Conférence de presse de personnalités et d’organisations politiques et syndicales progressistes et socialistes

Le front réunionnais du “non” au référendum s’élargit

29 mars 2005

Différents partis politiques et organisations syndicales réunis dans un comité pour le “non” travaillent à expliquer les dangers du texte du traité de la Constitution européenne. Il s’agit du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), de la Mouvement de la Gauche Écologiste Réunionnaise (MGER), de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU).

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Le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) juge que le traité se situe dans la droite ligne de la casse sociale amorcée par le gouvernement. Pour leur porte-parole Jean-Claude Soupramanien, "plus qu’un danger, c’est une catastrophe", et c’est pourquoi le parti appelle à un front commun pour défendre en particulier les principes de laïcité et de république. Ceux qui sont pour l’Europe ne peuvent pas adhérer à ce traité. Au niveau de la défense, l’Europe étant placée sous la coupe de l’OTAN, le MRC estime que "nous devons avoir un projet qui soit meilleur pour donner notre consentement".
"Ce traité est bon pour le patronat, pas pour la population. Le statut des DOM et des RUP n’est plus reconnu, ça veut dire qu’on va plus pointer aux aides. Le PIB moyen baissant, nous risquons de sortir de l’objectif de développement et ce sont autant de chantiers menacés à La Réunion. Que reste-t-il de social ?", finit par se demander Jean-Claude Soupramanien.

Rien pour l’écologie

Le Mouvement de la Gauche Écologiste Réunionnaise (MGER) note que "l’écologie sociale alternative escamote les principes de précautions en oubliant que l’écologie est sociale. La Charte de l’environnement veut maintenir un niveau élevé de la qualité environnementale, mais elle ne s’impose pas aux États membres. L’écologie dans ce traité est nulle et non avenue. Il ne parle pas des grands problèmes écologiques et planétaires, pas un mot sur le nucléaire, sur le climat, ... la fiscalité ne s’attaque jamais à la pollution, au contraire, en favorisant une politique économique débridée, elle invite à polluer plus".
La Fédération Syndicale Unitaire (FSU) pour sa part, joue pour l’instant un rôle d’information et d’explication, l’organisation syndicale doit encore décider si elle donne, ou non, une consigne de vote.
Le maire honoraire de la Plaine des Palmistes, Marcel Boissier, a reçu le texte en fin de semaine dernière et pense que "ceux qui ont voulu le rassemblement de tous ces pays sont boulimiques". Il aurait préféré un élargissement progressif de l’union et estime que "le côté social est négligé, alors que des règles draconiennes sont fixées pour le commerce et s’appliquent dans tous les États". Il rejette la Constitution, ayant peur que le social soit supprimé, peur que les services publics ne soient démolis.

"Dire oui, c’est se tirer une balle dans la tête"

Pour Pascal Basse (MRC) : "si pour le président de la République française dire “non” au traité c’est se mettre une balle dans le pied, nous, nous ne réfléchissons pas avec les pieds mais avec la tête, et dire “oui” au traité, c’est se tirer une balle dans la tête". Pour lui, la page de la démocratie se tourne, avec "une constitution post-démocratique qui concentre les pouvoirs dans la main de la commission dont les membres ne sont pas élus" ; il dénonce l’instauration d’une "oligarchie qui échappe à tout contrôle populaire". Il craint aussi que sous couvert d’une nouvelle forme de démocratie participative, le moindre lobby communautaire, religieux ou moral n’impose sa loi.

"MEDEF de tous les pays, unissez-vous"


La devise de cette constitution serait selon lui : "MEDEF de tous les pays, unissez-vous." Son atout principal est de mettre en place une libre concurrence non faussée. Nous sommes pris dans le dogme, dans le carcan libéral. La seule constitution à principe économique connue est la constitution soviétique, quel progrès ? Les Parlements nationaux n’auront plus de pouvoir législatif autre que d’appliquer les directives européennes.
En tant que délégué MRC, il faisait aussi remarquer que la Constitution "fragilise tous les dispositifs des RUP par suppression des mesures spécifiques et dérogatoires. Désormais le vote du conseil ne se fera plus à majorité qualifiée, mais passe par un vote à l’unanimité. Au lieu de permettre l’entente, le traité pose les conditions d’un affrontement interne, parce que nous ne sommes pas tous du même niveau de vie. C’est le partage de la misère".
Pour Guy Ratane Dufour, "dire “oui”, c’est se prononcer pour une Europe libérale, dire “non”, c’est se prononcer pour une Europe sociale."

Eiffel


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