Le dictateur est mort, vive l’impunité !

13 décembre 2006

La grande majorité des Chiliens exulte, Augusto Pinochet est mort ! Je ne suis pas de ceux qui dansent sur les tombes, même sur celle d’un dictateur, et pour tout vous dire, je suis triste !
Non pas triste comme Margaret Thatcher, mais triste comme un homme qui n’a pas son content de justice, triste comme un homme outré par le comportement des grands de ce monde ! Le sont-ils encore "Grands" ! Tous ces hommes d’État qui jurent leurs grands dieux qu’ils auraient préféré un procès plutôt que la fin de cette page historique à laquelle on vient d’assister et qui a marqué, bien entendu, en premier lieu le Chili, mais aussi le reste du monde.
Un dictateur tombe, d’autres sont malheureusement là pour reprendre le flambeau de cette vision barbare de mener un pays. Comment avoir encore confiance en ces grands hommes d’État alors que Pinochet était sur le territoire de l’Europe et que tout a été fait pour contrer le juge Espagnol Balthazar Garçonne qui tentait vainement de faire arrêter cet assassin ? Comment pourrions-nous croire en un tribunal international lorsque l’on voit que rien n’a été fait pour que le dictateur soit arrêté et jugé pour ses crimes ?

Ne nous regardons pas le nombril, la France a eu ses œuvres en matière de soutien à des dictatures. Je n’en ferai pas la liste ici, elle serait malheureusement trop longue, et bon nombre de politiques de tous bords rougiraient, même s’ils nous affirment que c’est la raison d’État qui les a poussé à soutenir des assassins sanguinaires. Les Etats-Unis d’Amérique sont particulièrement sélectifs en ce qui concerne les dictateurs. Il y a dans ce pays les "Bons" et les "Mauvais".
Tout au long de l’histoire de ce pays, nous nous en sommes rendus compte, et le dernier exemple en date a été la condamnation à mort de Sadam Hussein. Il n’a pas fallu longtemps pour le retrouver et le mettre face à des juges ! Alors, lorsque l’on sait que pas très loin de ses frontières, les USA avaient une belle brochette de voyous exterminateurs, si j’ose dire, prêts à être arrêtés, le Président Bush et toute sa clique ont préféré dépenser des millions de dollars pour aller dénicher le sombre Calife de Bagdad ! Dernière preuve, si elle était utile, la guerre acharnée que mène l’Oncle Sam contre Ben Laden.
On sait tous que les services secrets américains préféreraient le voir tué plutôt que devant des juges, car ils seraient bien embarrassés si ce dernier s’exprimait face au monde pour dire comment, comme une marionnette, il a été au début instrumentalisé pour faire face à la Russie. Mais rassurez-vous, notre bonne vieille France n’est pas en reste et elle a toujours dans ses greniers quelques Duvalier ou Bokassa qui dorment. Et souvenons-nous du Caudillo en Espagne. Léon Blum n’avait pas été le premier à voler au secours des républicains espagnols, et quand vint le temps de la libération en Europe, étrangement, la libération ne traversa jamais les Pyrénées !

Pour en finir avec le décès du dictateur Pinochet, nous savons désormais que jamais, il ne passera devant un tribunal, sauf à croire que le purgatoire existe ! Nous devons être tristes et porter le deuil de la justice qui, une nouvelle fois, sera bafouée parce qu’il existe des hommes politiques qui n’ont aucun sens de l’honneur. De plus, même si le gouvernement chilien ne veut pas entendre parler de deuil national, il a quand même décidé de rendre les honneurs militaires à un assassin, comme jadis le comité des Nobel a remis un Prix à Henry Kissinger ! Je ne sais pas si l’armée, de quelque pays qu’elle soit, doit se sentir honorée d’avoir perdu un général dictateur, mais ce que je sais, c’est qu’en tardant, dès sa prise de pouvoir, à arrêter Augusto Pinochet, et maintenant en ordonnant qu’on lui rende les honneurs militaires, Mme Bachelet, Présidente du Chili, ne grandit pas le mouvement socialiste mondial.
Ce que l’on retiendra de plus funeste dans la vie du "très regretté" Pinochet est sans aucun doute l’"Opération Condor", voulue et aidée par l’administration américaine dans les années 70. C’est véritablement l’opération de coopération régionale la plus vile et la plus innommable qu’un gouvernement prétendument démocratique ait monté dans son histoire.
Désormais, il est mort le criminel nazi sud-américain. Souhaitons que le Chili arrive à vivre en paix avec sa conscience et que ce pays retrouve la voie d’une grande nation qu’il n’aurait jamais du cesser d’être.

Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


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