol ne choisit pas la voie du dialogue avec les organisateurs du référendum de dimanche.

M.M.

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